dimanche 3 mai 2015

Avengers : Age of Ultron

Directeur : Joss Whedon
Réalisé en 2015. Avec : http://www.imdb.com/title/tt2395427/fullcredits?ref_=tt_cl_sm#cast
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=JAUoeqvedMo



Après avoir si récemment écrit sur The Winter Soldier, je ne peux ouvrir cette critique qu’en répétant que les films de Marvel sont d’abord et avant tout à propos de personnages. Ces individus sont des super-héros qui volent, ont des rayons lasers et sont pratiquement immortels, mais ce sont des individus dont les actions sont menées par des vices et des traits de caractères clairement définis que les films comprennent à merveille.

L’enthousiasme et l’excitation qui découle des séquences à grand déploiements nécessitant des tonnes et des tonnes d’effets spéciaux ne fonctionneraient  pas au tiers s’il n’y avait pas un sentiment de camaraderie et d’attachement aux individus qui sont impliqués dans ces extravagances cinématographiques. Après tant de films, nous connaissons et comprenons Tony Stark, Bruce Banner ou n’importe quel Avengers, autant leurs défauts que leurs qualités et c’est cette grande humanité qui fait de Age of Ultron une réussite.

Le second Avengers impose une perspective aux héros qu’ils n’avaient pas nécessairement considérés auparavant, questionnant leur place dans cet univers plus large en approchant leur aventure sous l’angle de l’humanité. Que ce soit l’humanité des personnages qui fait d’eux des êtres faillibles qui entre-déchirent autant qu’ils inspirent le public en salle, que l’humanité (avec un grand H) en tant que spectateur passif dans les marges d’un monde pour lequel ces héros se battent. Pour ce film, Whedon fait l’étonnant, mais brillant, choix de donner une place de choix à Hawkeye (en réparation à son absence dans le précédent film), qui offre une perspective plus terre-à-terre sur l’équipe et qui souligne vraiment les enjeux de leur lutte perpétuelle. (« Pretending we need this guy really brings the team together »)

Le fait que le film prend une halte au centre du film pour que tous prennent un peu de recul dans une maison de campagne isolée est une preuve du dévouement aux développements des personnages et que cette halte ne soit ni un temps mort ni une scène forcée révèle à quel point l’attrait se retrouve véritablement parmi ces icônes culturels que Marvel (et Disney) construit et développe avec une grande dévotion, sachant offrir avec beaucoup de soin au public ce qu’il demande. Placer ces figures plus grandes que nature dans une maison familiale typique offre une perspective essentielle qui solidifie ce pourquoi ils se battent et mettent constamment leur vie en danger. Cela leur permet aussi de se positionner dans ce scénario hypothétique. Où se place Steve Rogers, Natasha Romanoff ou Bruce Banner par rapport à cette famille nucléaire? La majorité des Avengers sont solitaires, ce qui rend plus « facile » leur sacrifice quotidien, mais quelqu’un de plus vulnérable dans leur groupe place la situation dans une nouvelle optique qui, sans faire d’eux des gardiens d’enfants, fait d’un devoir commun de s’assurer de la sécurité de leur compagnon, puisque s’ils ne peuvent pas protéger un icône du bon père de famille, ils ont échoué.


Ainsi, le film pose aussi la question de l’héritage. Que vaut leur lutte contre le mal (qu’ils ne cessent de créer ou d’attirer sur Terre) si les gens qui reçoivent des dons s’en servent contre eux (les jumeaux) ou que la population les craignent et rejette leur protection? Les choix de positions de caméras sont intéressants puisqu’ils situent ici et là des regards extérieurs qui se retrouvent coincés et impotents dans l’action qui se déroulent autour d’eux. L’attaque de Hulk sur une ville africaine semble particulièrement terrifiante lorsque vu de l’intérieur d’un camion qu’il déchiquette, autant que de se retrouver dans même wagon de train qu’Ultron et Capitaine America. Ces moments sont légèrement soulignés pour donner un autre angle aux scènes d’action, plaçant des civils en périphéries, par pour donner le sentiment de pertes humaines (Man of Steel), mais pour situer le spectateur dans l’action et ainsi faire comprendre la terreur qu’ils peuvent ressentir dans cet univers.

La perception du public est une chose, mais que laissent-ils derrière? La thématique de la jeunesse rebelle se retrouve dans les deux forces antagonistes qui s’allient au départ. Ultron est les jumeaux sont tous deux des créations (directe et indirecte) des actions des Avengers et ils leurs en veulent pour leur inévitable complicité dans la gigantesque machine « super-héroïque » qu’ils enclenchent en existant simplement. Par contre, leur bon côté prend ultimement le dessus lorsque les héros révèlent aussi à quel point ils peuvent inspirer et faire ressortir le meilleur de chacun et qu’ils sont dévoués et croient en la justesse de leur lutte.

Donc il fut démontré qu’il y a une intelligence dans les idées présentées, tout cela mis de l’avant dans un film qui crie sans arrêt « esprit d’équipe! ». La capacité de la bonté à intégrer sans arrêt des nouvelles pièces à cette équipe (les deux plans marquants et obligatoires du film, le plan-séquence et le traveling autour du groupe citent le premier, rappelant la réelle composante cruciale de la franchise) vient de pair avec l’acte impressionnant du réalisateur de maintenir en équilibre toutes ces composantes. Pour résumer rapidement : une dynamique de groupe réussie, une relation amoureuse étonnante, mais émouvante, des mises en scènes d’action créatives, l’introduction de 3 nouveaux personnages, une arche satisfaisante à un Avengers qui était le punch line du groupe auparavant, un méchant aussi dérangé qu’hilarant, énormément d’humour et une résonance thématique. Ouaip.

Au final, Joss Whedon a pu amener à tous ces aspects une cohésion qui évite ce qui aurait facilement pu être un énorme bordel narratif. Je ne peux m’empêcher de penser à ce commentaire de sa part qui est bien évidemment un petit gag, mais qui est pourtant si révélateur de l’énorme accomplissement qu’est la cohérence de base du récit, qu’il soit aussi distrayant, poignant, exaltant et intelligent fait de ce film un exemple à suivre en termes de film à grand déploiement, à tous les niveaux.

MUK

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