Directeur : Bill Condon
Réalisé en 2015. Avec : Ian McKellen (Sherlock Holmes en personne), Laura Linney (Mrs. Munro), Milo Parker (Roger) et Hattie Morahan (Ann Kelmot)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=qng3t9RZk6Q
Synopsis : Lors de sa retraite, Sherlock Holmes entreprend d'écrire la vrai version de sa dernière enquête, celle qui l'a "brisé", malgré sa mémoire de moins en moins fiable.
Réalisé en 2015. Avec : Ian McKellen (Sherlock Holmes en personne), Laura Linney (Mrs. Munro), Milo Parker (Roger) et Hattie Morahan (Ann Kelmot)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=qng3t9RZk6Q
Synopsis : Lors de sa retraite, Sherlock Holmes entreprend d'écrire la vrai version de sa dernière enquête, celle qui l'a "brisé", malgré sa mémoire de moins en moins fiable.
Avec ses multiples représentations, autant à la télévision, au cinéma que dans les pages, Sherlock Holmes est un personnage de littérature qui est aujourd’hui autant iconographie que personnage en soi. Mr. Holmes s’intéresse à l’homme derrière tous les artifices qui définissent aujourd’hui le fameux détective. En mettant de l’avant une version plus épurée (sans la casquette, la pipe, le 221B ou même Watson), le scénario offre un portrait très intime et complexe d’un vieillard arrivant au terme de ses jours avec beaucoup de bagages émotionnels.
Sherlock Holmes (Ian
McKellen) vit avec difficulté sa retraite dans une petite maison en campagne.
Il s’occupe de ses abeilles chéries et vit avec la dame qu’il a engagée pour s’occuper
de la maison et son fils précoce aux bourgeonnants talents de déduction. Par
contre, sa mémoire n’est plus ce qu’elle était et de plus en plus de détails de
sa vie lui échappent. Même si un grand pan de sa carrière (ou ses enquêtes du
moins) est documentée par Watson, ces écrits romanisent son existence et ne
sont pas des références fiables. Frustré par sa lente dégénération mentale, il
s’efforce plus que tout de se souvenir des spécificités de la résolution de son
ultime enquête, celle dont l’échec à conduite à sa retraite.
Le rapport entre la
réalité et la fiction est touché ici par un homme qui reflète sur sa propre
existence et la nuance entre le personnage de fiction et celui qu’il est
vraiment. Il arrive à un point de sa vie où le mythe du plus grand détective d’Angleterre
est l’héritage qu’il laisse au monde, qu’il le veuille ou non et les luttes
personnelles qui lui restent ne sont que celles de complétion émotionnelle, de
deuil, de culpabilité et de rédemption.
Lorsqu’on lui demande si
la dernière histoire qu’il écrit (la seule) sera entièrement factuelle, il
répond qu’ « off course! Fiction has no value », révélant le jugement
de valeur qu’il apporte à sa propre histoire de vie. Cet homme sévère qui doit
traverser des épreuves de fin de vie est hanté par sa propre perception du
monde et doit venir à terme avec l’idée que sa froide logique détachée ne
pourra pas résoudre toutes les enquêtes. Cette distance émotionnelle se révèle
particulièrement lourde dans la solitude de ses dernières années.
Le traitement d’ensemble
et la mise en scène sont compétents, amenant au film la lenteur méditative qu’implique
ce moment de vie, sans pour autant être ennuyeux ou ralenti. Le montage offre
assez d’énergie lorsqu’il saute d’une époque à l’autre, évitant ainsi des
longueurs, surtout à la moitié, où l’intrigue ralenti quelque peu. Par contre,
la direction ne va pas vraiment plus loin et reste très conventionnelle et s’efface
derrière l’importance de son sujet principal.
Ian McKellen amène un
centre très solide au film. Avec une carrière qui regroupe tant de rôles
iconiques, l’acteur, comme son personnage, est devenu autant mythe qu’individu
(il a déjà été aperçu portant un chandail avec l’inscription « I’m Gandalf
and Magneto. Get Over It. »)
Il
insuffle en ce personnage toute l’intelligence et la répartie qu’on lui connait,
combiné à la dignité de son âge avancé et les légers troubles que cela
entraine. La subtilité de son jeu s’ajuste aux thèmes, jouant une version de
son personnage lorsqu’en compagnie qui est différente de lorsqu’il est seul.
Malgré sa frustration face à la façade fictive de sa vie, il est important pour
lui de garder cette apparence alerte et attentive pour que personne ne puisse
voir le vieil homme triste et seul réfugié derrière.
Malgré une performance et
un scénario intéressants, une approche très classique à la réalisation limite le
potentiel final et rend le film moins remarquable qu’il aurait pu l’être. Par
contre, avec un portrait sensible et intime d’un grand personnage, Mr. Holmes réussit son pari et offre une
version intéressante et nouvelle de la figure si iconique.
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