Directeur : Xavier Beauvois
Réalisé en 2014. Avec : Benoît Poelvoorde (Eddy) et Roschdy Zem (Osman)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=KD-qwRr45CM
Lorsque deux hommes
décident de kidnapper le corps de Charlie Chaplin, il s’agit inévitablement d’individus
soit découragés ou niais. Le hasard cosmique a agencé à ce crime des
malfaiteurs qui sont les deux, encore plus fauchés qu’ils sont sots. Ils ont
malgré tout le cœur à la bonne place, ce qui entrelace une thématique à
l’anecdote. Que deux pauvres innocents (dans le sens péjoratif du terme)
entreprennent de voler le cadavre de l’homme derrière Charlot, l’icône du
malchanceux bien intentionné qui lutte contre le système simplement pour sa
survie, est d’une perfection narrative qu’elle semblerait poussée si fictive.
Cette idée ferait un
long-métrage intéressant s’il allait plus loin que répéter à quel point ces
clowns qui font des clowneries associées à un grand clown est d’une coïncidence
thématique incroyable! N’ayez crainte, si vous n’étiez pas certain d’avoir
saisi cette subtilité, un avocat dicte de la façon la plus littérale possible
cette thématique en scène finale, dans un discours parsemé d’étranges sauts
dans l’image.
On n’y va pourtant pas de
main morte dans la symbolique visuelle, avec d’innombrables moments qui tracent
le parallèle direct entre les protagonistes et Charlot (musique de film muet
qui supplante les dialogues, emphase sur les simagrées et gesticulations). Ces rares traits de personnalité sont les plus
grandes réussites du film, puisqu’elles font office d’un hommage senti à une
légende. Plus d’honnêteté émotive ressort de ces séquences comiques que dans la
tension centrale des protagonistes. Les jeux intéressants la rachètent en
partie. L’humour physique de Benoît Poelvoorde contrastant avec la gravité
sobre de Roschdy Zem permet de s’amuser avec cette dynamique, surtout dans la
figure du Charlot confrontée aux réelles difficultés de la vie.
Malheureusement, cet
excellent aspect loufoque est rattaché à des drames familiaux si conventionnels
qu’ils contrastent avec peine au film plus intéressant qui montre le bout de
son nez de temps à autres. Les raccourcis narratifs ne sont pas problématiques en
soi, puisque nous parlons d’un hommage à un type de cinéma qui a fondé ces
conventions. Ils sont cependant présentés de façon si insipide qu’elles ennuient
au point d’être des ancres qui trainent vers le fond des moments charmants essayant
de produire quelque chose de différent et original.
Malgré tout, les bons
côtés ne viennent pas s’agencer pour créer un tout consistant. Le résultat
décevant frustre précisément parce que l’idée centrale était si prometteuse.
C’est une tiède recommandation pour certains moments charmants qui rappellent
les iconiques farces du plus gentil des deux moustachus des années 30.
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