lundi 28 juillet 2014

Open Windows

Director : Nacho Vigalondo
Réalisé en 2014. Avec : Elijah Wood (Nick Chambers), Sasha Grey (Jill Goddard) et Neil Maskell (méchant british stalker/hacker).
Vu dans le cadre de Fantasia 2014.


Des fois je tombe sur des films qui sont quelque peu idiots, qui poussent les limitent de nos capacités à suspendre notre incrédulité. Ils peuvent prendre l’audience pour des idiots ou décider d’emprunter des raccourcis insignifiants qui vont à l’encontre de toute logique connu par le public et on nous demande simplement de laisser tomber nos « ??? » afin d’apprécier au maximum le film (les films de super-héros en sont particulièrement coupable, reposant fondamentalement sur notre capacité à laisser passer quelques détails). Souvent ils sont très mauvais et abusent de notre crédulité. Et des fois ces films sont bons! Je vous présente Open Windows.

Je suis loin d’être un défenseur de l’expression « débrancher son cerveau » pour apprécier un film, c’est une approche minimaliste qui souligne l’aspect stupide sans prendre la peine de réfléchir à pourquoi quelque chose fonctionne ou ne fonctionne pas : « Oh pourquoi t’as aimé ça? » « Bin tsé, c’est vraiment le genre de film où tu laisses ton cerveau à la porte » WHAT DOES THAT EVEN MEAN? It’s dumb and counter-productive and kills all possible conversation or meaningful impact.* Donc tout cela pour dire que OUI Opens Windows est quelque peu idiot et tourne les coins ronds, mais reste super plaisant, mais pourquoi lui y a droit?


Le concept principal de Open Windows tourne autour d’un ordinateur portable. Le film se déroule en temps réel et nous est présenté entièrement du point de vue de l’ordinateur d’Elijah Wood. C’est un concept intéressant puisqu’il donne un sentiment d’immédiateté au film qui le propulse constamment de l’avant. Par contre, il contraint des fois le récit et force les raccourcis mentionnés plus tôt. Certains moments se heurtent vraiment aux limites du format, mais le film, sans compromis, contourne ces barrières avec un peu de hacking-magie et n’arrête tout simplement jamais. Nous partons d’une chambre d’hôtel pour nous engager dans une poursuite en voiture pour terminer dans un entrepôt abandonné, tout vu à travers des caméras de sécurité, des machines portatives, etc.

L’ordinateur qui nous sert de fenêtre à cette histoire est celui de Nick Chambers, un super fan de l’actrice Jill Goddard, qui a gagné un concours pour la rencontrer. Il attend patiemment dans sa chambre d’hôtel en regardant une présentation spécial du prochain film de l’actrice en ligne qui se déroule simultanément. Par contre, on lui annonce rapidement que les choses ne se dérouleront pas comme prévues et des vies sont soudainement en jeu. À partir de ce moment le film ne prend aucune pause jusqu'au générique de fin.


Ainsi, le film joue avec la crédibilité des techniques de « hacking » utilisé dans ce film, mais c’est loin d’être important puisque ce ne sont que des outils pour propulser l’histoire. L’intrigue n’a rien à voir avec le hacking, ce n’est qu’un moyen de nous transmettre l’intégralité de l’expérience. Si nous avions eu affaire à un film où les personnages tentent d’infiltrer les secrets du pentagon ou doivent hacker un système informatique extraterrestre pour y transmettre un virus et détruire leurs boucliers (oups.) ce serait stupide au point d’être un point qui peut être retenu contre le film. De plus, le film avance à un tel rythme que nous avons à peine le temps de réaliser « Woah, ça c’était con » que ça n’a déjà plus d’importance et nous sommes rendus au prochain point dans le film et une autre embuche doit être contournée. Évidemment, lorsque le film se termine, l’effet disparait et les failles nous sautent à la figure. Mais le film était distrayant lors de l’écoute et réaliser toutes les failles et les raccourcis qui sont empruntés ne change pas vraiment quoi que ce soit à l’expérience viscérale (de la même façon qu’il est contre-productif de souligner les incongruités spatiales de Gravity, c’est un film à propos de solitude et d’introspection qui est une expérience viscérale qui se passe dans l’espace et non le contraire).

J’oserais même dire que le film à certains propos qui ont plus ou moins quelque chose à voir avec le piratage informatique. Dans l’ère informatique où tout est accessible au bout des doigts et des talents informatiques ne sont même plus vraiment nécessaire pour avoir accès à la vie privée de quelqu’un (un concept qui a tout simplement été explosé en mille morceaux au cours des dix dernières années), le sentiment d’avoir un droit sur cette information est chose courante. De plus, ce sentiment commence à s’étendre jusqu’aux célébrités en tant que telles, sentant que lorsqu’on investit (de notre absolu plein gré, dans nos temps libres) du temps et de l’énergie pour quelque chose, un retour équivalent nous est automatiquement dû (pour exemple de la chose, pensez à la fin de Mass Effect 3). Positionnez au centre d’un thriller le webmaster d’un site de photos d’une actrice célèbre et les autres déroulements est assez malin, donnant à l’ensemble du film un thème et faisant un commentaire ultime sur la chose (spoiler : c’est MAL). Le film va même un niveau plus loin en choisissant une actrice pornographique dans le rôle de la femme convoitée, étendant son commentaire à l’ensemble de l’industrie du divertissement.


En conclusion, GARDEZ VOS CERVEAUX AVEC VOUS EN TOUT TEMPS. Open Windows est un thriller original et bien construit qui joue avec un format qui est tout nouveau, mais qui a beaucoup de potentiel. C’est excitant à convoiter, puisqu’il est certain que d’autres vont se mettre à jouer avec ce format (nous avons déjà eu droit au magnifique court-métrange Noah). J’espère tout simplement qu’il ne va pas suivre le pas du « found-footage » et être utilisé dans n’importe quel contexte sans vrai signification ou réflexion.

MUK

*C’est étrange de constater que quand je me fâche, je me tourne vers ma langue seconde.

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