dimanche 14 décembre 2014

About Time

Directeur : Richard Curtis
Réalisé en 2013. Avec : Domhnall Gleeson (Tim), Rachel McAdams (Mary), Bill Nighy (Papa chaleureux), Lydia Wilson (Kit Kat) et Lindsay Duncan (Mum)


Il arrive que certains critiquent un film sur un aspect spécifique et lorsqu’un autre film va commettre la même faute, le même individu ne va pas retenir cet aspect contre le second film puisque le contexte offre une différente perspective qui pardonne ou justifie ces problèmes. About Time est un film qui pourrait tomber dans de nombreux problèmes de logistiques, moraux ou des stéréotypes faciles, mais fabrique une histoire si vrai et charmante qu’il se permet quelques raccourcis pour y arriver et fait ainsi passer encore mieux l’importance du moment présent à travers cette odyssée familiale qui s’étend sur plusieurs années.


Tim découvre, le jour de ses 18 ans, qu’il a le pouvoir de voyager dans le temps. Il doit simplement se cacher dans un endroit clos et sombre, serrer les poings et se retrouve instantanément transporté au lieu choisi de son propre passé. Cela lui permet ainsi de revisiter sa propre histoire afin de corriger certains problèmes ou éviter des bévues. Il choisit immédiatement de dédier son nouveau pouvoir à sa quête pour une copine. Nous arrivons au premier aspect rafraîchissant (parmi tant d’autres) du film : il n'est pas entièrement dédié à cette quête. Bien sûr, c’est l’ouverture, mais après un échec auprès de l’inatteignable Margot Robbie, il réussit rapidement, sans trop d'embûches (en dehors d’anecdotes cocasses) à se trouver une copine avec qui il pourra vivre vieux et fonder une famille. Leur couple est solide et n’est jamais mis en danger d’aucune façon, faisant de cette « comédie-romantique » l’histoire d’un couple qui doit apprendre ensemble à être dans ce monde, à faire face aux divers problèmes externes et aléas de la vie plutôt que d’apprendre à être ensemble. Ainsi, même si  le protagoniste reste Domhnall Gleeson du début à la fin, Rachel McAdams ne représente jamais une quelconque sorte d’adversité, étant à ses côtés lors des drames personnels.

J’en arrive aussi au premier point qui serait, dans un autre contexte, problématique : le couple de Tim et Mary est idéalisé à un tel point qu’il semble plus utopique que réaliste. Ils se rencontrent, s’entendent bien à la première rencontre (toutes les 3), s’aiment, se marient, ont des enfants et leur relation navigue les années sans l’ombre d’un nuage. Cette représentation de rêve pourrait rapidement être un problème, mais est facilement excusable. Tout d’abord, le charme des deux acteurs ensembles est à craquer, ce qui fait rapidement tomber en amour avec ce duo et permet de pardonner ce problème. Deuxièmement, l’histoire n’est tout simplement pas à propos de problèmes maritaux.* L’histoire nous est racontée du point de vue de Tim et, s’étendant sur plusieurs années, rend très clair quels sont ses principaux problèmes dans sa vie, aucun n’impliquant son mariage. Le rouquin principal fait face à suffisamment d’adversité qu’il n’a pas besoin de problèmes supplémentaires pour rendre le film plus dramatique.


La structure du film fait en sorte que la première moitié contienne tellement de charme et nous enveloppe tellement avec les personnages que lorsque frappent les problèmes arrivé à la seconde moitié, ils sont d’autant plus dévastateurs. About Time est un parfait exemple d’équilibre entre la tristesse et la joie, chacun venant s’entre-compléter. Le bonheur leur permet de traverser ensemble les moments difficiles et les moments difficiles rendent encore plus important et marquants les moments joyeux, donnant une expérience complète qui vienne de pair avec le message de vie dans le moment présent.

Pour ce qui est du casting, aucune fausse note à rapporter! Les deux protagonistes s’échangent avec tellement d’aisance et d’humour que les chances de ne pas tomber sous leur charme sont plus petites qu'un atome (hyperbole scientifique inexacte!) Bill Nighy à lui seul me fait réaliser l’importance des relations père-fils. J’ai sérieusement repensé à sa séquence finale lors de ma plus récente discussion téléphonique avec mon propre père pendant qu’il me sortait de exemple typique de son style d’humour breveté que je suis le seul humain sur la planète à trouver drôle (mais je le trouve drôle pour 10, alors c’est correct) en me disant que ce moment, aussi banal était-il, avait énormément de valeur. Lindsay Duncan, toute en élégance et en sévérité, me fait oublier à quel point elle était détestable dans Rome et Lydia Wilson, avec tout son enthousiasme et ses excentricités, laisse toujours sous-entendre qu’en dessous se cache une grande sensibilité et quelque chose de plus sombre, mettant en place seulement avec la subtilité de son jeu les événements de la seconde partie du film.


J’ai l’impression qu’avec une prémisse de la sorte, il y a tellement de moments prévisibles qui devaient arriver, de clichés faciles, d’erreurs évidentes et Richard Curtis les évite systématiquement toutes. Même l’inévitable « Oh non, j’ai parié trop gros sur mes capacités » est si bien intégré et s’ajuste avec le propos du présent et du futur qu’il ne parait même pas forcé ou évident. Ils approchent même les moments les plus faits et refaits de toute l’histoire des relations cinématographiques avec un air neuf (le mariage, la rencontre) qui font de ce long-métrage une perle qui ne semble pas répéter ce que 1000 autres ont déjà fait. Cette rareté dans le monde des films « pour se sentir mieux »** accompli son but tout en évitant d’être hypocrite ou d’ignorer de façon flagrante la réalité ou les problèmes établis tout au long du film afin d’avoir sa fin mignonne d’Hollywood (c’est toi que je regarde Silver Linings Playbook).

MUK

*C’est aussi l’aspect qui excuse le mensonge utilisé lors de leur première rencontre (la première de Mary du moins). Les utilisations de manipulations malignes dans les films romantiques est souvent problématique, mais ici il a déjà été établi clairement que les deux sont fait pour être ensemble et il a obtenu cette information de façon légitime! De plus, considérant leur relation par la suite, je peux facilement imaginer une scène où les deux rient du fait qu’il a inventé n’importe quoi sur Kate Moss pour l’impressionner.

**Ma traduction personnelle de « feel-good movie »


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