mercredi 31 décembre 2014

Pas Top 10

Lorsque l’année touche à sa fin, le moment de jeter en regard derrière pour choisir ce que l’on apporte avec nous vers l’avant arrive. Pour un cinéphile, une part de ce processus implique un survol de l’année au cinéma et voir ce qui reste. Lorsque j’ai commencé à jeter un coup d’œil aux films visionnés cette année, j’ai réalisé qu’il y avait tellement de choses à discuter que ne faire qu’un « top 10 » était trop restrictif. Ma liste des 10 films favoris viendra inévitablement, mais j’ai décidé que je prendrais de l’avance avec d’autres films et moments cinématographiques marquants.


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Citizenfour

Citizenfour est plus terrifiant que la majorité des films d’horreurs qu’il m’ait été donné de voir de toute ma vie. Laura Poitras, ainsi que certains journalistes, conduisent une série d’entrevue avec Edward Snowden, l’homme derrière une des plus grandes divulgations d’informations top secrètes de l’histoire des services secrets américains. Par contre, Poitras ne s’arrêtent pas aux plusieurs jours passés en entrevue dans la chambre d’hôtel qui forment le cœur du film, mais contextualise les événements et montrent les impacts à courts et long termes de la chose et le prix à payer pour tous ceux impliqués à toutes les étapes de la manipulation de cette information. Snowden insiste qu’il ne veut pas que l’histoire soit à propos de lui et que l’information qu’il divulgue est l’aspect important, mais le documentaire fait fit de ses requêtes pour peindre le portrait d’une figure qui est avant tout un homme. Bien sûr, c’est quelqu’un de brillant et courageux, mais il est aussi vulnérable et faillible (et qui n’est pas le maitre de ses cheveux). L’éponyme Citizenfour n’est qu’un jeune talent informatique de 29 ans avec des visions pour lesquels il est prêt à compromettre sa sécurité, prouvant qu’être un jeune idéaliste mène des fois à quelque chose de concret. Le format documentaire n’offre pas que l’histoire incroyable d’un pays (le plus puissant au monde), sa relation avec son peuple et la sécurité de ce dernier, mais développe une figure inspirante qui ne vient pas de bande-dessinées ou de romans utopiques, mais qui existe présentement quelque part dans le monde. Citizenfour serait un excellent programme double pour enchainer tout de suite après Captain America : The Winter Soldier.
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Godzilla

Je suis prêt à accorder tous les points aux gens qui avancent les diverses critiques sur la première partie du film. Après une introduction très forte, le film avance très tranquillement jusqu’à sa résolution avec des personnages très unidimensionnels qui ne plaisent pas à tous (je suis prêt à débattre une certaine profondeur à Kick-Ass, mais c’est une discussion pour une autre fois), mais la finale compense largement pour tout cela. Le combat qui conclut l’histoire offre aux fans de Kaijus une séquence historique qui mérite toute la patience mise de l’avant lors de la progression tranquille. Qu’Hollywood mette autant d’argent pour produire un combat d’une telle ampleur dans une franchise de film fondée sur des luttes entres hommes en costumes qui piétinent des modèles réduits me rend si heureux que je suis prêt à pardonner beaucoup.  
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Frank

La dichotomie qui semble inévitable entre le succès commercial et la voix de l’auteur ronge n’importe quel domaine artistique. Frank parle d’un groupe de musique, mais pourrait aussi bien parler de cinéma, de peinture, de bande-dessinée ou de théâtre. Personne n’entre dans un domaine créatif en se disant qu’il va aller chercher quelques dollars facile et pourtant, le succès commercial vient généralement avec une audience et plus de succès élargit sans arrêt l’étendu du message. Par contre, plus on tente d’aller rejoindre de gens, plus la spécificité de l’art devient soudainement une barrière qui peut baliser le public potentiel. Frank explore cette lutte en lui donnant un visage (littéralement) sous la forme de Michael Fassbender et la tension entre son intégrité artistique et son désir d’être entendu. De plus, pour un film qui est souvent vendu comme étant « Micheal Fassbender qui porte une énorme tête de papier maché », il critique de façon très intelligent la propension des médias sociaux à rendre viral des caractéristiques superficielles de produits ou nouvelles, diluant et corrompant le véritable impact voulu. Et aussi : jamais assez de Domhnall Gleeson. (Critique complète)
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The Infinite Man

Une comédie romantique ficelée si serrée qu’il est impossible de jouer avec une ligne de dialogue, une scène ou un développement de personnage sans que la chose au complet ne se défasse. La quête unique d’un personnage qui s’étend sur plusieurs années qui sont en fait la même répétées plusieurs fois dans un unique lieu est captivante, même si ce n’est que pour tenter de parcourir le complexe labyrinthe de versions futures et passées du même couple d’individus afin de garder de l’avance sur un script qui ne cesse de rajouter des embuches, tournants et cul-de-sac dans une simple quête personnelle. (Critique complète)
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Locke

L’idée d’un unique lieu avec un seul acteur est toujours un défi de taille. Il faut garder le film visuellement dynamique, trouver une histoire toute sauf monotone et un acteur qui captive l’audience par sa seule présence. Tom Hardy habite le siège conducteur de son automobile comme pas deux et n’en sort jamais. Le fait que ce film existe et ne soit pas terriblement ennuyeux est en soi un accomplissement de taille, mais qu’il fasse autant d’effet en est un encore plus grand. Ivan Locke est un personnage fascinant en soi, il est compétent, rigoureux, noble, responsable et ce sont toutes des qualités qui ressortent simplement dans son approche aux gens avec qui il interagit au téléphone. La performance à elle seule mérite que le film soit vu.
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Mommy

Même s’il ne fait pas mon top 10, Mommy contient malgré cela ma scène favorite de l’année qui met de l’avant tout ce qu’il y a à savoir sur ce film, il est touchant, personnel, intime et démontre un véritable amour envers ses personnages. (Critique complète)


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Neighbors


Oui le film est drôle et oui Zac Efron surprend tout le monde avec ses talents comiques et le message d’adultes qui doivent prendre leur part de responsabilité comme le jeune de fraternité est étonnamment mature et oui il y a un combat de godemichets dont on parlera pour des générations à venir, mais je veux parler ici de Rose Byrne. Neighbors est discrètement progressiste dans son approche d’un personnage qui aurait facilement pu tomber dans le cliché de « la femme geignarde qui empêche les hommes (et surtout l’audience) d’avoir du plaisir ». Le scénario résout ce problème en faisant de son personnage féminin quelqu’un d’aussi déterminé, stupide et surtout d’aussi drôle que ses compatriotes masculins et c’est cette stupidité qui fait du personnage une femme subversive dans le paysage des comédies Hollywoodienne contemporaines, un monde peuplé uniquement d’hommes qui ont du plaisir ensemble.
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Nightcrawler


Ce regard qui représente parfaitement une des meilleures performances de l’année, du moins l’une des plus marquantes. Un conte terrifiant d’un ambitieux déterminé qui avance tel un rouleau compresseur avec le rêve américain et l’absence totale de moralité comme combustible. (Critique complète)
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The One I Love


Avec sa prémisse si simple, mais si originale, The One I Love explore profondément les problèmes et tensions brutalement vraies d’une relation de couple. Lorsqu’on s’approche à une histoire qui ne dépend que des développements de personnages pour avancer, il est important que l’audience puisse s’accrocher au peu qu’il y ait à l’écran, et dans ce cas-ci, la relation de Mark Duplass et Elisabeth Moss prend tellement de place qu’il n’y a jamais de temps mort. La dynamique de couple crédible permet ainsi de se concentrer sur les problèmes tout en ne soulevant pas la question du « pourquoi sont-ils ensemble en premier lieu s’ils ne font que s’irriter l’un l’autre?». Ils ne sont pas particulièrement intelligents, débrouillards ou honorables et leurs défauts comme leurs qualités sont mises de l’avant pour offrir un couple de personnes qui sont loin d’être parfaits, mais sont avant tout humains. (Critique complète)
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Under The Skin


Ce film ne sera pas sur ma liste de films favoris pour la principale raison que je n’ai absolument aucune envie de le revisiter. Par contre, ma phobie de ce film est pour les meilleures raisons : il est incroyablement efficace et pertinent à un tel point qu’il me hante encore à ce jour. J’ai une copie DVD parmi ma pile de films « à écouter » et chaque fois que je regarde la figure translucide de Scarlett Johansson à travers les étoiles sur la pochette qui me fixe d’un regard vide et perçant, je repense à la scène du bébé sur la plage, à ses cris désespérés et son visage crispé de douleur à force de s’époumoner, sans aucune autonomie et s’efforçant de se dresser sur ses petites jambes. Cette scène à très peu à voir avec l’ensemble du long-métrage, mais est de loin celle qui m’a le plus marqué. Ce dernier est rempli de segments qui font froid dans le dos, culminant en une dernière scène qui termine cette fable féministe sur une ponctuation finale dévastatrice qui va de pair avec le propos. Le film était marquant et est une forte recommandation pour ceux qui sont intéressés par ce genre de cinéma beaucoup plus expérimental. Par contre, je ne planifie pas de le revoir de sitôt (et on parle ici d’un film qui inclut Scarlett Johansson qui se dévêtit de plus en plus tout au long du film).
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We Are the Best!

Un film à propos de jeunes filles en colères qui dirigent leurs frustrations vers un groupe punk, sans avoir de talent musical quelconque vient appuyer sur beaucoup de mes boutons. Leur sentiment marginal, leur innocence ignorante mais si vraie, leurs excitations, leurs difficultés forgent l’une des amitiés les plus honnêtes de l’année. (Critique complète)

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Wetlands

Un curieux petit film à propos d’Helen, une femme qui a une fascination pour tout ce qui est fluide ou organique. Wetlands nous met le nez dans certaines des choses les plus dégoutantes qu’il m’ait été donné de voir sur un grand écran et le courage dont il fait preuve tout au long du film pardonne sa finale qui tombe dans le plus simple cliché prévisible. Que ce soit simplement pour la performance qui supporte le film, il est digne de mention. De plus, si vous avez peur que les choses dégoutantes vous rebutent, ils ne sont pas pires que certaines images graphiques qui sont mises en scènes dans des films d’horreurs ou d’actions sanglants. Les images sont approchées d’un point de vue sexué qui pourrait être catégorisé de « déviant » et c’est probablement ce qui provoque le malaise, mais c’est en ouvrant les yeux sur des choses nouvelles et aussi particulières que l’on devient une personne plus ouverte d’esprit, surtout lorsque ces « déviances » sont humanisées par Carla Juri. Elle accueille le public à bras ouverts et rend un film aussi dégoutant très accessible, manifestant de la passion pour son sujet comme on voudrait que plus d’enseignants aient. (Critique complète)
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Wild

Je comprends finalement l’excitation générale que mon entourage ressent pour Jean-Marc Vallée et je peux être un bon cinéphile québécois comme il se doit! Wild explore les difficultés d’un personnage qui n’a pas eu de chances dans la vie et qui décide qu’elle ne pourra avancer dans la vie si elle n’apprend pas à faire la paix avec soit même et s’approprier qui elle est (rajoutant à l’aspect féministe du film, une caractéristique qui mérite en soit au film une place sur cette liste). (Critique complète)


 MUK

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