Créé par Dan Harmon et Justin Roiland.
Avec : Justin Roiland (Rick), Justin Roiland (Morty), Chris Parnell (Jerry), Sarah Chalke (Beth) et Spencer Grammer (Summer)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=F2KnFDfHm4o
Après avoir assisté à la lutte
sans fin de Dan Harmon avec les restrictions créatives d’un univers concret, d’un
budget établi et la supervision d’une entité corporative lors de son travail
sur Community, le voir se lancer à cœur
joie, en compagnie de Justin Roiland, dans un univers animé aux restrictions
quasi-absentes est une merveille. En compagnie du duo éponyme qui mène la
série, un génie scientifique alcoolique et son petit-fils qui a plus de cœur que
de neurones, les créateurs nous emportent dans un multivers fol-dingue (?) qui
ne ressemble à rien qui existe.
Le pilote est l’épisode le moins
fort, mais comme la majorité de ses comparses télévisuels, est coincé avec les
tâches de mises en situations qui pardonnent rarement. Les relations sont très
clairement établies et l’indispensable fusil-portail est introduit ainsi que l’idée
de la facilité avec laquelle l’émission peut passer d’un salon de banlieue à
une plaine peuplée de créatures constituées exclusivement de couilles (qui
composent la majorité des univers), ce qui est utile plus tard, mais empêche d’explorer
une situation précise profondément. Avec ces quelques dynamiques
interpersonnelles et un ton établi, le montagne-russe des concepts de science-fiction
tous plus tordus les uns que les autres peuvent commencer. Dans la même veine
que Community, chaque épisode tourne
autour d’une idée centrale autour de laquelle la famille principale orbite
(puisque les membres de la famille des protagonistes deviennent rapidement des
personnages à part entière) et elle en connexion directe avec les personnalités
des personnages et leurs évolutions (ou absence de).
Les détails spécifiques des univers
est absolument ridicule. Chaque nouvelle race, planète ou invention est affublé
d’un nom et d’une apparence qui sonne comme la première et unique idée à laquelle
ils aient pensés qui était suffisamment drôle. La majorité de la saison à une
ambiance d’improvisation, avec les noms les plus ridicules qui viennent de nulle
part et les designs énormément chaotiques (il est possible de littéralement
entendre Dan Harmon rire à ses propres blagues lorsqu’il énonce les bandes
annonces aléatoires des dimensions parallèles). Cette caractéristique renforce
l’idée que ce n’est pas l’aspect important de la série. Oui, l’univers est
coloré et un accomplissement créatif visuellement incroyable et les idées
explorées sont fascinantes en soi, mais le véritable cœur de la série se
retrouve chez les personnages qui donnent un point d’ancrage au spectateur dans
ce monde complètement dingue. Le fait qu’autant de temps d’antenne soit accordé
à la relation entre les parents de Morty démontre l’importance des
caractérisations dans cet univers qui serait juste un gros bordel de
gobligouglorfazorp si les problèmes aussi identifiables que la simple lutte
constante pour faire fonctionner leur mariage ou l’insécurité d’être bon à rien
face aux accomplissements des autres ne donnaient pas des centres émotifs
autour desquelles l’audience puisse graviter.
L’exploration des idées est un
autre point remarquable. Lorsqu’un concept qui semble être une blague lancée à
l’improviste est introduit, l’histoire pousse constamment le concept jusqu’au
point de rupture, fasciné par les feux d’artifices possibles qui résulteraient
d’une machine qui permet à un unique chien de devenir assez intelligent pour
accomplir des tâches domestiques de base ou de pouvoir observer tous les
différents « et si? » dans diverses dimensions où différentes
décisions furent prises. Que ce soit d’avoir le courage d’attendre que le
concept se dévoile dans son entier (généralement avec des résultats
catastrophiques) ou d’observer l’impact souvent désolant qu’il peut avoir sur
les nerfs des personnages, rien ne semble venir équiper de freins dans cette
création déjantée.
Cette approche est aussi utilisée
pour les personnages. Oui, le pilote nous présente une famille aux personnalités
humoristiques simplistes, des archétypes de séries-télés auxquels nous sommes
habitués: un père de famille perdant avec peu de confiance en soi, une mère au-dessus
de ses affaires qui est clairement capable de mieux, une fille ainée qui
cherche l’approbation des autres via la popularité scolaire et un fils idiot au
grand cœur. Il suffit d’ajouter à cela une grand-père génie scientifique
supportés par une équipe créative déterminé pour avoir un parfait cocktail d’explorations
fascinantes. L’alcoolisme comique du premier épisode devient un symptôme
chronique de l’incroyable fardeau à porter d’être (manifestement) l’individu le
plus intelligent de la galaxie, l’apparente incompétence générale du père de
famille serait écrasant émotivement pour n’importe quel individu avec une
quelconque conscience de soi-même et les résultats de chaque situation sont
présentés en allant plus loin qu’un running-gag. Les exemples sont multiples
pour chaque personnage.
C’est pour cela qu’il est
pertinent de considérer Rick & Morty
comme une série à part entière avec une continuité fixe et non une série
aléatoire d’épisodes-concepts. Les différents épisodes nous en apprennent
beaucoup sur chaque personnage et tous les développements viennent instruire
notre perception des individus et leurs décisions lors des épisodes qui
suivent. Lorsqu’un épisode se termine avec la destruction de l’univers de base
(celui dans lequel nous avons passé toute la série jusqu’à ce point), le duo
décide de contourner le problème en changeant d’univers et faisant comme si de
rien était. Une autre série aurait abandonné cette conséquence, ne la
mentionnant plus jamais, mais ici, cet événement influence les développements
qui s’ensuivent chez Morty pour les épisodes restants. Rick est un génie, mais
plus les aventures s’accumulent et les situations le forcent à accomplir le
nécessaire pour survivre, on comprend progressivement le poids de cette
intelligence sur sa psyché et l’épisode final ne pourrait fonctionner sans la
saison complète d’incidents qui nous ont appris à connaitre Rick et sa relation
particulière avec Morty.
En conclusion, il est facile de
voir Rick & Morty comme une
simple série farfelue d’aventures avec des extraterrestres dégoutants et
beaucoup de gros mots, mais lorsqu’on regarde par-dessus cette surface
distincte et amusante, on réalise la véritable profondeur de cette émission
animée pour adultes. C’est exactement le genre de série qu’une génération d’enfants
pourront écouter tard le soir sans que leurs parents soient au courant et s’exciter
devant toutes les blagues de pipi et les rots pour plus tard apprendre à
apprécier l’intelligence des rots et blagues d’univers où tout le monde mange
de la merde.
MUK
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