lundi 21 juillet 2014

The Zero Theorem

Director : Terry Gilliam
Réalisé en 2013. Avec : Christoph Waltz (Qohen Leth), Mélanie Thierry (Bainsley), David Thewlis (un ami surexcité), Lucas Hedges (Bob) et un grand nombre de caméos!
Vu dans le cadre de Fantasia 2014.


Dans son message d’introduction au film (exclusif à cette projection), Terry Gilliam médite sur l’opinion qu’aurait Descartes de notre monde contemporain et dirait probablement quelque chose comme « Je tweete donc je suis ». Cette citation qui fait bien rire la salle introduisait en fait parfaitement les thèmes du film, une autre dystopie cauchemardesque où notre relation avec la machine est en train de tranquillement nous consumer de notre plein gré.

Qohen Leth est un fonctionnaire et une sorte d’informaticien. Ce n’est pas son titre officiel, mais il travaille avec des chiffres et consolide des données. Il est agoraphobe (entre autre) et redoute chaque jour le moment où il doit sortir de chez lui pour aller travailler et est forcé d’interagir avec le monde extérieur. Ainsi, il fait la demande de pouvoir travailler à la maison (une chapelle prise d’assaut par le matériel informatique, subtile Terry!) et non seulement on lui accorde, mais il est mis en charge du théorème Zero. Il doit prouver que 100% = 0, que tout est futile et ne mène à rien, que au final tout retournera au néant et peu importe ce que l’on fait, c’est notre sort inévitable (classique!)


L’apparence, les décors et les costumes sont toujours une force des films de Gilliam et ce Zero ne fait pas faux bond, avec un univers où les sens sont constamment pris d’assaut, nous sommes inconfortables et le repos n’est jamais permis. Les lumières, les sons, les couleurs, les objets hétéroclites, la technologie, les publicités qui pourchassent les gens sur le trottoir et les pancartes de l’église de Batman de Redeemer ne laissent pas une minute de répit aux personnages et à l’audience. Même lorsque Qohen rentre chez lui, l’environnement sombre de la chapelle reste tout de même oppressant dans le chaos et la saleté d’un milieu de travail digne des quartiers maires de Project Mayhem, il n’y a aucun confort possible.

Les comparaisons avec Brazil sont faciles et évidentes et il est vrai que comme compagnons d’écoutes, les deux films fonctionnent bien ensemble. Il est terrifiant de constater que l’aspect dystopique de Brazil est aujourd’hui une réalité et n’est plus vraiment une préoccupation dans Zero, comme si le réalisateur s’était quelque peu résigné et le fatalisme de la chose est l’aspect le plus sombre du film. C’est comme si après avoir remis en question le système tordu qui l’oppressait toute sa vie, Gilliam se demande maintenant « et puis après? » et laisse aller une partie de sa colère envers le système (tout en le pastichant avec merveille; les gens qui dansent avec tous leur tablette électronique en main m’a particulièrement plu). De plus, le film contient une lueur d’espoir (contrairement à Brazil, qui était écrasant du début à la fin). Les nouvelles façons de connecter avec d’autres individus via la technologie n’est pas entièrement une mauvaise chose, et la représentation de Bob est généralement un personnage qui donne un certain espoir pour la jeunesse. Les scènes entre Bob et Qohen étaient particulièrement intéressantes puisqu’elles recelaient d’une certaine aura de questionnement autant du personnage que du réalisateur, est-ce que je suis de cette façon tout simplement parce que je suis vieux et déconnecté de l’actualité?


Christoph Waltz offre une performance comme nous n’en avons jamais vu de sa part. Il est vulnérable, faible, confus, froussard, il est toujours en retard sur les autres et est plus souvent utilisé qu’autre chose (l’opposé de son personnage de Tarantino). Il prend beaucoup de décisions courageuses dans ce film qui portent fruit, qui vont de se raser les sourcils à nous montrer ses fesses plusieurs fois! Il porte le film sur ses épaules maigres et rabougris et réussit ce défi de taille.


En conclusion, j’ai apprécié ce film et j'ai définitivement envie de réécouter ce film (comme la majorité des films de Gilliam) pour pleinement m’imbiber de cet univers tordu, pour pouvoir observer, apprécier et analyser les moindre détails qui parsemés dans tous les racoins de ce monde futuriste qui ne l’est pas tant que ça (« We started to make a film in the near future, but then the future became the past while we were making it » nous explique Gilliam dans son mot d’introduction, après avoir justifié son absence dû à un accident de Superglu lors d’une sieste sur son canapé).

MUK

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