mercredi 20 mai 2015

Game of Thrones - S05E06 : Unbowed, Unbent, Unbroken

Cette semaine Game of Thrones s’intéressait à la place essentielle du mensonge et de la vérité dans son univers, autant comme un outil de manipulation que de survie. Grâce aux modifications du livre qui condense et combine les intrigues, la série peut se permettre des épisodes plus concentrés qui respirent mieux, sans qu’une histoire en particulier donne le sentiment d’être obligatoire ou forcée.


Arya est la première à se retrouver confrontée à la difficulté de cacher qui elle est devant une situation particulière. Après s’être fait donner une leçon très littérale sur cette qualité essentielle, elle use de son nouveau talent pour offrir le « don » à une jeune fille mourante dans la sérénité. Elle (et le public) est récompensée par une visite dans un lieu que je ne pouvais imaginer que dans mes rêves les plus fous. Je doutais que la série ailles vers quelque chose d’aussi étrange qu’une salle remplie de masque de gens décédés comme répertoire de déguisements d’assassins et, à mon plus grand bonheur, ils l’ont fait! Considérant qu’ils agissent plus ou moins comme les masques-magiques de Mission Impossible, j’espère simplement qu’il n’y aura pas trop de scènes où nous perdrons la performance de Maisie Williams au dépend d’une actrice inconnue.

Ailleurs sur le continent exotique de « across-the-narrow-sea », Jorah et Tyrion partagent une légère accalmie avant d’être embarqués par des esclavagistes. Dans leur conversation, le choix judicieux fut d’apporter à la conversation des souvenirs d’événements auxquels nous avons assistés. Très souvent les personnages de GoT entrent dans des tirades sur le temps passé et les exploits d’un monde pré-série et nous n’avons d’autre choix que de leur faire confiance. Ici, puisque l’épisode est parsemé de mensonges et de manipulations, entendre des histoires auxquelles nous avons assisté est la seule façon de s’assurer qu’elles sont belles et bien vrais. Après un court moment de calme et d’honnêteté, Tyrion se retrouve encore une fois forcé de manipuler la réalité afin de sauver leurs peaux, en vantant les mérites guerriers de Jorah et se rattachant aux « propriétés magiques » de son pénis pour garder sa tête.

Les personnages de Dorne continuent d’être l’intrigue la plus décevante de la saison, sans aucune profondeur ou complexité. L’idée d’envoyer Jaime en compagnie de Bronn fut définitivement leur meilleure décision puisque tout ce qui les entourent ne lève pas et ne rend pas justice à ma famille favorite des romans! Quoi qu’après cette discrète coupure par les armes des jeunes guerrières, il semble que le temps de Bronn soit compté, mais pas avant que Jerome Flynn ne nous chante un nouvel hymne GoT-ien! Jaime qui se glisse déguisé (un mensonge en soi) pour tenter de sauver Myrcella résume son état émotionnel. Malgré toutes les couches de prétentions qui lui furent retirés au cours des deux dernières saisons, il continue quand même de garder une certaine apparence en mentant autant aux autres qu’à lui-même afin de garder en vie l’espoir naïf qu’il pourra un jour être avec celle qu’il aime, aussi toxique et impossible que cette idée soit.

Dans la capitale, Cersei y va de plein gaz avec ses manipulations pour se débarrasser de ses ennemis. Loras, plus ou moins pris sur les faits, se retrouve jeté au cachot en compagnie de sa sœur, dont les complots en début de saison ne lui ont pas rendu la monnaie de sa pièce puisque le roi qu’elle a séduite comme principal allié se révèle de plus en plus impotent. Les jeunes Tyrells devront dépendre du nouveau joueur en ville, la favorite de tous, Olenna Tyrell! Qui arrive en ville pour s’assurer que cette mesquine Cersei ne s’en sorte pas aussi facilement après avoir humilié et fait emprisonner ses petits-enfants.

Aussi de passage est l’impossible à cerner Littlefinger, qui, dans un thème qui est son élément, nous rappelle pourquoi il est dans une aussi bonne position aujourd’hui. Tandis que d’autres personnages aux fils des saisons enlèvent progressivement des couches pour se révéler peu à peu, le seigneur des Eyrié continue à s’enfouir sous d’innombrables mensonges, faisant de lui une énigme qui contourne toute interprétation.

Après la religion, l’heure se termine sur le plus grand mensonge institutionnalisé de tous, le mariage. Sansa remet à sa place la concubine de Ramsay qui se sert de faits véridiques pour effrayer sa rivale. Elle déclare qu’elle ne peut être effrayée et qu’elle est maitresse en ces lieux, démontrant sa détermination à se réapproprier sa maison ancestrale. Elle entre dans cette situation en pleine connaissance de cause et l’inévitable se produit. Telle Daenerys dans le deuxième épisode, elle se retrouve brutalement violée le soir de sa nuit de noce après une leçon d’honnêteté par son mari suivi d’un sympathique « I just want you to be happy ».

(Avertissement : énorme bloc de texte plus ou moins édité sur une question très spécifique, lisez à vos propres risques)

L’internet s’est retrouvé presque immédiatement en polémique devant ce moment et je dois avouer que mes sentiments par rapport à la chose sont très complexes, ce qui est normal puisque la discussion autour de la chose l’est encore plus. D’un côté, je comprends parfaitement la présente situation culturelle autour du viol et de l’abus des femmes dans la fiction, la haute disproportion d’attaques sexuelles sur les femmes depuis que nous racontons des histoires par rapport à celles des hommes. Le Bechdel test ne sert pas nécessairement à juger la valeur d’un film en soi, mais plutôt à mettre en valeur une problématique plus large de manque de représentation et j’ai l’impression que la frustration autour de cet épisode découle également d’une certaine frustration culturelle où chaque nouvel exemple ne fait que rajouter à la pile de viols en fiction qui ne servent qu’à exploiter gratuitement le corps de la femme à des fins narratives irresponsables. Par contre, dans ce contexte particulier, après y avoir longuement réfléchit, je trouve que le traitement de cette scène fut fait de façon intelligente, responsable et dans le contexte de l’émission s’ajuste avec tout ce à quoi la série nous a préparés à ce jour. Daenerys en première saison s’est retrouvée dans la même situation avec encore moins de pouvoir et elle règne aujourd’hui sur une cité entière. Sansa ne fut pas kidnappée et prise contre son gré, elle considère cette nuit de noce comme un rituel fâcheux mais inévitable. Ce résultat désagréable soulève aussi toute la question du viol conjugal, qui est encore aujourd’hui une réalité stigmatisée qui mérite discussion. De plus, certains voient cela comme une trahison du personnage de Sansa, qui, depuis plusieurs épisodes, apprenait à devenir une femme en contrôle et en pleine possession de ses moyens. Lors de l’ouverture de la saison, Mance Rayder se voit offrir un choix et, en pleine possession de ses moyens, choisi ses convictions au lieu de sa propre vie, faisant de lui un martyr dans la plus pure tradition chrétienne. Lorsqu’il se retrouve confronté à la dure réalité des flammes, il panique, hurle de douleurs et souffre énormément. Il n’est jamais arrivé que quiconque se dise que suite à cette souffrance exprimée il ait perdu de sa force de caractère, au contraire. Cette scène n’est pas nécessairement équivalente puisqu’il n’y a pas le contexte de sexualité et de dynamique de pouvoir sexuée, mais elle reste quand même pertinente en termes de comparaison avec la responsabilité d’une décision (par opposition à une imposition) et de faire face à ses conséquences.

L’épisode se conclut donc sur une note amère qui n’enlève pas à l’émission toute la richesse thématique traitée par les diverses histoires. De plus, il est toujours important de se rappelle que nous parlons d’une sorte d’histoire racontée sur plusieurs semaines et que nous pourrons juger pleinement de chaque décision en rétrospective lorsque les retombées auront eu lieu. Comme chaque chapitre d’un livre nous donne une idée de la progression de l’histoire, c’est du livre entier dont nous parlerons tous au final. 

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Seules remarques de la semaine (faute de temps):
  • Bryan Cogman est 3/3 sur des puissances scènes de bains (avec Jaime et Brienne dans la saison 3 et Theon/Reek et Ramsay dans la saison 5)
  • J'en suis au point où l'évidence de la mort de Bronn me fait douter de ma prédiction, puisqu'elle semble semble trop évidente à ce point.

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