mercredi 27 mai 2015

Tomorrowland

Directeur : Brad Bird
Réalisé en 2015. Avec : Britt Robertson (Casey Newton), George Clooney (Frank Walker), Raffey Cassidy (Athena) et Hugh Laurie (Nix)

Durant la semaine précédant sa sortie en salle, à deux reprises je me suis retrouvé à devoir essayer d’expliquer l’intrigue de Tomorrowland en me basant sur la campagne promotionnelle. Je ne trouvais rien de mieux que « c’est une ville du futur super cool et…ils veulent…y aller? » Aujourd’hui, après avoir vu le film, je n’aurais rien de mieux à offrir. Le monde de demain que nous promet Disney n’est que ça, une promesse.

La plus récente aventure réalisée par Brad Bird (qui n’avait que des succès à ce jour, The Iron Giant, Ratatouille, The Incredibles et le très inventif Mission Impossible IV) promet quelque chose d’excitant, mais en route se prend les pattes dans un scénario parsemé de décisions déconcertantes. Les personnages courent sans arrêt en évitant d’expliquer quoi que ce soit- les enjeux, leurs motivations ou passés - afin de préserver le sentiment de mystère qui entoure l’intrigue. Malheureusement, lorsque l’ultime révélation arrive, elle tombe à plat puisque incroyablement prévisible.

Cette information jalousement cachée au public est retenue jusqu’à la dernière seconde  et nous empêche d’être vraiment investi. Il semble qu’il y ait encore des cinéastes dans ce monde qui n’ont pas entendu la leçon d’Hitchcock expliquant la différence entre surprise et suspense. Il faut un minimum d’information pour investir un auditeur : les belles lumières et couleurs ont leurs limites.

Casey (Britt Roberston) se voie graciée d’une vision fantastique d’une ville du futur où l’espoir et la science règnent maitres. Elle veut à tout prix y aller, convaincu que son destin y repose. Des androïdes la pourchassent et un vieil inventeur aigri (George Clooney) ainsi qu’un robot aux allures de gamine (Raffey Cassidy) l’aident à travers une série d’embuches alambiquées afin de se rendre à destination. Compte à rebours menaçant et indices évasives d’une destruction imminente sont au rendez-vous pour convaincre le public que l’heure est grave!

Toute cette intrigue repose sur une structure précaire. Plus d’une heure passe avant d’arriver à l’explication du problème central auquel la solution est trouvée presque instantanément. L’ennemi s’oppose à cette solution par mesure de principe (puisqu’il est le méchant après tout) sous forme d’un monologue qui soulève quelques bons points, offrant des indices d’un plus intéressant vilain qui aurait été malmené par le script. La lutte finale s’étire sur une quinzaine de minutes et le générique vient ensuite prestement clore le tout. Le résultat évoque une équipe scénaristique ayant eu une commande de 120 pages et, n’étant pas certaine de pouvoir suffire à cette demande, elle aurait étiré l’introduction jusqu’à ce qu’elle réalise qu’il ne restait que 10 pages pour tout expliquer et conclure, une situation à laquelle de nombreux étudiants pourront s’identifier.

Le film n’est même pas capable de choisir un protagoniste à l’histoire qu’il raconte. Dans une ouverture maladroite, George Clooney et Britt Roberston se chamaillent pour savoir qui est en charge du récit, un conflit qui n’est jamais résolu. Le Frank Walker de Clooney prend d’abord la tête en racontant son introduction à Tomorrowland. Il permet d’assister à travers les yeux d’un jeune garçon plein d’espoir au déploiement d’une ville grandioses et de ses technologies excitantes. Sa jeune co-aventurière prend ensuite la relève et nous repartage dans une plus longue séquence tout l’émerveillement que transmet ce futur possible, mais dérobée de tout l’impact qu’elle aurait pu avoir puisque tout cela est maintenant du déjà-vu. Casey semble être le cœur de ce récit, mais c’est Frank qui a droit à la résolution émotionnelle – de son intrigue amoureuse avec une fillette de 12 ans, ce qui est un tout autre problème…

Cette incapacité de décider est malencontreuse puisque la performance de Britt Robertson est le seul aspect excitant de l’expérience (en dehors des rares séquences créatives signatures de Bird). Elle interprète une brillante ingénieure optimiste dont l’enthousiasme contagieux offre une raison de se préoccuper de la suite des choses lorsque rien d’autres n’arrive à le faire. Elle insuffle intelligence, humour et joie de vivre  au seul aspect – relativement - bien servi par le scénario. Puisque tous autour d’elle s’obstinaient à ne rien lui expliquer, elle partageait avec le public toute la confusion et parfois la frustration.

L’espoir en l’avenir et l’engouement scientifique que veut transmettre Tomorrowland est un noble effort. Par contre, l’histoire qui encadre ces idées échoue au niveau du scénario, incapable d’être rattrapée par la mise en scène plaisante d’un grand réalisateur. Avec de l’information pertinente cachée sans raison et une incapacité à choisir l’histoire racontée, l’expérience se révèle décevante à plusieurs niveaux.

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