Directeur : Brad Bird
Réalisé en 2015. Avec : Britt Robertson (Casey Newton), George Clooney (Frank Walker), Raffey Cassidy (Athena) et Hugh Laurie (Nix)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=1k59gXTWf-A
La plus récente aventure
réalisée par Brad Bird (qui n’avait que des succès à ce jour, The Iron Giant, Ratatouille, The Incredibles
et le très inventif Mission Impossible IV)
promet quelque chose d’excitant, mais en route se prend les pattes dans un scénario
parsemé de décisions déconcertantes. Les personnages courent sans arrêt en
évitant d’expliquer quoi que ce soit- les enjeux, leurs motivations ou passés -
afin de préserver le sentiment de mystère qui entoure l’intrigue.
Malheureusement, lorsque l’ultime révélation arrive, elle tombe à plat puisque incroyablement
prévisible.
Cette information
jalousement cachée au public est retenue jusqu’à la dernière seconde et nous empêche d’être vraiment investi. Il
semble qu’il y ait encore des cinéastes dans ce monde qui n’ont pas entendu la
leçon d’Hitchcock expliquant la différence entre surprise et suspense. Il faut
un minimum d’information pour investir un auditeur : les belles lumières
et couleurs ont leurs limites.
Casey (Britt Roberston)
se voie graciée d’une vision fantastique d’une ville du futur où l’espoir et la
science règnent maitres. Elle veut à tout prix y aller, convaincu que son
destin y repose. Des androïdes la pourchassent et un vieil inventeur aigri
(George Clooney) ainsi qu’un robot aux allures de gamine (Raffey Cassidy)
l’aident à travers une série d’embuches alambiquées afin de se rendre à
destination. Compte à rebours menaçant et indices évasives d’une destruction
imminente sont au rendez-vous pour convaincre le public que l’heure est grave!
Toute cette intrigue
repose sur une structure précaire. Plus d’une heure passe avant d’arriver à
l’explication du problème central auquel la solution est trouvée presque
instantanément. L’ennemi s’oppose à cette solution par mesure de principe (puisqu’il
est le méchant après tout) sous forme d’un monologue qui soulève quelques bons
points, offrant des indices d’un plus intéressant vilain qui aurait été malmené
par le script. La lutte finale s’étire sur une quinzaine de minutes et le
générique vient ensuite prestement clore le tout. Le résultat évoque une équipe
scénaristique ayant eu une commande de 120 pages et, n’étant pas certaine de
pouvoir suffire à cette demande, elle aurait étiré l’introduction jusqu’à ce
qu’elle réalise qu’il ne restait que 10 pages pour tout expliquer et conclure,
une situation à laquelle de nombreux étudiants pourront s’identifier.
Le film n’est même pas
capable de choisir un protagoniste à l’histoire qu’il raconte. Dans une
ouverture maladroite, George Clooney et Britt Roberston se chamaillent pour
savoir qui est en charge du récit, un conflit qui n’est jamais résolu. Le Frank
Walker de Clooney prend d’abord la tête en racontant son introduction à
Tomorrowland. Il permet d’assister à travers les yeux d’un jeune garçon plein
d’espoir au déploiement d’une ville grandioses et de ses technologies
excitantes. Sa jeune co-aventurière prend ensuite la relève et nous repartage
dans une plus longue séquence tout l’émerveillement que transmet ce futur
possible, mais dérobée de tout l’impact qu’elle aurait pu avoir puisque tout
cela est maintenant du déjà-vu. Casey semble être le cœur de ce récit, mais
c’est Frank qui a droit à la résolution émotionnelle – de son intrigue amoureuse
avec une fillette de 12 ans, ce qui est un tout autre problème…
Cette incapacité de
décider est malencontreuse puisque la performance de Britt Robertson est le
seul aspect excitant de l’expérience (en dehors des rares séquences créatives
signatures de Bird). Elle interprète une brillante ingénieure optimiste dont l’enthousiasme
contagieux offre une raison de se préoccuper de la suite des choses lorsque
rien d’autres n’arrive à le faire. Elle insuffle intelligence, humour et joie
de vivre au seul aspect – relativement -
bien servi par le scénario. Puisque tous autour d’elle s’obstinaient à ne rien
lui expliquer, elle partageait avec le public toute la confusion et parfois la
frustration.
L’espoir en l’avenir et
l’engouement scientifique que veut transmettre Tomorrowland est un noble effort. Par contre, l’histoire qui
encadre ces idées échoue au niveau du scénario, incapable d’être rattrapée par
la mise en scène plaisante d’un grand réalisateur. Avec de l’information
pertinente cachée sans raison et une incapacité à choisir l’histoire racontée, l’expérience
se révèle décevante à plusieurs niveaux.
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