mardi 2 décembre 2014

The Raid 2

Directeur : Gareth Evans
Réalisé en 2014. Avec : Iko Uwais (Rama), Arifin Putra (Uco), Tio Pakusodewo (Bangun) et Julie Estelle (Hammer Girl).


Une session entière de cours universitaires pourrait être donnée sur The Raid 2 et sa capacité à construire des scènes d’actions impeccable. The Raid fut une surprise pour tous, un film court et serré qui enchaînait parfaitement des séquences d’arts martiaux dans un contexte qui les justifiait et caractérisait assez ses personnages pour qu’on se sente investi dans l’histoire sans perdre une seconde d’ennui. J’ai énormément apprécié le film, mais j’étais loin de souscrire au culte qui lui fut presque immédiatement dédié. Par contre, pour ce qui est du deuxième, j’ai déjà ma marque au fer brûlant.

Le second film pousse plus loin son personnage, Rama, dans un rôle d’agent-double parmi une organisation criminelle composée des classiques (une ferme figure paternelle, le fils forte tête, le sage conseiller, les hommes de mains meurtriers). Il est coincé dans un univers où la lutte constante pour sa survie est encore plus féroce et incessante que dans l’unique bloc appartement qui était sa prison lors du premier film.

Nous servir un autre film dans un lieu clos et nous balançant bataille après bataille aurait été une erreur qui est malignement évitée ici. En larguant ses personnages dans l’aire ouverte et en permettant une amplification de l’étendue de son histoire, le scénario permet ainsi de nous offrir une perspective neuve sur l’univers violent et sans pitié de The Raid tout en gardant ce qui faisait du premier film une pièce aussi marquante. La suite nous offre plus de personnages, plus d’intrigues et encore plus d’action à un niveau qui me surprend à chaque réécoute, surpassant de loin son prédécesseur.


Je vais faire un énorme effort pour ne pas tomber dans les majuscules et l’abus bédéesque de points d’exclamations en parlant des séquences d’actions qui sont parmi les meilleures que je crois avoir vu de ma vie (l’émeute embouée des prisonniers est facilement dans le top 3). La géographique des lieux est d’une netteté qui permet de concentrer toute l’attention du spectateur sur la brutalité et l’incroyable chorégraphie à l’écran. Chaque combat est mis en scène de façon claire et chaque détail du montage image, son, le mix, les chorégraphies, etc. servent à mettre en valeur une série de bagarres qui nous fait oublier que nous regardons des acteurs. Tous les coups sont ressentis, les hurlements viscéraux et les coupures douloureuses qui rendent l’expérience d’écoute aussi sensationnelle que douloureuse. La dévotion et l’investissement de chaque combattant est tel qu’il est facile d’oublier que nous regardons des professionnels qui font semblant. De plus, les combats sont joués avec authenticité, ce qui leur donne une qualité peu soignée et beaucoup plus véridiques. Leurs mouvements semblent plus issues d’une nécessitée absolu et de vrais efforts que d’une chorégraphie qui nous retire du film (un de mes plus gros problèmes avec The Matrix). Lorsqu'ils se battent les personnages glissent, font des faux mouvements, prennent trop d’élans et s’agitent d’une façon naturelle qui rajoute encore plus à la violence de chaque combat.

De plus, les séquences sont au service d’une histoire intéressante! The Raid 2 aurait pu enchaîner les mêmes séquences avec la moitié de l’histoire qu’y est ici présente et aurait quand même été considérée un chef-d’œuvre du cinéma d’arts martiaux. Mais les intrigues criminels, les personnages et le jeu des acteurs fonctionnent à part entière sans dépendre de la coupe aux scènes d’actions pour relever l’ambiance du film et garder l’intérêt du spectateur. Si j’avais une critique à donner au film, c’est que le personnage de Rama est plus souvent qu’autrement relégué au second plan et a très peu de moments dédiés à l’approfondissement de son personnage, surtout considérant le temps dévoué à Uco. Mais l’attitude qu’il dégage et son regard d’enfant font excessivement bien leur travail de caractérisation.


La technique du film est aussi d’un niveau digne des maîtres. La cinématographie rend le film magnifique à regarder, situant chaque lieu important et chaque scène d’action dans des lieux extraordinaires. Les seuls moments où je suis retiré de l’action c’est lorsque je me mets à m’exciter de colère devant l’incroyable technique qui accompli des mouvements de caméra tout simplement impossible. La caméra grimpe une clôture lors d’un plan séquence, passe d’une voiture à l’autre durant une poursuite ou cerne l’action dans un cabinet de toilettes, tout cela avec si peu de coupes qu’un pacte avec des forces démoniaques ou fantomatiques n’est pas à rayer de la question.

En conclusion, The Raid 2 est un des meilleurs films d’actions qu’il m’ait été donné de voir. Après l’avoir vu 2 fois à sa sortie en salle, une réécoute dans mon salon n’a fait que cimenter mon opinion sur son statut de chef-d’œuvre. Un mélange d’action et d’intrigue qui sont loin d’être au détriment l’un de l’autre, mais viennent plutôt agrémenter chaque aspect, ajoutant de l’ampleur et de la brutalité à l’univers.


MUK

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