jeudi 15 octobre 2015

High-Rise

Directeur : Ben Wheatley
Réalisé en 2015. 
Bande-annonce (seulement un clip disponible dans de cas ci) : https://www.youtube.com/watch?v=4blXRiHBuvc
Synopsis : La vie dans un gratte-ciel à la séparation sociale claire devient de plus en plus tendue.
Vu dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma 2015.


Dans High-Rise, Ben Wheatley tord le monde à sa manière pour créer une version légèrement décalée de notre monde, qui pourrait autant se passer dans les années 70 que dans un futur proche. Il donne des indices d’un monde extérieur, mais isole principalement ses personnages dans un unique gratte-ciel, pensé pour être auto-suffisant. À travers ce microcosme encore moins subtil que Snowpiercer, les puissants habitent aux étages supérieures et contrôlent les ressources tandis que le reste est condamné aux étages inférieures, plus près du niveau de la rue. C’est dans cet environnement que Wheatley nous offre sa version d’un soulèvement populaire surréel, mais près de notre Histoire dans sa barbarie.

Avec comme centre le charismatique et charmant Tom Hiddleston, le montage peut, sans trop s’inquiéter, sauter à gauche à droite sans trame narrative concrète. Les scènes s’intéressent plutôt aux relations interpersonnelles et à la dynamique au sein de l’immeuble. L’inévitable étant tellement gros que le film n’a jamais besoin d’y « mener » narrativement, il va simplement arriver et on n’en fait pas trop grande cérémonie. L’univers pré-révolte est si survolté que le changement de ton n’est pas si drastique lorsque l’anarchie prend place, donnant une uniformité au récit qui crée un monde aussi absurde dans sa situation sociale que lorsque l’ordre est bouleversé.

Les puissants, avec à leur tête l’architecte du bâtiment, Anthony Royale (Jeremy Irons) se vautrent dans des célébrations à thèmes aristocratiques où ils se réunissent en costumes de la renaissance en riant grassement, avec comme trame de fond une reprise classique de S.O.S.. Dr. Robert Laing (Hiddleston), par sa nature aisée et caméléonne, navigue ces différentes classes pour ne jamais clairement intégrer l’une ou l’autre, offrant un point de vue sur les événements qui n’est pas entièrement ancré d’une perspective ou de l’autre. Les étages sont peuplés par une équipe colorée de talents impressionnants (Luke Evans, Elizabeth Moss, James Purefoy, Sienna Miller, et beaucoup d’autres) qui jouent tous avec cet aspect fabriqué du monde, offrant des caricatures exquises qui ne pourraient exister ailleurs.

Le point d’entrée est évidemment la vedette que le film vend, mais cette histoire est autant à propos de lui que de la situation sociale dans cet édifice. Le scénario, lousse, mais enthousiaste, guide vaguement l’audience dans cette foule de gens qui s’entremêlent dans un univers déjanté comme peu de réalisateurs se permettent de créer. Cette approche légèrement chaotique s’ajuste parfaitement au sentiment de mixture chimique précaire qu’émane le film.  

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