Cette semaine Game of Thrones s’intéressait à la place
essentielle du mensonge et de la vérité dans son univers, autant comme un outil
de manipulation que de survie. Grâce aux modifications du livre qui condense et
combine les intrigues, la série peut se permettre des épisodes plus concentrés
qui respirent mieux, sans qu’une histoire en particulier donne le sentiment d’être
obligatoire ou forcée.
Arya est la première à se
retrouver confrontée à la difficulté de cacher qui elle est devant une
situation particulière. Après s’être fait donner une leçon très littérale sur cette
qualité essentielle, elle use de son nouveau talent pour offrir le « don »
à une jeune fille mourante dans la sérénité. Elle (et le public) est
récompensée par une visite dans un lieu que je ne pouvais imaginer que dans mes
rêves les plus fous. Je doutais que la série ailles vers quelque chose d’aussi
étrange qu’une salle remplie de masque de gens décédés comme répertoire de
déguisements d’assassins et, à mon plus grand bonheur, ils l’ont fait!
Considérant qu’ils agissent plus ou moins comme les masques-magiques de Mission Impossible, j’espère simplement
qu’il n’y aura pas trop de scènes où nous perdrons la performance de Maisie
Williams au dépend d’une actrice inconnue.
Ailleurs sur le continent
exotique de « across-the-narrow-sea », Jorah et Tyrion partagent une
légère accalmie avant d’être embarqués par des esclavagistes. Dans leur
conversation, le choix judicieux fut d’apporter à la conversation des souvenirs
d’événements auxquels nous avons assistés. Très souvent les personnages de GoT entrent dans des tirades sur le
temps passé et les exploits d’un monde pré-série et nous n’avons d’autre choix
que de leur faire confiance. Ici, puisque l’épisode est parsemé de mensonges et
de manipulations, entendre des histoires auxquelles nous avons assisté est la
seule façon de s’assurer qu’elles sont belles et bien vrais. Après un court
moment de calme et d’honnêteté, Tyrion se retrouve encore une fois forcé de
manipuler la réalité afin de sauver leurs peaux, en vantant les mérites
guerriers de Jorah et se rattachant aux « propriétés magiques » de
son pénis pour garder sa tête.
Les personnages de Dorne
continuent d’être l’intrigue la plus décevante de la saison, sans aucune
profondeur ou complexité. L’idée d’envoyer Jaime en compagnie de Bronn fut
définitivement leur meilleure décision puisque tout ce qui les entourent ne
lève pas et ne rend pas justice à ma famille favorite des romans! Quoi qu’après
cette discrète coupure par les armes des jeunes guerrières, il semble que le
temps de Bronn soit compté, mais pas avant que Jerome Flynn ne nous chante un
nouvel hymne GoT-ien! Jaime qui se
glisse déguisé (un mensonge en soi) pour tenter de sauver Myrcella résume son
état émotionnel. Malgré toutes les couches de prétentions qui lui furent
retirés au cours des deux dernières saisons, il continue quand même de garder
une certaine apparence en mentant autant aux autres qu’à lui-même afin de
garder en vie l’espoir naïf qu’il pourra un jour être avec celle qu’il aime,
aussi toxique et impossible que cette idée soit.
Dans la capitale, Cersei y
va de plein gaz avec ses manipulations pour se débarrasser de ses ennemis.
Loras, plus ou moins pris sur les faits, se retrouve jeté au cachot en
compagnie de sa sœur, dont les complots en début de saison ne lui ont pas rendu
la monnaie de sa pièce puisque le roi qu’elle a séduite comme principal allié
se révèle de plus en plus impotent. Les jeunes Tyrells devront dépendre du
nouveau joueur en ville, la favorite de tous, Olenna Tyrell! Qui arrive en
ville pour s’assurer que cette mesquine Cersei ne s’en sorte pas aussi
facilement après avoir humilié et fait emprisonner ses petits-enfants.
Aussi de passage est l’impossible
à cerner Littlefinger, qui, dans un thème qui est son élément, nous rappelle
pourquoi il est dans une aussi bonne position aujourd’hui. Tandis que d’autres
personnages aux fils des saisons enlèvent progressivement des couches pour se
révéler peu à peu, le seigneur des Eyrié continue à s’enfouir sous d’innombrables
mensonges, faisant de lui une énigme qui contourne toute interprétation.
Après la religion, l’heure
se termine sur le plus grand mensonge institutionnalisé de tous, le mariage.
Sansa remet à sa place la concubine de Ramsay qui se sert de faits véridiques
pour effrayer sa rivale. Elle déclare qu’elle ne peut être effrayée et qu’elle
est maitresse en ces lieux, démontrant sa détermination à se réapproprier sa
maison ancestrale. Elle entre dans cette situation en pleine connaissance de
cause et l’inévitable se produit. Telle Daenerys dans le deuxième épisode, elle
se retrouve brutalement violée le soir de sa nuit de noce après une leçon d’honnêteté
par son mari suivi d’un sympathique « I just want you to be happy ».
(Avertissement :
énorme bloc de texte plus ou moins édité sur une question très spécifique,
lisez à vos propres risques)
L’internet s’est retrouvé
presque immédiatement en polémique devant ce moment et je dois avouer que mes
sentiments par rapport à la chose sont très complexes, ce qui est normal
puisque la discussion autour de la chose l’est encore plus. D’un côté, je comprends
parfaitement la présente situation culturelle autour du viol et de l’abus des
femmes dans la fiction, la haute disproportion d’attaques sexuelles sur les
femmes depuis que nous racontons des histoires par rapport à celles des hommes.
Le Bechdel test ne sert pas nécessairement à juger la valeur d’un film en soi,
mais plutôt à mettre en valeur une problématique plus large de manque de
représentation et j’ai l’impression que la frustration autour de cet épisode
découle également d’une certaine frustration culturelle où chaque nouvel
exemple ne fait que rajouter à la pile de viols en fiction qui ne servent qu’à
exploiter gratuitement le corps de la femme à des fins narratives
irresponsables. Par contre, dans ce contexte particulier, après y avoir
longuement réfléchit, je trouve que le traitement de cette scène fut fait de
façon intelligente, responsable et dans le contexte de l’émission s’ajuste avec
tout ce à quoi la série nous a préparés à ce jour. Daenerys en première saison
s’est retrouvée dans la même situation avec encore moins de pouvoir et elle
règne aujourd’hui sur une cité entière. Sansa ne fut pas kidnappée et prise
contre son gré, elle considère cette nuit de noce comme un rituel fâcheux mais
inévitable. Ce résultat désagréable soulève aussi toute la question du viol conjugal,
qui est encore aujourd’hui une réalité stigmatisée qui mérite discussion. De
plus, certains voient cela comme une trahison du personnage de Sansa, qui,
depuis plusieurs épisodes, apprenait à devenir une femme en contrôle et en pleine
possession de ses moyens. Lors de l’ouverture de la saison, Mance Rayder se
voit offrir un choix et, en pleine possession de ses moyens, choisi ses
convictions au lieu de sa propre vie, faisant de lui un martyr dans la plus
pure tradition chrétienne. Lorsqu’il se retrouve confronté à la dure réalité
des flammes, il panique, hurle de douleurs et souffre énormément. Il n’est
jamais arrivé que quiconque se dise que suite à cette souffrance exprimée il
ait perdu de sa force de caractère, au contraire. Cette scène n’est pas
nécessairement équivalente puisqu’il n’y a pas le contexte de sexualité et de
dynamique de pouvoir sexuée, mais elle reste quand même pertinente en termes de
comparaison avec la responsabilité d’une décision (par opposition à une
imposition) et de faire face à ses conséquences.
L’épisode se conclut donc
sur une note amère qui n’enlève pas à l’émission toute la richesse thématique
traitée par les diverses histoires. De plus, il est toujours important de se
rappelle que nous parlons d’une sorte d’histoire racontée sur plusieurs semaines
et que nous pourrons juger pleinement de chaque décision en rétrospective
lorsque les retombées auront eu lieu. Comme chaque chapitre d’un livre nous
donne une idée de la progression de l’histoire, c’est du livre entier dont nous
parlerons tous au final.
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Seules remarques de la semaine (faute de temps):
- Bryan Cogman est 3/3 sur des puissances scènes de bains (avec Jaime et Brienne dans la saison 3 et Theon/Reek et Ramsay dans la saison 5)
- J'en suis au point où l'évidence de la mort de Bronn me fait douter de ma prédiction, puisqu'elle semble semble trop évidente à ce point.
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