jeudi 16 juillet 2015

Mr. Holmes

Directeur : Bill Condon
Réalisé en 2015. Avec : Ian McKellen (Sherlock Holmes en personne), Laura Linney (Mrs. Munro), Milo Parker (Roger) et Hattie Morahan (Ann Kelmot)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=qng3t9RZk6Q
Synopsis : Lors de sa retraite, Sherlock Holmes entreprend d'écrire la vrai version de sa dernière enquête, celle qui l'a "brisé", malgré sa mémoire de moins en moins fiable.


Avec ses multiples représentations, autant à la télévision, au cinéma que dans les pages, Sherlock Holmes est un personnage de littérature qui est aujourd’hui autant iconographie que personnage en soi. Mr. Holmes s’intéresse à l’homme derrière tous les artifices qui définissent aujourd’hui le fameux détective. En mettant de l’avant une version plus épurée (sans la casquette, la pipe, le 221B ou même Watson), le scénario offre un portrait très intime et complexe d’un vieillard arrivant au terme de ses jours avec beaucoup de bagages émotionnels.

Sherlock Holmes (Ian McKellen) vit avec difficulté sa retraite dans une petite maison en campagne. Il s’occupe de ses abeilles chéries et vit avec la dame qu’il a engagée pour s’occuper de la maison et son fils précoce aux bourgeonnants talents de déduction. Par contre, sa mémoire n’est plus ce qu’elle était et de plus en plus de détails de sa vie lui échappent. Même si un grand pan de sa carrière (ou ses enquêtes du moins) est documentée par Watson, ces écrits romanisent son existence et ne sont pas des références fiables. Frustré par sa lente dégénération mentale, il s’efforce plus que tout de se souvenir des spécificités de la résolution de son ultime enquête, celle dont l’échec à conduite à sa retraite.

Le rapport entre la réalité et la fiction est touché ici par un homme qui reflète sur sa propre existence et la nuance entre le personnage de fiction et celui qu’il est vraiment. Il arrive à un point de sa vie où le mythe du plus grand détective d’Angleterre est l’héritage qu’il laisse au monde, qu’il le veuille ou non et les luttes personnelles qui lui restent ne sont que celles de complétion émotionnelle, de deuil, de culpabilité et de rédemption.

Lorsqu’on lui demande si la dernière histoire qu’il écrit (la seule) sera entièrement factuelle, il répond qu’ « off course! Fiction has no value », révélant le jugement de valeur qu’il apporte à sa propre histoire de vie. Cet homme sévère qui doit traverser des épreuves de fin de vie est hanté par sa propre perception du monde et doit venir à terme avec l’idée que sa froide logique détachée ne pourra pas résoudre toutes les enquêtes. Cette distance émotionnelle se révèle particulièrement lourde dans la solitude de ses dernières années.

Le traitement d’ensemble et la mise en scène sont compétents, amenant au film la lenteur méditative qu’implique ce moment de vie, sans pour autant être ennuyeux ou ralenti. Le montage offre assez d’énergie lorsqu’il saute d’une époque à l’autre, évitant ainsi des longueurs, surtout à la moitié, où l’intrigue ralenti quelque peu. Par contre, la direction ne va pas vraiment plus loin et reste très conventionnelle et s’efface derrière l’importance de son sujet principal.

Ian McKellen amène un centre très solide au film. Avec une carrière qui regroupe tant de rôles iconiques, l’acteur, comme son personnage, est devenu autant mythe qu’individu (il a déjà été aperçu portant un chandail avec l’inscription « I’m Gandalf and Magneto. Get Over It. ») Il insuffle en ce personnage toute l’intelligence et la répartie qu’on lui connait, combiné à la dignité de son âge avancé et les légers troubles que cela entraine. La subtilité de son jeu s’ajuste aux thèmes, jouant une version de son personnage lorsqu’en compagnie qui est différente de lorsqu’il est seul. Malgré sa frustration face à la façade fictive de sa vie, il est important pour lui de garder cette apparence alerte et attentive pour que personne ne puisse voir le vieil homme triste et seul réfugié derrière.

Malgré une performance et un scénario intéressants, une approche très classique à la réalisation limite le potentiel final et rend le film moins remarquable qu’il aurait pu l’être. Par contre, avec un portrait sensible et intime d’un grand personnage, Mr. Holmes réussit son pari et offre une version intéressante et nouvelle de la figure si iconique.

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