dimanche 19 juillet 2015

Bridgend

Directeur : Jeppe Rønde
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=t8WI7Nn_0cY
Synopsis : une épidémie de suicides frappe la petite municipalité de Bridgend et un groupe de jeunes font leur possible pour affronter cette crise et ce deuil, via un fort esprit de groupe.
Vu dans le cadre de Fantasia 2015.


L’ennui et l’isolation d’une petite communauté rurale peut peser lourd sur le moral d’une jeunesse. Un environnement fermé et une population limitée crée inévitablement un instinct de groupe fort, surtout entre jeunes qui traitent toute représentation parentale comme des antagonistes qui ne peuvent les comprendre. Lorsqu’une vague de suicide frappe la communauté de Bridgend, l’effet est tel une série de dominos qui, en tombant, ne peuvent s’empêcher de faire tomber ceux qui les entourent. Bridgend est un regard lyrique qui tente d’expliquer, ou du moins de comprendre, ce phénomène de groupe, d’un regard franc et sans-compromis.

Tandis que les parents et forces de l’ordre tente d’élucider ce mystère avec trop de distance pour avoir une chance, Sara (Hannah Murray), la nouvelle en ville, s’intègre dans le groupe et, par conséquent, accorde au public un point de vue exclusif sur cette bande serrée. On y découvre le quotidien banal d’un groupe d’adolescent qui errent dans leur propre village, jour après jour, tandis que leurs amis se pendent les uns à la suite des autres.

Une telle prémisse pourrait être très froide et déstabilisante, mais tant d’émotions et de passions, de la part des personnages autant que de la réalisation, empêchent le tout d’être trop lugubre. En structurant une série d’activités ordinaires, tranquilles en surface, entrecoupées d’explosions primales et enragées dans la vie de ses jeunes, on comprend rapidement la détresse qu’ils n’arrivent à exprimer. Ce malaise existentiel  est autant exprimé par le montage que la musique crispante, la caméra effrénée et le jeu brulant des acteurs. Leurs activités impliquent entre autre de mettre leur vie en danger, lorsqu’ils ne sont pas en train de hurler sans raison apparente.

Le décor donne l’impression d’être seul au monde dans cette ville aux rues vides, entourées de toutes parts par une sombre forêt, sanctuaire peu rassurant où la majorité des pendaisons ont lieu. Cette solitude renforce l’emprise du groupe sur ses membres. Lorsqu’autant de proches amis se sont suicidés, cette issue est dédramatisée et même romanisée au point de devenir viable.

Même si nous assistons à plusieurs pendaisons tout au long du film, elles sont toujours traitées avec la gravité nécessaire. Chaque mort est ressentie par le groupe, avec grande tristesse, mais surtout avec rage et incompréhension devant un monde qui n’arrive pas à guérir cette maladie de l’esprit. Cette colère est rejetée envers toute figure d’autorité qui devrait être en charge et pouvoir réglée cette situation, mais si déconnectée de leur réalité qu’ils enquêtent et regarde les raisons en face sans pouvoir les reconnaitre.


Bridgend est un regard dur sur les possibilités de guérisons d’un groupe face au deuil, mais aussi aux retombées néfastes d’une dépendance à ces connections humaines malsaines. Sans directement encouragé le suicide, les processus d’acceptations ritualisent le décès juste assez pour y donner un côté transcendant. Cette vision réalisée avec force offre beaucoup d’empathie envers un groupe que l’évolution de notre société contemporaine semble avoir de la difficulté à garder à bord. 

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