vendredi 17 juillet 2015

Miss Hokusai

Directeur : Keiichi Hara
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=3nj1rwo_d-s
Synopsis : La vie fictionnelle du peintre Hokusai et sa fille dans un Tokyo naissant.
Vu dans le cadre de Fantasia 2015.


Considérant la place immense qu’occupe le Studio Ghibli dans notre perception du monde de l’animation au Japon, il est facile d’oublier qu’autre chose est produit, même si tout ne se rend pas jusqu’à notre extrémité du monde. Miss Hosukai (ou Sarusuberi: Miss Hokusai de son titre complet) de Keiichi Hara est une œuvre aussi belle visuellement qu’émotionnellement qui s’imbibe de la culture orientale pour nous inviter dans la vie de tous les jours d’un groupe de peintres.

La culture asiatique exhume un immense respect pour la tradition et les rituels, se démarquant par l’aspect méditatif et presque cérémoniel d’activités du quotidien, tels les repas ou l’habillement. Cette rigueur se transmet aussi dans les activités spécifiques aux métiers, tels les dessins et peintures d’O-Ei, Tetsuzo et ses deux apprentis, des professionnels qui ont fait une carrière de leurs représentations d’iconographies japonaises. Le film s’intéresse à leurs vies de tous les jours, avec les difficultés interpersonnelles qu’entraine une dynamique père-fille entre un maitre borné et sa fille rigoureuse et ambitieuse.

Une bonne moitié du film n’a pas de centre narratif clair et ne fait que documenter les habitudes et anecdotes de ces gens, autant le duo père-fille principal que les apprentis, leurs contrats et les clients particuliers avec qui ils peuvent avoir affaire. Cette absence de ligne directrice entraine parfois des longueurs, mais les choses se replacent rapidement lorsque la seconde partie du film trouve un centre émotionnel en la petite sœur aveugle d’O-Ei que son père refuse de voir et la tension subséquente.

L’illustration est magnifique et les décors d’un Tokyo bourgeonnant contient tellement de couleurs et de vie qu’il serait possible d’y admirer des scènes sans conséquences y prenant place pendant des heures. De plus, le style visuel permet l’intégration d’éléments fantastiques qui existent dans les marges de l’univers de façon crédible, prenant même parfois le centre de la scène. Malgré le mysticisme qui habite le récit, ce sont les moments anodins et intimes qui font la force du long-métrage. Une scène où un étranger dans la neige veut faire rire la petite sœur en déclenchant des sons et des sensations tactiles qu’elle puisse apprécier est aussi mémorable que tout fantôme ou dragon qui font apparition dans la vie des artistes.

La bande-son tente quelque chose de particulier en utilisant de la musique rock à certains moments, ce qui fonctionne parfois comme d’autres non. Le générique d’ouverture, énergique et plein de vie lorsqu’O-Ei traverse un pont au fort achalandage introduit un ton qui fonctionne, même s’il ne sera que présent de temps à autre au cours du film. Même la musique plus conventionnelle est parfois utilisé avec abus, surtout lorsqu’un trop présent piano attire toute l’attention de scènes qui auraient bénéficiées à être plus discrètes.

Miss Hokusai est une représentation fidèle d’un quotidien à la fois commun et exceptionnel. Une vie d’artistes hors normes, avec des aventures de peintures de l’enfer et de geisha-fantôme, qui doit surtout faire face à des luttes personnelles de reconnaissance individuelle comme professionnelle, de stoïcisme émotionnel, des craintes d’un parent pas à la hauteur de son engagement ou de vouloir tout simplement une famille en paix. C’est une réussite.

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