Directrice : Léa Pool
Réalisé en 2015. Avec : Céline Bonnier (Augustine), Lysandre Ménard (Alice), Diane Lavallée (Soeur Lise), Valérie Blais (Soeur Claude) et Marie Tifo (La méchante Mère Générale).
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=egvqwdSPATs
Réalisé en 2015. Avec : Céline Bonnier (Augustine), Lysandre Ménard (Alice), Diane Lavallée (Soeur Lise), Valérie Blais (Soeur Claude) et Marie Tifo (La méchante Mère Générale).
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=egvqwdSPATs
Le plus grand accomplissement de La passion d’Augustine est
de présenter un groupe de protagonistes dont l’ennemi se résume à la modernité
et le progrès, toutes des choses qui, avec le recul historique, sont
d’excellentes choses, pour qu’on s’y attache progressivement. Par contre, en
dehors de quelques détails intéressants, le reste de l’histoire n’arrive pas à
réellement à rassembler ensembles toutes les idées qui veulent être approchées
et échoue à construire une dynamique centrale qui devrait faire office de tissu
connecteur pour l’ensemble des thèmes abordés.
Augustine est à la tête d’un couvent/école de musique et
l’enseignement de cet art est ce qui domine ses pensées plus que tout (d’où le
titre!). Son couvent est considéré comme une aberration dans la communauté
ecclésiastique (ce n’est jamais vraiment expliqué pourquoi, en dehors de $$$)
et elle doit constamment se battre avec les plus hauts placés pour la survie de
son école. Elle se retrouve aussi mentor d’une « jeune avec une
attitude » qui se révèle être un prodige du piano, tout comme elle l’était
à son âge. Tout l’aspect thématique et le message général d’ensemble du film
est pertinent et intéressant, mais ultimement ne prend pas forme dans la
narration. La relation entre les personnages manque de vie et n’arrive pas à
stimuler l’intérêt suffisamment pour forger une vrai dynamique qui soulèverait
encore mieux l’aspect humain du conflit et du drame de l’évolution d’une
société et des groupes profondément ancrés dans la tradition.
Toute la question des difficultés de la modernité pour les sœurs
fonctionne particulièrement bien. On comprend les raisons qui amèneraient
certaines personnes à se tourner vers le confort et la sécurité du voile et par
conséquent l’épreuve émotionnelle qu’est l’acceptation du changement. Cette
dynamique devrait, plus qu’ailleurs, prendre vie dans la relation entre
Augustine la traditionnelle et Alice la moderne. Augustine voit en Alice une
jeune version d’elle-même, une façon de réparer certaines erreurs passées et
son évolution devra se faire par l’acceptation de ce changement afin de
rejoindre à mi-chemin cette jeunesse qui diverge de ce qu’elle connait du
monde.
Alice est l’aspect le plus faible du film et pourtant essentielle.
Elle est la manifestation de la modernité qui doit être acceptée et même « domptée »
par Augustine. En dehors de l’étiquette de « jeune turbulente aux
problèmes familiaux vagues », elle n’a pas réellement de personnalité et
semble traversée une progression émotionnelle simplement parce que le scénario
l’exige. Elle ne fait que réagir et accepte rapidement sa situation pour
ensuite se rebeller, pour ensuite l’accepter à nouveau et se rebeller à
intervalles sans qu’il semble y avoir de connexion ou d’évolution entre ses
moments. Parfois elle est la jeune en colère qui en veut au système (parce
que!) et parfois elle est l’étudiante modèle qui pratique son piano et va
remporter le championnat!
Son talent musical est introduit lors de la séquence la plus vivante
du film. Elle entame une pièce musicale classique pour ensuite improviser avec
énergie quelque chose de moderne et d’enthousiaste. Elle prend manifestement
plaisir à la chose et, étant quelqu’un de très peu loquace, peut enfin
s’exprimer. Malheureusement, ce moment est unique et isolé. Elle tente une
seconde fois d’improviser pour se faire dire que c’est inapproprié et
« s’accomplit » (on le sait puisque c’est la scène du concours final)
avec la chanson classique qu’elle a répétée, sans y ajouter de personnalisation.
Elle débute comme étant la meilleure élève et s’en va jusqu’à la
victoire sans que son statut ne soit remis en question. Il semble évident
qu’ils se sont tournés vers des acteurs qui étaient des musiciens avant tout,
permettant à la jeune protagoniste de mettre de l’avant son talent sans
tricheries cinématographiques. Pour ce faire, ils se sont retrouvés avec une
actrice inexpérimentée qui avait quelques fois de la difficulté avec ses
dialogues. Elle arrivait toutefois à crisper le visage de tristesse, ce qui
était très utile à certains moments clés du film, mais ils n’étaient pas assez
forts pour racheter une performance d’ensemble qui aurait bénéficié d’un peu
plus de pratique. Pour être juste, le personnage en soi n’a pas une grande
profondeur, la limitant dans ce qu’elle pouvait jouer. Les actrices chevronnées
qui l’entourent rattrapaient la balle, avec des petits moments de leurs
quotidiens qui donnaient vie à ce groupe de sœurs.
En conclusion, malgré un thème pertinent à explorer au Québec
(notre rapport avec notre culture et nos traditions est une inépuisable source de
sujets), l’histoire racontée, le drame mis de l’avant dans La passion
d’Augustine n’arrive pas
réellement à rassembler toutes les idées mises de l’avant, résultant en un film
quelque peu décousu avec de très forts moments musicaux, qui auraient
bénéficiés d’un peu plus de diversité. Ultimement, le film réussit à nous
parler des bénéfices du progrès, sans remettre en question leur utilité, tout
en démontrant une forte empathie pour les gens qui ont eu de la difficulté
durant cette période.
MUK
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