Directeur : Steven Spielberg
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=mBBuzHrZBro
Synopsis : un avocat spécialisé en assurances (Tom Hanks) doit défendre un espion soviet durant la Guerre Froide et négocier un échange de prisonniers!
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=mBBuzHrZBro
Synopsis : un avocat spécialisé en assurances (Tom Hanks) doit défendre un espion soviet durant la Guerre Froide et négocier un échange de prisonniers!
Parfois, un humble prêtre catholique d’une petite
ville rappelle que malgré toutes les atrocités commises au nom de la religion,
les valeurs en son noyau sont d’amour, de compréhension et de rapprochement
humain. Steven Spielberg est l’équivalent de ce prêtre pour les valeurs
traditionnelles américaines. Les États-Unis d’Amérique ne sont pas le pays avec
la meilleure réputation : fortement militaire, un culte des armes à feu
qui coute la vie à des milliers de ses propres habitants à chaque année et un
grande partie de cette population qui se félicite d’être des péquenauds
xénophobes. Par contre, lorsqu’approchées de la bonne façon, il y a un fond
moral très fort derrière tout cela, qui n’a rien à voir avec ces éléments. Il
est facile d’oublier que l’idéal américain en est un de justice et d’égalité
pour tous.
Bridge of Spies explore ces idéaux en plaçant un icone de droiture
(Tom Hanks, dans le rôle de James Donovan) au centre d’une des périodes
historiques la plus teintée de zones grises. Contrastant avec la clarté morale
de la Deuxième Guerre mondiale, où les bons et les méchants étaient très
clairement définis, la Guerre Froide en était une d’espionnage, d’information,
de conflit d’idéologies qui tenait l’ensemble de la planète dans un climat de
tension perpétuel.
Lorsqu’un espion du camp adverse est capturé, l’avocat
d’assurance Donovan se retrouve avec le mandat de défendre l’homme afin de
prouver au public que le système américain est valide même lorsqu’on parle d’ennemi.
Lorsqu’il décide de prendre ce cas, il réalise bien rapidement que personne ne
veut réellement qu’il défende cet homme, du moins pas au mieux de ses
capacités. Il devient rapidement l’un des hommes les plus détestés de la nation
et l’étiquette mal-informé de traître communiste vient inévitablement se coller
à lui.
En situant ce phare de moralité au cœur de ce conflit,
Spielberg (et ses scénaristes les frères Coen et Matt Charman) peut faire
ressortir l’hypocrisie du peuple américain, qui déteste les communiste, sur une
question purement idéologique, mais qui font d’un paria l’homme qui maintient
l’idéologie propre à leur côté du conflit. Dans leur soif de vengeance et de
rétribution, le public devient impatient et oublie l’objectif même de cet
exercice. De plus, la confiance en un système devrait être suffisante, s’il
était si impeccable, pour ne pas devenir colérique ou anxieux lorsqu’il est
utilisé pour un homme que l’on est si
rapide à condamné nous-même.
Nous n’en sommes qu’à la première moitié du film,
puisque vers la fin du procès, un pilote en mission d’espionnage se fait descendre
en ciel soviet pour être capturé et un étudiant américain se fait arrêter sans
trop de raison dans Berlin-Est. Le vaillant avocat est donc envoyé en mission
de négociation en Allemagne, voyage coïncidant avec l’érection du Mur. Après
avoir affronté le peuple, il doit maintenant gérer les agences gouvernementales
(officielles et non) qui ont des intentions bien personnelles, tandis qu’il
essaie simplement de sauver trois personnes. Il est aussi crucial de savoir que
Donovan s’est lié d’amitié avec l’espion qu’il devait défendre (un très sobre
et appréciable Mark Rylance), se préoccupant ainsi du sort ultime de tout parti
impliqué.
Ainsi, en défendant les valeurs américaines, il en
fait ressortir le côté universel, argumentant souvent le point qu’Abel,
l’espion soviet, est un héros au même titre que leurs propres espions. La
seconde partie du film, en Allemagne, est plus percutante visuellement, avec un
environnement instable et inquiétant qui souligne la lutte des vrais victimes
de cette guerre, par opposition aux américains qui, pendant ce temps, cultivent
un climat de paranoïa à des milliers de kilomètres des conflits. Par contre,
c’est au niveau du scénario qu’elle s’essouffle un peu, se répétant quelque peu
et n’ayant pas la concision thématique de la première moitié. De plus, la perte
de Rylance pour pratiquement toute la seconde moitié est décevante puisqu’il
est une des discrètes forces de ce long-métrage.
De son côté, je ne peux me rappeler d’un Tom Hanks qui
déçoit, amenant ici son autorité morale à un rôle qui avait absolument besoin d’un
caractère irréprochable, pouvant faire office d’une métaphore pour les
États-Unis (remarque qui peut être fait à chaque rôle interprété par
Hanks-père). Il mélange parfaitement son homme du peuple accessible et
chaleureux avec l’éducation et la répartie nécessaire à son jeu d’espions.
Lorsque le film termine, étant basé sur une histoire
vrai, les inévitables cartons titres, que je déteste, apparaissent pour nous
offrir l’épilogue de chacun des personnages, comme une bonne petite ouverture
conclusive apprise sur les bancs de l’école. Par contre, lorsque l’historique
de Donovan apparait, qui est ensuite allé négocier la libération de plus d’un
millier d’otages suite à la Baie des Cochons, j’ai eu soudainement envie d’un
suite à Bridge of Spies sur ces
événements. Cette réaction m’a pleinement fait prendre conscience de la
réussite du film, un autre Spielberg qui nous rappelle sans-arrêt qu’il ne s’en
ira pas de sitôt.
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