jeudi 1 octobre 2015

Guibord s'en va-t-en guerre

Directeur : Philippe Falardeau
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=TYaXGOgDA6k
Synopsis : Un député indépendant d'une région éloignée du Québec se retrouve avec la vote décisif qui pourrait envoyer le Canada en guerre.



L’humour est la façon de s’assurer qu'on nous écoute. Lorsqu’on peut faire rire, les gens deviennent automatiquement plus à l’aise et détendu et, par conséquent, réceptif. La force du scénario de Philippe Falardeau est une accessibilité qui, tout en se moquant amicalement du peuple et sa relation avec la machine politique, démontre un véritable désir de communiquer et rassembler plutôt que de critiquer directement.

Patrick Huard interprète le fameux Guibord qui se retrouve dans la situation impossible d’avoir à choisir si le pays entre en guerre (ou le plan Canada for Freedom, comme l’appelle le mélomane Premier Ministre). Les enjeux ne sont jamais expliqués et cette distance est cruciale au ridicule de la situation. Lorsque, pris par cette responsabilité qui le dépasse, Guibord décide de consulter la population, le poids de cette décision se retrouve entre les mains d’un groupe d’habitants d’une région du Québec qui ne pourrait être moins préoccupé par les conflits armés à l’autre bout de la planète.

Cet humour est joué avec un certain cynisme, mais jamais de mauvaise foi et on se moque autant de la situation que des partis impliqués. Après l’exécrable Ego Trip, Patrick Huard se fait pardonner dans un rôle aussi attachant que nuancé. Guibord est un ancien joueur de hockey avec une vision très terre-à-terre de la politique – une phobie des avions l’oblige littéralement à garder constamment les deux pieds sur terre. Sans être une lumière ou le père/mari de l’année, il garde toujours un bon fond et veut honnêtement faire ce qui est le mieux pour tous, au meilleur de ses capacités et c’est tout ce que l’on peut demander à nos politiciens.


Avec ce protagoniste agréable et intègre à l’entourage solide, l’approche de Falardeau dilue adéquatement le cynisme léger qui aurait pu facilement rendre son scénario hautain ou méchant. Il est rafraichissant de voir qu’après un été assez décevant, la comédie québécoise de l’année se dissimulait en octobre, juste à temps pour la période électorale. 

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