lundi 20 juillet 2015

Roar

Directeur : Noel Marshall
Réalisé en 1981. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=cny_D50Rr44
Synopsis : Un homme invite sa femme et ses enfants à venir le rejoindre dans une réserve de chats sauvages. Le plus prévisible s'ensuit.
Vu dans le cadre de Fantasia 2015.

Il est difficile de traduire l’expérience cinématographique qu’est Roar puisque rien qu’il m’ait été donné de voir ne peut se comparer au danger de ce film. C’est comme si…oh un comparatif hyperbolique est superflu puisque la production de ce film est déjà suffisamment excentrique et incroyable : le réalisateur, Noel Marshall, invite sa famille dans la jungle au milieu de plusieurs dizaines de félins géants sauvages (lions, panthères, tigres) avec qui ils devaient partager le plateau, sans doublure ou cascadeur. Ce qui s’ensuit peut se résumer à une adaptation de Jumanji sous forme de télé-réalité.

Propriétaire d’une réserve de chats sauvages, autant dans le film que dans la vie, le protagoniste cherche à démontrer la nature pacifique et innocente des chats en invitant toute sa famille à venir habiter dans une maison qu’il partage avec bon nombre de ces gigantesques chats. Lorsque les invités arrivent sur les lieux pendant une absence du patriarche, ils se retrouvent incapables de maîtriser ou apprivoiser leurs colocataires et le plus étrange film d’horreur s’ensuit.

Il n’est pas étonnant d’apprendre que 70 membres de l’équipe (incluant les acteurs principaux) ont dû être traités en hôpital suite aux blessures des dures journées de tournage. Il est difficile de déclarer que le résultat en vaut la chandelle, puisqu’il a fallu une trentaine d’années avant que le long-métrage reçoive de la reconnaissance et le statu de film culte qu’il a hautement mérité et il commence à peine à sortir de l’ombre.

Un des films les plus tendus qui soit, même les scènes de dialogues anodines deviennent inquiétantes lorsque les animaux n’en font qu’à leur tête et n’hésiteront pas à sauter sur les acteurs de tout leur poids, les mordiller amicalement ou jouer avec toute leur force brute. Il y a un côté surréel à toute l’expérience, incapable de croire qu’une telle chose puisse exister et avoir été dissimulée tout ce temps. J’admirais le fils de Jodorowsky (Brontis) d’avoir dû s'entrainer d’un régime intense pendant plusieurs années pour un film qui ne vit jamais le jour, mais que des acteurs endurent une telle production pour faire aussi peu de vagues à l’époque est ébahissant.

En plus de son côté « documentaire » choquant, il est presque aussi étonnant de constater que la photographie et le montage sur ce film sont excellents. Pour un tournage qui nécessitait autant d’improvisation et d’éléments chaotiques, l’image est, plus souvent qu’autrement, impeccable, avec des plans magnifiques qui font ressortir toute la couleur et la texture d’un tel environnement. Le montage coupe et change de plan dans des scènes qui ne pouvaient possiblement avoir de reprises et les méthodes nécessaires à une telle chose demeurent un mystère. Ainsi, chaque scène titille par son aspect voyeur tout en restant cinématographique. Il y a un véritable travail derrière la caméra qui implique beaucoup plus que « tourner sommairement pendant que nous mettons des individus en danger ».

Sur l’aspect thématique, le film est toutefois plus un échec qu’autre chose, considérant que l’on en ressent principalement le danger et la crainte de la menace que représentent les lions pour un bon 95% de sa durée. De plus, suite à une certaine décision que prend le protagoniste lors de la résolution par rapport au sort de ses ennemis, il semble complètement cinglé. Cet aspect couplé avec son attitude nonchalante envers le danger dans lequel il vit - et invite sa femme et ses enfants - crée un des psychopathes les plus fascinants qu’il m’ait été donné de voir sur grand écran.

En comparaison, Marshall fait pâlir toute autre les histoires de production, tel Evil Dead et Texas Chainsaw Massacre, qui ont réussis à faire ressortir la crainte de leurs acteurs en les mettant des de réelles situations de danger. Tandis qu’un peu de recherche est nécessaire pour trouver ces autres anecdotes de tournage, Roar met de l’avant son ambition en balançant ses acteurs dans de telles situations sans même feindre d’être à propos d’autre chose. Le tout crée une des expériences les plus singulières qui soit.

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