Directeur : Richard Curtis
Réalisé en 2013. Avec : Domhnall Gleeson (Tim), Rachel McAdams (Mary), Bill Nighy (Papa chaleureux), Lydia Wilson (Kit Kat) et Lindsay Duncan (Mum)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=T7A810duHvw
Il arrive que certains critiquent un film sur un aspect spécifique et lorsqu’un autre film
va commettre la même faute, le même individu ne va pas retenir cet aspect
contre le second film puisque le contexte offre une différente perspective qui pardonne ou justifie ces problèmes. About Time est un film qui pourrait
tomber dans de nombreux problèmes de logistiques, moraux ou des stéréotypes
faciles, mais fabrique une histoire si vrai et charmante qu’il se permet
quelques raccourcis pour y arriver et fait ainsi passer encore mieux
l’importance du moment présent à travers cette odyssée familiale qui s’étend
sur plusieurs années.
Tim découvre, le jour de
ses 18 ans, qu’il a le pouvoir de voyager dans le temps. Il doit simplement se
cacher dans un endroit clos et sombre, serrer les poings et se retrouve
instantanément transporté au lieu choisi de son propre passé. Cela lui permet
ainsi de revisiter sa propre histoire afin de corriger certains problèmes ou
éviter des bévues. Il choisit immédiatement de dédier son nouveau pouvoir à sa
quête pour une copine. Nous arrivons au premier aspect rafraîchissant (parmi
tant d’autres) du film : il n'est pas entièrement dédié à cette quête. Bien sûr, c’est
l’ouverture, mais après un échec auprès de l’inatteignable Margot Robbie, il
réussit rapidement, sans trop d'embûches (en dehors d’anecdotes cocasses) à se
trouver une copine avec qui il pourra vivre vieux et fonder une famille. Leur
couple est solide et n’est jamais mis en danger d’aucune façon, faisant de
cette « comédie-romantique » l’histoire d’un couple qui doit
apprendre ensemble à être dans ce monde, à faire face aux divers problèmes
externes et aléas de la vie plutôt que d’apprendre à être ensemble. Ainsi,
même si le protagoniste reste Domhnall Gleeson du début à la fin, Rachel McAdams
ne représente jamais une quelconque sorte d’adversité, étant à ses côtés lors
des drames personnels.
J’en arrive aussi au
premier point qui serait, dans un autre contexte, problématique : le
couple de Tim et Mary est idéalisé à un tel point qu’il semble plus utopique que réaliste. Ils se rencontrent, s’entendent bien à la
première rencontre (toutes les 3), s’aiment, se marient, ont des enfants et
leur relation navigue les années sans l’ombre d’un nuage. Cette représentation de rêve pourrait rapidement être un problème, mais est facilement
excusable. Tout d’abord, le charme des deux acteurs ensembles est à craquer, ce qui fait rapidement tomber en amour avec ce duo et permet de pardonner ce problème. Deuxièmement, l’histoire n’est tout
simplement pas à propos de problèmes maritaux.* L’histoire nous est racontée du
point de vue de Tim et, s’étendant sur plusieurs années, rend très clair quels
sont ses principaux problèmes dans sa vie, aucun n’impliquant son mariage. Le rouquin principal fait face à suffisamment d’adversité qu’il n’a pas besoin
de problèmes supplémentaires pour rendre le film plus dramatique.
La structure du film fait
en sorte que la première moitié contienne tellement de charme et nous
enveloppe tellement avec les personnages que lorsque frappent les problèmes arrivé à la seconde moitié, ils sont d’autant plus dévastateurs. About Time est un parfait exemple d’équilibre
entre la tristesse et la joie, chacun venant s’entre-compléter. Le bonheur leur
permet de traverser ensemble les moments difficiles et les moments difficiles
rendent encore plus important et marquants les moments joyeux, donnant une
expérience complète qui vienne de pair avec le message de vie dans le moment
présent.
Pour ce qui est du
casting, aucune fausse note à rapporter! Les deux protagonistes s’échangent
avec tellement d’aisance et d’humour que les chances de ne pas tomber sous leur charme sont plus petites qu'un atome (hyperbole scientifique inexacte!) Bill Nighy à lui
seul me fait réaliser l’importance des relations père-fils. J’ai sérieusement
repensé à sa séquence finale lors de ma plus récente discussion téléphonique avec mon
propre père pendant qu’il me sortait de exemple typique de son style d’humour
breveté que je suis le seul humain sur la planète à trouver drôle (mais je le
trouve drôle pour 10, alors c’est correct) en me disant que ce moment, aussi
banal était-il, avait énormément de valeur. Lindsay Duncan, toute en élégance
et en sévérité, me fait oublier à quel point elle était détestable dans Rome et Lydia Wilson, avec tout son
enthousiasme et ses excentricités, laisse toujours sous-entendre qu’en dessous
se cache une grande sensibilité et quelque chose de plus sombre, mettant en
place seulement avec la subtilité de son jeu les événements de la seconde
partie du film.
J’ai l’impression qu’avec
une prémisse de la sorte, il y a tellement de moments prévisibles qui devaient
arriver, de clichés faciles, d’erreurs évidentes et Richard Curtis les évite
systématiquement toutes. Même l’inévitable « Oh non, j’ai parié trop gros
sur mes capacités » est si bien intégré et s’ajuste avec le propos du
présent et du futur qu’il ne parait même pas forcé ou évident. Ils approchent
même les moments les plus faits et refaits de toute l’histoire des relations
cinématographiques avec un air neuf (le mariage, la rencontre) qui font de ce
long-métrage une perle qui ne semble pas répéter ce que 1000 autres ont déjà
fait. Cette rareté dans le monde des films « pour se sentir mieux »**
accompli son but tout en évitant d’être hypocrite ou d’ignorer de façon
flagrante la réalité ou les problèmes établis tout au long du film afin d’avoir
sa fin mignonne d’Hollywood (c’est toi que je regarde Silver Linings Playbook).
MUK
*C’est aussi l’aspect qui
excuse le mensonge utilisé lors de leur première rencontre (la première de Mary du moins). Les utilisations de manipulations malignes dans les films
romantiques est souvent problématique, mais ici il a déjà été établi clairement
que les deux sont fait pour être ensemble et il a obtenu cette information de
façon légitime! De plus, considérant leur relation par la suite, je peux
facilement imaginer une scène où les deux rient du fait qu’il a inventé
n’importe quoi sur Kate Moss pour l’impressionner.
**Ma traduction
personnelle de « feel-good movie »
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