Directeur : Jaco Van Dormael
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=eUQFTDdayAs
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=eUQFTDdayAs
Avec une prémisse particulièrement accrocheuse (Dieu
est un gros con qui prend plaisir à faire chier le plus de gens possible), Le tout nouveau testament crée une
histoire d’une étonnante sentimentalité. N’étant pas vraiment une comédie (en
dehors des gags évidents inhérents à sa mise en situation), le film de Jaco Van
Dormael s’approche plus du Amélie Poulain,
un soupçon plus irrévérencieux, sans avoir la morsure du Holy Mountain de Jodorowsky, à qui il emprunte aussi légèrement.
Le Dieu de Benoit Poelvoorde a été créé
rétroactivement, en partant du monde dans lequel on vit. C’est le seul Dieu
logique qui pourrait créer un tel univers et le film a le courage de ne jamais
essayer d’en faire un personnage appréciable d’une quelconque façon. Le
scénario s’intéresse plutôt à sa fille (Pili Groyne), qui essaie de réparer les
erreurs de son père en entreprenant de recruter 6 nouveaux apôtres pour un
total de 18 (le nombre de joueurs d’une équipe de baseball, le nombre préféré
de sa mère, Déesse). La plus grosse (et meilleure) partie du film raconte cette
entreprise curieuse qui prend place dans un monde surréel dans lequel les
personnages bougent et parlent comme d’étranges pantins sans trop d’émotions.
Le mélange des genres et très intéressant et ne
réussit pas toujours. Certains moments sortent de la farce pure et dure, avec
un Dieu titubant dans le monde des sans-abris recueillies par une église
bienveillante tandis qu’Ea, la fille de Dieu, habite un univers d’Amélie
Poulain, avec une narration descriptive qui se synchronise fortement avec
montage qui saute à gauche et à droite pour nous montrer plusieurs détails
anodins de la vie des personnages.
Cet aspect presque enfantin d’une jeune qui recrute
une série de personnages abouti à une finale adorable. Ce ton simplifie
évidemment un thème d’une immense complexité et ne va peut-être pas aussi loin
que ce que l’on voudrait d’une prémisse aussi créative. Par contre, cette
approche va au cœur d’un concept simple qui devrait, en théorie, régler
beaucoup : être bon avec son prochain. La seule notion positive et
irréprochable que l’on peut associer à l’Église judéo-chrétienne est d’une
absurde évidence, mais comme le prouvent des siècles d’Histoire humaine, c’est
une notion difficile à assimiler.
Le tout nouveau testament est différent de la comédie à laquelle nous sommes en
droit de nous attendre et pourtant surprend par son côté mignon et étrange. L’humour
ne va rarement plus loin que les quelques blagues évidentes, mais pousse ses
situations au loufoques d’une façon plus intéressante que son Dieu qui écrit
des emmerdements, en robe-de-chambre, derrière son ordinateur (« la
tartine va toujours tomber du côté de la tartinade »).
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