Directeur : Benoit Pelletier
Réalisé en 2015. Avec : Patrick Huard (Marc Morin), Antoine Bertrand (Paul Plante), Guy Jodoin (Richard), Marie-Ève Milot (Nataly) et Gardy Fury (Sammy)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=v1jUM-fJZv0
Synopsis : Un animateur télé avec une carrière en déclin voyage en Haïti pour être porte-parole d'un organisme humanitaire afin de redorer son image publique.
Patrick Huard joue un
sévère personnage qui, suite à un problème d’image publique, se retrouve dans
des circonstances qui forcent l’humilité et font ressortir son « bon
côté », ce qui charme la dame de son cœur et transforme du tout au tout un
personnage qui n’est plus du tout le même à la fin de ses périples. Si le
résumé d’Ego Trip sonne une cloche,
c’est que c’est en fait celui de Nez
Rouge, un film qui date de plus de 10 ans au même méta-objectif de
réhabiliter l’image public de son acteur vedette.
La revigoration de la
popularité d’un artiste n’est pas une mauvaise chose en soi, mais lorsqu’elle
est exécutée pauvrement comme c’est le cas ici, il est beaucoup plus facile de
percevoir la formule calculée derrière l’œuvre et le cynisme de la production
reprend le dessus. Les évolutions de scénarios calculées sont parfois si
douloureusement évidentes qu’il devient possible de voir les numéros derrière
chaque section de peintures qui forment le coloriage final.
Toutes les cases peuvent
être cochées pour la parfaite histoire de rédemption : une relation
malsaine avec le père irréparable, une famille aux limites de la cassure suite
à l’investissement professionnel, une carrière en déclin, une image publique
désastreuse. Ainsi, Marc Morin (Patrick Huard) peut changer de l’homme qui ne
démontre aucun signe de bonté à un individu compatissant, gentil et chaleureux
en l’espace d’une seule semaine en tant que porte-parole d’une mission en Haïti.
Ego
Trip
oublie l’élément clé d’un scénario de rédemption : un personnage
appréciable quelque part afin de nous faire espérer un meilleur côté. Comme il
est présenté ici, rien ne nous encourage à espérer une réconciliation ou une
réhabilitation de carrière, puisque rien chez Marc Morin n’est bon ou même
décent.
Ce changement est si peu
sentie et méritée qu’il ne découle pas naturellement des actions du film, mais
apparait tout d’un coup au mi-chemin du long-métrage. Le revirement à 180
degrés du protagoniste se matérialise si brutalement qu’il est aussi naturel
qu’un 3e œil dans le front. La finale, qui suit sans déroger la
formule, capitalise à 100% sur cette transformation. Emprunter cette voie est
aujourd’hui comparable au « Swamp Castle » de Monty Python and the Holy Grail, une structure construite
entièrement sur un marécage qui ne fait que s’effondrer sans arrêt. La
répétition n’aide en rien. Dans Holy
Grail, on rit de la stupidité du noble souverain qui s’entête dans une
aussi absurde ambition.
Tout ce qui est personnage
secondaire est terriblement maltraité par un scénario qui ne leurs offre pas grand-chose.
Ils peuvent être des faire-valoir pour le protagoniste, telle la directrice des
communications (Marie-Ève Milot) et le musicien (Gardy Fury) sans évolution et
des traits de personnalité changeants selon les besoin du scénario. Sa femme
(Sandrine Bisson) et sa fille (Ludivine Reding) ne sont là que pour lui
pardonner, sans démontrer une quelconque raison de l’aimer ou même de l’apprécier.
Pour compléter le tout, il y a ceux dont on se moque, son fils (Étienne
Poliquin) et le photographe (Guy Jodin). Il y a aussi Antoine Bertrand.
Le film devient toujours
plus intéressant lorsqu’il prend quelques détours pour raconter des histoires
qui ne sont pas la sienne. Ainsi, une rencontre avec une sage haïtienne posée
et chaleureuse offre le seul moment de drame honnête dans le film, indiquant un
film beaucoup plus intéressant ayant comme sujet un point de vue haïtien sur
l’aide humanitaire (que le film semble critiquer, sans faire suite) et les
traumatismes de désastres naturels.
Une autre parenthèse dans
les bureaux du gouvernement canadiens nous confirme que François Avard est bien
derrière ce scénario, faisant ressortir son habituelle méchanceté qui est
beaucoup plus amusante que tout le reste de ce film qui adhère on ne peut plus
à « La formule du parfait film populaire ». Ce moment semble
littéralement être transposé d’un autre film et indiquait une voie finale qui
aurait pu racheter tout le film, mais rien n’en fut fait et nous sommes revenus
à La Formule pour une finale acharnée avec son bonheur.
Les bandes annonces qui
vendent Ego Trip donnent exactement
l’idée de ce que sera le film : une série de blagues méchantes et
haineuses, qui sont justifiées puisque dites par un personnage méchant et
haineux, mais qui, au contact de difficultés humaines (qui ne sont pas les
siennes), deviendra littéralement un nouveau personnage, gentil et chaleureux.
En fait, les bandes annonces sont légèrement meilleures puisqu’elles laissent à
l’imagination la possibilité d’envisager un meilleur film.
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