We Are the Best!

Directeur : Lukas Moodysson
Réalisé en 2013. Avec : Mira Barkhammar (Bobo), Mira Grosin (Klara) et Liv LeMoyne (Hedvig)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=TfPytPjV1xc

We Are the Best est une étude fascinante de personnages qui évite toute classification évidente. C’est un drame comique qui s’intéresse autant aux relations des protagonistes qu’à leur vision du monde, leur identification punk et leur légère maturation. Bobo et Klara sont deux jeunes filles de 13 ans au cours des années 80 qui ressentent l’universel besoin d’appartenance à l’adolescence. Ne s’identifiant à rien dans leur environnement, ils se tournent vers le punk (qui est mort, selon tous ceux qui leurs parlent tout au long du film) et par un concours de circonstances, se ramassent dans une petite salle de répétition avec une batterie, une basse et beaucoup de colère. Elles entreprennent ainsi de fonder un groupe de musique, malgré leur absence de connaissance quelconque en la matière (ce qui mène à leur recrutement de Hedvig, une talentueuse guitariste chrétienne timide et solitaire).

Le film n’offre pas vraiment d’histoire ou de développements autres que « la vie » et montre, avec leur dynamique et leurs interactions extérieures qui sont réellement ces filles (le véritable intérêt du film). La première scène de « répétition » capture parfaitement cette volonté de s’exprimer dans un monde qui ne s’arrêtera pas pour leur porter attention sans qu’elles lui hurlent à la figure. Elles ne sont pas des enfants particulièrement malchanceuses (une est enfant unique d’un couple divorcé, l’autre vient d’une famille aux nombreux frères et sœurs et la dernière d’une famille chrétienne), mais leur frustration ou manque d’identification n’est jamais irritant ou « bébé-gâté ». Elles réussissent à trouver une célébration dans leur marginalité et ne passent pas la majorité du film à se plaindre ou se morfondre dans leur peau.

Cette qualité caractéristique vient du jeu des deux actrices principales qui font de Bobo et Klara des enfants avec beaucoup de profondeur. Elles partagent leurs colères, tristesses, rires ou hontes avec une telle camaraderie authentique que leur amitié est la force principale qui propulse le film. Leurs petits moments qui semblent principalement improvisés donne une dimension innocente et honnête au film qui est aussi importante que la scène de concert finale. Elles ont une coupe de cheveux et des accoutrements punks, mais leurs attitudes sont identifiables de façon universelle, que ce soit leurs tirailles dans la cantine, les cheveux de leur amie qu’elles découpent en mohawk, les émotions face au groupe de garçons plus vieux ou leur excitation et attendrissement devant « la meilleure chanson du monde », ces jeunes filles sont 100% humaines.

En conclusion, il est clair qu’elles n’iront pas très loin avec leur carrière musicale en dehors de leur premier single «Hate the Sports» et la phase punk est probablement temporaire, mais cela ne rend pas l’attitude moins vraie et l’évolution vers des personnes plus accomplies qui ont confiance en elles moins marquante. La scène finale est la preuve que le film fonctionne, puisque lorsqu’elles s’exclament, dans un moment de rapprochement « we are the best! », je hochais la tête avec un sourire, elles sont effectivement les meilleures (et clairement supérieures à Iron Fist!)

MUK