Directrice : Mélanie Laurent
Réalisé en 2014. Avec : Joséphine Japy (Charlie) et Lou de Laâge (Sarah)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=0yig56uDAiM
Telle l’intrigante Emma
qui vient débloquer les perspectives du monde de la protagoniste dans La vie d’Adèle, Respire s’intéresse à une dynamique similaire entre deux amies qui
semblent se compléter à leurs façons. Le script est conscient que cette
observation presque mondaine d’une amitié typique pourrait ennuyer et choisit
donc d’adopter une tournure particulière qui fait lentement glisser le tout
vers un autre ton.
La rencontre de Charlie
(Joséphine Japy) et Sarah (Lou de Laâge) ouvre dans le plus stéréotypé des drames
français pour tomber progressivement dans un scénario qui frise l’horreur
psychologique. Une est enfant unique vierge qui vit dans l’asphyxiant climat de
terreur qu’engendre un mariage constitué exclusivement d’engueulades ; l’autre
est une bohème globe-trotter expérimentée sexuellement et rempli d’anecdotes de
vie en dehors du la cage banlieusarde. Elles répondent donc aux critères de
stéréotypes complémentaires.
Charlie s’attache
rapidement à cette nouvelle présence qui semble si transgressive : elle
répond aux adultes, dit les choses comme elles sont, sèche les cours et
fréquente des gens plus vieux. Elle devient accro à l’intensité que lui procure
cette proximité avec Sarah, ce flot infini de sensations. Malheureusement, comme
avec n’importe quelle drogue, le crash suit inévitablement. Il prend ici une
forme de torture mentale pour lequel très peu seraient préparés et encore moins
une adolescente.
Le film ne fait pas
nécessairement dans la subtilité symbolique : Charlie souffre d’asthme sous
le titre Respire, les enseignements
des professeurs sont des fois si grossièrement liés au scénario qu’elles
pourraient être adressés directement à la caméra, une étudiante reçoit des
constants appels haineux d’inconnus qui sont le résultat d’une campagne de
harcèlements pendant qu’elle révise ses notes sur… la Guerre Froide. Cette
tartinée épaisse pourrait être distrayante pour certains, mais elle permet au
film de jouer large et de frapper plus fort lorsqu’il veut faire ressentir la
tension.
La force du long-métrage
dépend grandement des performances du duo de protagonistes, qui se doivent
d’être de haut calibre. Heureusement, sous la direction d’une actrice elle-même
talentueuse, les deux jeunes adultes développent ensemble une relation passionnelle
sous toutes ses variantes, autant de l’attachement que de la colère. Joséphine
Japy débute très timidement, mais apprend de son amie et prend peu à peu sa
place, démontrant discrètement l’évolution qu’engendre cette amitié. Lou de
Laâge de son côté incarne une véritable énigme, puisqu’elle est enfouie – perdue
même - sous un nombre incalculable de mécanismes de défense qui la
rendent difficile à cerner jusqu’au bout.
Ne cherchant pas à faire
dans la résonance thématique, mais plutôt dans l’observation attentive d’une
relation spécifique, Respire offre
une intimité rarement couplée à une atmosphère de tension exponentielle qui mène
à une finale satisfaisante. Avec ce long métrage percutant, Mélanie Laurent se
prouve une directrice à la hauteur de son talent d’actrice.
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