mercredi 21 octobre 2015

The Forbidden Room

Directeurs : Guy Maddin et Evan Johnson
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=pwKvz-wA3I0
Synopsis : une vingtaine d'histoires s'entremêlent dans un énorme hommage au cinéma muet. Un résumé d'histoire est un exercice en vain.
Vu dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma 2015.



The Forbidden Room est un fascinant exercice qui entraine son auditeur dans une expérience sensorielle étrange. Il joue avec tous les aspects du cinéma muet en nous guidant de plus en plus profondément dans un trip disjoncté et surprenant. L’effet est réussi, jusqu’à ce qu’il ne le soit plus. Avec une durée d’au-dessus de deux heures, Guy Maddin (et son co-réalisateur Evan Johnson) étirent la sauce à un tel point que tout effet de nouveauté et d’excitation est perdu.

Le film s’introduit par une série de cartons titres que mes notes de projections qualifient de « tordues et sataniques », pour ensuite enchainer à un cours sur comment prendre un bain. Nous passons rapidement à un sous-marin aux problèmes d’explosifs dans lequel apparait, sans crier gare, un coureur des bois (Roy Dupuis), qui entame le récit d’une mission pour sauver une jeune demoiselle d’un clan de sauvages (Clara Furey). Après une série de défis pour joindre le clan, il passe la nuit en leur compagnie et nous avons droit au rêve de l’otage, dans lequel le scénario prend une tangente musicale. Nous n’en sommes qu’à la première demi-heure et à un certain point, l’effort de suivre ce qui se passe est vain.

Les sauts et les détours narratifs rappellent énormément la parodie d’Inception de Rick & Morty (S01E02 – Lawnmower Dog), qui creusait de plus en plus dans les rêves des rêves, à un niveau absurde. Il ne faut pas qu’un personnage lise un journal ou écoute la radio, sinon nous avons droit à au moins une vingtaine de minutes de pistes narratives qui n’aboutissent pas vraiment quelque part. Pour être juste, raconte une seule histoire est loin d’être l’objectif de ce long-métrage, qui donne plutôt l’impression d’être un omnibus du cinéma muet, avec une panoplie d’acteurs francophones.

La longueur du film devient lourde non pas lorsqu’il est difficile de s’y retrouver, mais lorsque cela devient tout simplement impossible. L’effort de retracer tout le parcours narratif pourrait être intéressant, mais le fil conducteur disparait pour donner l’impression d’un rêve éveillé dans lequel chaque personnage à son carton titre qui introduit l’acteur qui le joue. Les directeurs jouent avec des effets visuels et de mise en scène qui sont plaisants, mais deviennent trop répétitifs pour garder leur punch jusqu’à la fin.

The Forbidden Room aurait facilement pu durer une heure comme il aurait pu s’étendre sur huit. Malheureusement, en voulant trop en faire, le film s’essouffle avant la finale, perdant l’énergie qui rend cette œuvre aussi distrayante et nouvelle en premier lieu. Par contre, l’entreprise en vaut la peine par pure originalité et sa témérité qui n’a de compte à rendre à personne.

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