samedi 19 juillet 2014

Jacky au royaume des filles

Director : Riad Sattouf
Réalisé en 2014. Avec : Vincent Lacoste (Jacky) et Charlotte Gainsbourg (La Colonelle)
Vu dans le cadre de Fantasia 2014
Trailer : https://www.youtube.com/watch?v=dxBV1qKNcCE



Fantasia est de retour avec un nombre incroyable de films! J'ai dû me restreindre à 25 films puisque j'ai aussi un budget à considérer dans cette histoire. Donc voilà, je vais faire de mon mieux pour couvrir la majorité des films vu lors de cette édition 2014 de l'événement cinématographique le plus excitant de l'année à Montréal! Quoi de mieux pour commencer cette couverture que le film d'ouverture!

Jacky au royaume des filles prend place dans la fictive République démocratique et populaire de Bubunne, un monde où les femmes ont le pouvoir militaire et les caractéristiques traditionnellement genrées masculines (elles sont autoritaires, fortes, persécutrices, etc.) tandis que les hommes portent le voile et n'ont qu'un rêve : se marier avec la belle Colonelle et avoir plein de petites filles. L'idée géniale qu'à le film est d'approcher la chose au niveau comique, afin d'alléger la question qui serait sinon lourde. Il simplifie et rend accessible des concepts de dynamiques de pouvoirs qui sont en place dans notre société que l'on ne perçoit pas toujours puisque nous vivons dedans. Bien sur, le film fonctionne au premier degré, avec les blagues d'hommes qui agissent en femmes (ils paniquent à propos de leur coiffure pour être beau pour le Bal de la Bubunne, le père qui sert de proxénète pour ses enfants), mais des blagues plus subtiles d'univers fonctionne tout aussi bien, remettant en question le statu-quo en place que beaucoup ne réalisent pas est biaisé dans un sens (pourquoi certains mots sont-ils masculins? l'image des garçons qui se déplacent en gambadant tandis que les femmes sont des figures stoïques et froides semble ridicule au premier coup d’œil, mais en dit long).


De plus, en revirant les choses sans dessus-dessous, il devient vite évident que le rapport de force n'est pas le même. Une situation où une fille est brutalisée ou chosifiée est quelque chose d'atroce et est toujours un moment de tension dramatique dans un film, tandis que lorsque les rôles sont inversés, les réactions changent immédiatement. Il devient donc évident que la question n'est pas au niveau de la violence en tant que telle, mais bien du rapport en place établi qui est loin d'être juste. Et que même si on se félicite tellement de ne plus être dans un monde qui a tellement évolué depuis le moyen-âge de Game of Thrones, nous sommes encore dans un monde où nous n'avons pas atteint l'égalité puisque lorsqu'un homme est à la place d'une femme, c'est amusant! Par contre, l'humour du film ne vient pas juste du fait que les hommes agissent en femme (et ce n'est jamais au niveau gag ridicule et bourrin, nous n'avons pas ici affaire à la sissy), mais plutôt du ridicule de la chose lorsque le tabou des dynamiques de genres sont inversés (et beaucoup d'humour vient aussi de sources autres, comme de l'univers tout simplement déplorable dans sa pauvreté). C'est correct d'en rire puisque c'est une fiction et qu'au final, dans la réalité les hommes n'ont rien à craindre de cet univers, mais cette fiction expose une réalité qui est celle de la moitié de la planète (pour certains plus près de la réalité que d'autres). On parle ici d'un exemple extrême d'un pays qui représente évidemment le moyen-orient, mais avec cette hyperbole nous fait réalisé le ridicule de la situation dans notre monde.

Pour revenir plus à l'ordre du jour, si toute cette discussion plus "lourde" féministe semble effrayante, soyez sans craintes, le film en tant que tel est beaucoup plus léger (et je dirais même que c'est ce qui le rend plus efficace). On parle quand même d'un film où le pays vénère des chevalins sacrés et qui se nourrissent de bouillasse qui sort d'un évier dans le mur et l'humour est bien dosé, sachant quand rire, mais approchant tout de même le sujet avec un certain respect (le concept des laisses et chaînons est hilarante, mais donne froid dans le dos).


En conclusion, Jacky est un film amusant tout en restant intelligent et pertinent, surtout dans notre monde contemporain où le sexisme et la misogynie qui sont engrainée dans notre culture commencent tranquillement à montrer le bout de leur nez. Il faut juste avoir une vision plus optimiste de la chose que la finale du film suggère, nous avons encore beaucoup de chemin à faire.

MUK

Discussion post-film : je me sens obligé de mentionné à quel point c'est fâcheux que malgré tout cela, nous avons quand même droit à la scène :"Embrasse moi!" "Non, je veux pas" *pointe une arme et l'embrasse malgré elle et finalement c'est ce qu'elle voulait sans le savoir, mais le gars qui sait à peine lire et écrire lui est au courant de ses désirs*. Probablement le seul faux-pas du film qui doit pratiquement être ignoré pour que le reste du film garde sa signification thématique et qui montre à quel point ce genre de concept est tellement enraciné que même des gens qui font une film allant à l'encontre de ce genre de concept se retrouvent avec cette scène. Oh est après avoir vu Jacky et Boogie Nights dans la même semaine, je développe une certaine affection pour les films qui ont les couilles de finir leur film avec le dévoilement d'organes génitaux! Parce que l'amour c'est l'amour, couillon, pas couillon!

Aucun commentaire:

Publier un commentaire