Réalisateur : Jafar Panahi
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=eM2tblIkL4g
Synopsis : Jafar Panahi, autant dans son propre rôle que celui d'un chauffeur de taxi, sonde les routes de Téhéran, dans un portrait d'une population qui sert aussi de critique des réglementations du cinéma iranien.
Vu dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma 2015.
Vu dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma 2015.
Peu de professions peuvent prendre le pouls d’une
population avec la précision d’un chauffeur de taxi. N’étant un moyen de
transport exclusif à une classe sociale ou un type de vie, ils ont accès à un
portrait beaucoup plus complet qu’une bonne partie d’entre nous. En adoptant le
rôle d’un chauffeur de taxi, Jafar Panahi joue autant à l’observateur qu’à l’interviewer
d’une grande diversité de personnages qui habitent Teheran. Sa caméra cachée
permet un naturalisme qui joue sur la ligne entre la fiction et la réalité afin
de commenter de façon pointu le cinéma iranien qui, par ses codes et règlements
rigides, ne permet une représentation fidèle de la réalité.
Dans un semblant de plan séquence, le film raconte une
après-midi à l’intérieur d’un unique taxi qui en voit de toutes les couleurs,
du voleur de rue aux religieuses qui craignent pour leurs vies si elles ne
lancent pas des poissons dans une fontaine spécifique avant midi. La première
interaction qui y prend place met en scène une discussion politisée qui
pourrait venir d’un film de Linklater. Croyant avoir saisi le ton, nos attentes
sont immédiatement déjouées par un passager qui reconnait le chauffeur comme
étant le fameux réalisateur et toute certitude de fiction est balancée par la
fenêtre. Nous entrons donc dans une histoire qui met en vedette le metteur en
scène qui joue un double rôle, mettant ses intentions à nues.
Ce film, d’une courte durée, au scénario léger et
constamment en mouvement, avance à un rythme décontracté qui englobe le
spectateur dans le confort de ce taxi qui l’on ne quitte jamais. La critique
artistique est intégrée de façon intéressante qui, sans être trop évidente, est
assez claire pour le message qu’il tente de passer. De plus, la jeune nièce du
réalisateur, dans son propre rôle, amène une telle vivacité et caractère à son
rôle que nous sommes rapidement charmés par ses diverses inquiétudes et ainsi
la pilule des thèmes cités passe beaucoup plus facilement.
En situant son film dans un univers qui questionne la
fiction dans laquelle il existe, Panahi peut ainsi observer et représenter
clairement et sans détournement l’aspect spécifique qu’il cherche dans le
peuple Iranien auquel est manifestement si attaché. Il contourne ainsi, du même
coup, l’interdiction qui l’empêche techniquement de faire des films et nous
offre quelque chose de ravissant et pertinent.
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