Directeur : Gareth Evans
Réalisé en 2014. Avec : Iko Uwais (Rama), Arifin Putra (Uco), Tio Pakusodewo (Bangun) et Julie Estelle (Hammer Girl).
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=iDw3n2w9ty8
Une session entière de
cours universitaires pourrait être donnée sur The Raid 2 et sa capacité à construire des scènes d’actions
impeccable. The Raid fut une surprise
pour tous, un film court et serré qui enchaînait parfaitement des séquences d’arts
martiaux dans un contexte qui les justifiait et caractérisait assez ses
personnages pour qu’on se sente investi dans l’histoire sans perdre une seconde
d’ennui. J’ai énormément apprécié le film, mais j’étais loin de souscrire au
culte qui lui fut presque immédiatement dédié. Par contre, pour ce qui est du
deuxième, j’ai déjà ma marque au fer brûlant.
Le second film pousse
plus loin son personnage, Rama, dans un rôle d’agent-double parmi une
organisation criminelle composée des classiques (une ferme figure paternelle,
le fils forte tête, le sage conseiller, les hommes de mains meurtriers). Il est
coincé dans un univers où la lutte constante pour sa survie est encore plus
féroce et incessante que dans l’unique bloc appartement qui était sa prison
lors du premier film.
Nous servir un autre film
dans un lieu clos et nous balançant bataille après bataille aurait été une
erreur qui est malignement évitée ici. En larguant ses personnages dans l’aire
ouverte et en permettant une amplification de l’étendue de son histoire, le
scénario permet ainsi de nous offrir une perspective neuve sur l’univers
violent et sans pitié de The Raid
tout en gardant ce qui faisait du premier film une pièce aussi marquante. La
suite nous offre plus de personnages, plus d’intrigues et encore plus d’action
à un niveau qui me surprend à chaque réécoute, surpassant de loin son
prédécesseur.
Je vais faire un énorme
effort pour ne pas tomber dans les majuscules et l’abus bédéesque de points
d’exclamations en parlant des séquences d’actions qui sont parmi les meilleures
que je crois avoir vu de ma vie (l’émeute embouée des prisonniers est
facilement dans le top 3). La géographique des lieux est d’une netteté qui
permet de concentrer toute l’attention du spectateur sur la brutalité et l’incroyable
chorégraphie à l’écran. Chaque combat est mis en scène de façon claire et
chaque détail du montage image, son, le mix, les chorégraphies, etc. servent à
mettre en valeur une série de bagarres qui nous fait oublier que nous regardons
des acteurs. Tous les coups sont ressentis, les hurlements viscéraux et les
coupures douloureuses qui rendent l’expérience d’écoute aussi sensationnelle
que douloureuse. La dévotion et l’investissement de chaque combattant est tel
qu’il est facile d’oublier que nous regardons des professionnels qui font
semblant. De plus, les combats sont joués avec authenticité, ce qui leur donne
une qualité peu soignée et beaucoup plus véridiques. Leurs mouvements semblent
plus issues d’une nécessitée absolu et de vrais efforts que d’une chorégraphie qui
nous retire du film (un de mes plus gros problèmes avec The Matrix). Lorsqu'ils se battent les personnages glissent, font
des faux mouvements, prennent trop d’élans et s’agitent d’une façon naturelle
qui rajoute encore plus à la violence de chaque combat.
De plus, les séquences
sont au service d’une histoire intéressante! The Raid 2 aurait pu enchaîner les mêmes séquences avec la moitié
de l’histoire qu’y est ici présente et aurait quand même été considérée un
chef-d’œuvre du cinéma d’arts martiaux. Mais les intrigues criminels, les
personnages et le jeu des acteurs fonctionnent à part entière sans dépendre de
la coupe aux scènes d’actions pour relever l’ambiance du film et garder
l’intérêt du spectateur. Si j’avais une critique à donner au film, c’est que le
personnage de Rama est plus souvent qu’autrement relégué au second plan et a
très peu de moments dédiés à l’approfondissement de son personnage, surtout
considérant le temps dévoué à Uco. Mais l’attitude qu’il dégage et son regard
d’enfant font excessivement bien leur travail de caractérisation.
La technique du film est
aussi d’un niveau digne des maîtres. La cinématographie rend le film magnifique
à regarder, situant chaque lieu important et chaque scène d’action dans des
lieux extraordinaires. Les seuls moments où je suis retiré de l’action c’est
lorsque je me mets à m’exciter de colère devant l’incroyable technique qui
accompli des mouvements de caméra tout simplement impossible. La caméra grimpe
une clôture lors d’un plan séquence, passe d’une voiture à l’autre durant une
poursuite ou cerne l’action dans un cabinet de toilettes, tout cela avec si peu
de coupes qu’un pacte avec des forces démoniaques ou fantomatiques n’est pas à
rayer de la question.
En conclusion, The Raid 2 est un des meilleurs films
d’actions qu’il m’ait été donné de voir. Après l’avoir vu 2 fois à sa sortie en
salle, une réécoute dans mon salon n’a fait que cimenter mon opinion sur son
statut de chef-d’œuvre. Un mélange d’action et d’intrigue qui sont loin d’être
au détriment l’un de l’autre, mais viennent plutôt agrémenter chaque aspect,
ajoutant de l’ampleur et de la brutalité à l’univers.
MUK
Aucun commentaire:
Publier un commentaire