Directeur : Eran Riklis
Réalisé en 2014. Avec : Tawfeek Barhom (Eyad), Daniel Kitsis (Naomi), Michael Moshonov (Jonathan) et Yaël Abecassis (Edna)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=TW0Jjf3RrME
Réalisé en 2014. Avec : Tawfeek Barhom (Eyad), Daniel Kitsis (Naomi), Michael Moshonov (Jonathan) et Yaël Abecassis (Edna)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=TW0Jjf3RrME
Le conflit
israélo-palestinien est aujourd’hui si connu et ancré dans la culture qu’il
semble difficile d’imaginer une histoire située dans cette région sans qu’elle
touche de près ou de loin à cette crise. Dancing
Arabs garde le contexte socio-politique dans les marges de la vie d’un
adolescent en crise identitaire entre ses aspirations et ses origines. Grâce à
des aspects plus familiers, il réussit à rendre très accessible un message
identitaire à un public qui n’est pas nécessairement érudit de la situation qui
encadre le récit.
Eyad est un prodigieux
enfant arabe du quartier de Tira. Il est fils d’un ancien militant au potentiel
gâché qui fut renvoyé d’une des meilleures écoles du pays et est aujourd’hui
condamné à un travail de ramasseur de fruits. Il saute donc logiquement de joie
lorsque son fils est accepté au plus prestigieux collège à Jérusalem. C’est à
cette école qu’Eyad rencontre Naomi, une jeune israélienne avec qui il
entre dans une illicite histoire d’amour. Après la famille et l’amour, le
scénario prend une troisième tournure
plus soudaine pour plonger au cœur de la véritable et très dense question qui
l’intéresse, l’identité.
En débutant avec une
comédie familiale plus légère suivie d’un drame adolescent aux codes habituels
(moquerie des camarades, intimidation, scènes de classes sur un thème lié au
récit), le film nous guide vers une finale très inattendue qui offre une perspective
ultime plutôt sombre. Les multiples formes, de la comédie de situation à l'histoire
d’amour en passant par le film d’adolescents, peuvent rendre l’expérience plus difficile puisqu’elles exigent une certaine confiance de la part du spectateur. Lorsque
les intrigues principales sont constamment reléguées au second plan (la
famille, la copine), il devient plus exigeant de suivre le véritable point
central du film - l’identité d’Eyad - à travers ces nombreux sauts dans les
genres. Malgré ces constants changements de point d’attention, l’intérêt demeure
puisqu’il y a une maitrise du scénario qui nous garde constamment complice de
la situation à l’écran, à l’aide, entre autre, de référents culturels très
familiers.
Sans avoir de parti pris
politique, Eran Riklis s’intéresse plus aux dommages collatéraux des individus
qui se retrouvent coincés dans cette crise historique dans laquelle ils ne
voient que la discrimination et les célébrations lors du bombardement de leur
propre pays. Tel les protagonistes de La
fiancée syrienne dont les passeports marquent « Nationalité :
indéterminée », Eyad se retrouve dans un environnement qui le tire
constamment dans plusieurs directions, avec une famille qui lui indique une chose,
un amour interdit dans une autre part de sa vie qui complexifie le tout et un
ami souffrant de dystrophie musculaire qui l’aide à remettre les choses en
perspective.
Eyad se retrouve dans
plusieurs situations qui le forcent à confronter des questions complexes. Que
se passe-t-il lorsqu’il n’a plus rien à voir avec ceux qu’il déclarait être sa
famille? Que son nom et tout ce dont il vient lui empêchent d’avancer dans la
vie? Quel compromis est-il prêt à faire dans un monde qui ne fera pas
nécessairement de compromis avec lui? C’est un jeune homme intelligent et
débrouillard qui suit un chemin vers une résolution qui ne fait pas lui la
victime, mais conclut sobrement face à l’inévitabilité de la situation.
Sans être directement
centré sur le conflit israélo-palestinien, Dancing
Arabs est immanquablement à propos de cette crise identitaire qui ronge une
jeunesse qui, universellement, se cherche, ici, dans un environnement
particulier. Il rend très concret et compréhensible la problématique, en critiquant
justement les deux côtés pour faire ressortir la lutte humaine au cœur de cette
tension omniprésente.
MUK
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