Directeur : James Wan
Réalisé en 2015. Avec : Vin Diesel (Dom), Paul Walker (Brian), Michelle Rodriguez (Letty), Tyrese Gibson (Roman), Ludacris (Tej), Dwayne Johnson (Hobbs), Jordana Brewster (Mia), Kurt Russell (Mr. Nobody) et (finalement) Jason Statham (Deckard Shaw)
Il est rare de voir un film contenant autant de voitures de luxes, de cascades absurdes, d’explosions, de cadrages de fessiers vibrants et de muscles suants être aussi transparent de ses émotions. Les protagonistes accomplissent effectivement des cascades qui défient toutes lois de la physique apprises à la petite école, tels d’invulnérables divinités, et pourtant sautent sur chaque occasion possible de montrer leur vulnérabilité émotionnelle. N’ayant qu’une connaissance approximative de la franchise (seuls les numéros 1 et 4 comptent à mon effectif de visionnement), il était dur de s’imaginer, en allant voir le septième opus d’une franchise construite sur des bases de course de rue, que Vin Diesel approchait cette franchise non pas comme son one-man show, mais plutôt une pièce d’ensemble fortement centrée sur l’idée d’entraide et de famille, et ce avec la plus grande honnêteté.*
Le film ne perd pas trop de temps à établir son univers, avec l’introduction du vilain Jason Statham dans une séquence si bédéesque qu’elle renvoie au vestiaire la majorité des films qui citent directement des bande-dessinées. À partir de ce point, l’équilibre entre les plaisanteries de groupes, les phrases réfléchies et pleines de gravités de Vin Diesel et les séquences d’action aux chorégraphies d’une planification Spielbergienne est maintenu, parfois avec une certaine difficulté. Les scènes clichés émotionnelles fonctionnent (presque toutes) puisqu’il semble évident que la franchise embrasse pleinement ses nouveaux apparats de « soap-opéra », qui découlent d’une longue construction approximative d’une mythologie interne qu’un ignorant comme moi pouvait suivre relativement facilement en combinant quelques connaissances de base et les indices mis dans le scénario pour mettre à jour ceux aux mémoires moins fiables.
Il semble superflu de
spécifier que les scènes se concentrant sur les personnages seraient
probablement plus efficaces pour un public qui connait et est attaché aux
personnages après avoir passé plus de 12 heures en leurs compagnies. Pourtant,
même pour quelqu’un qui n’était familier qu’avec environ la moitié du groupe,
leurs interactions et badinages n’ont jamais ennuyés et permettent de cerner
qui est qui dans ce groupe. De plus, il est rafraichissant d’assister à un des
plus gros blockbusters de l’année avoir un ensemble de protagonistes avec une
diversification qui surpasse même celle de Community!
Le succès box-office démontrant clairement qu’il y a de la place et un marché
pour des films à gros budgets qui mettent en vedette autre chose que l’éternel
et vaillant homme blanc qui vit toutes les expériences de l’histoire de l’humanité.
James Wan construit ses
scènes d’actions avec une véritable compréhension de ce qui fonctionne, n’hésitant
pas à jouer gros en ajoutant enjeux mortels par-dessus enjeux mortels. Le
montage des séquences qui jonglent avec un grand nombre de personnages rendent pourtant
simple le suivi de tous les déroulements sans jamais sentir de sauts forcés d’une
lutte à une autre Toutes les batailles et cascades simultanées sont manipulées
avec un grand soin et gardent toujours l’énergie dans des énormes scènes d’actions
qui pourraient facilement s’essouffler entre des mains moins attentionnées.
En conclusion, je ne peux
qu’admirer un film qui contient tous les clichés les plus négatifs du cinéma populaire
contemporain (nombre incalculable de suites, une série de scènes d’actions,
abus d’effets numériques, explosions, voitures, machisme, etc.) et les traitent
avec si peu de cynisme qu’il réussit à rendre très émotionnelle, dignifiée,
méritée et, surtout, honnête une dédicace finale à Paul Walker qui suit
immédiatement une incessante série de muscles, d’explosions et de voitures qui
tombent du ciel.
MUK
*En rétrospective, étant
familier avec la figure public de l’acteur, j’aurais dû m’y attendre.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire