lundi 12 octobre 2015

Le tout nouveau testament

Directeur : Jaco Van Dormael
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=eUQFTDdayAs



Avec une prémisse particulièrement accrocheuse (Dieu est un gros con qui prend plaisir à faire chier le plus de gens possible), Le tout nouveau testament crée une histoire d’une étonnante sentimentalité. N’étant pas vraiment une comédie (en dehors des gags évidents inhérents à sa mise en situation), le film de Jaco Van Dormael s’approche plus du Amélie Poulain, un soupçon plus irrévérencieux, sans avoir la morsure du Holy Mountain de Jodorowsky, à qui il emprunte aussi légèrement.

Le Dieu de Benoit Poelvoorde a été créé rétroactivement, en partant du monde dans lequel on vit. C’est le seul Dieu logique qui pourrait créer un tel univers et le film a le courage de ne jamais essayer d’en faire un personnage appréciable d’une quelconque façon. Le scénario s’intéresse plutôt à sa fille (Pili Groyne), qui essaie de réparer les erreurs de son père en entreprenant de recruter 6 nouveaux apôtres pour un total de 18 (le nombre de joueurs d’une équipe de baseball, le nombre préféré de sa mère, Déesse). La plus grosse (et meilleure) partie du film raconte cette entreprise curieuse qui prend place dans un monde surréel dans lequel les personnages bougent et parlent comme d’étranges pantins sans trop d’émotions.

Le mélange des genres et très intéressant et ne réussit pas toujours. Certains moments sortent de la farce pure et dure, avec un Dieu titubant dans le monde des sans-abris recueillies par une église bienveillante tandis qu’Ea, la fille de Dieu, habite un univers d’Amélie Poulain, avec une narration descriptive qui se synchronise fortement avec montage qui saute à gauche et à droite pour nous montrer plusieurs détails anodins de la vie des personnages.

Cet aspect presque enfantin d’une jeune qui recrute une série de personnages abouti à une finale adorable. Ce ton simplifie évidemment un thème d’une immense complexité et ne va peut-être pas aussi loin que ce que l’on voudrait d’une prémisse aussi créative. Par contre, cette approche va au cœur d’un concept simple qui devrait, en théorie, régler beaucoup : être bon avec son prochain. La seule notion positive et irréprochable que l’on peut associer à l’Église judéo-chrétienne est d’une absurde évidence, mais comme le prouvent des siècles d’Histoire humaine, c’est une notion difficile à assimiler.

Le tout nouveau testament est différent de la comédie à laquelle nous sommes en droit de nous attendre et pourtant surprend par son côté mignon et étrange. L’humour ne va rarement plus loin que les quelques blagues évidentes, mais pousse ses situations au loufoques d’une façon plus intéressante que son Dieu qui écrit des emmerdements, en robe-de-chambre, derrière son ordinateur (« la tartine va toujours tomber du côté de la tartinade »).

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