Game
of Thrones est une série qui va à l’encontre des archétypes et
des conventions. Une des conventions de la fiction médiévale est d’avoir le
bien et le mal clairement délimités, venant en grande partie de la volonté de l’Église
dominante à l’époque de produire des œuvres de « propagande » envers
leurs idéaux et de glorifier les représentants du saint crucifix, les
chevaliers. Ils construisaient ainsi des archétypes de bonté, des chevaliers aux
cœurs purs qui promouvaient certains codes de moralité qu’ils avaient comme
devoir de respecter. Peu d’images évoquent autant la prise de position de Game of Thrones par rapport à ces idées
qu’Arya Stark se tenant bien droit directement sur la ligne entre le blanc et
le noir. La série explorait cette semaine cette région dangereuse dans laquelle
il est parfois nécessaire de naviguer pour une fin noble et la place de ces
décisions de moralité dans les rôles des dirigeants et leurs identités.
Pendant que Jon acquiert
du pouvoir malgré lui et que Daenerys tente de raffermir progressivement sa
poigne sur son pouvoir bourgeonnant, celui de Cersei lui glisse entre les
doigts et Doran Martell, le dirigeant le plus chevronné du lot, s’efforce de
prendre la décision la plus sage et raisonnable. Il est évident que dans la
majorité des scénarios, il n’y a jamais de décision clairement étiquetée Bien
ou Mal qui décidera de l’alignement des personnages, mais plutôt des parcours
sinueux qui présentent décision impossible après décision impossible qui
forgent l’individu à mesure qu’il prend ces décisions. Tout cela n’est rien de
nouveau, puisque les décisions difficiles et immorales font autant parties de l’ADN
de Game of Thrones que la nudité ou
les incroyables costumes. Cet épisode se concentrait particulièrement sur ce
trait, puisque les pions de pouvoirs se consolident vers l’inévitable collision
et le sujet ne peut qu’être soulevé, afin de révéler qui sont réellement les
dirigeants et quelles caractéristiques sont optimales ou même essentielles à
leurs rôles.
Jon Snow au Mur devient
de plus en plus fascinant, avec son propre écosystème, démontrant de plus en
plus un dirigeant qui démontre certaines des qualités nécessaires au pouvoir
plus conventionnelle. Il est humble et sait s’entourer des bonnes personnes,
créant, sans le savoir, autour de lui un groupe de loyaux qui l’admirent pour
ses actions (même Thorne l’admet!) et ont confiance en son jugement, incluant
le vieil homme sage du groupe. Le vaillant Sam a fait preuve d’un immense
courage (autant que de réparti), soulignant à quel point il a évolué depuis le début
de la série (juste après avoir eu une chicane avec Gilly digne d’un vieux
couple!) et a fait le plaidoyer en la faveur de Jon que même Jon n’aurait jamais
osé faire, victime de sa propre humilité.
De son côté, Cersei s’efforce
plus que tout de maintenir le peu de pouvoirs qui lui restent, perdant son
frère et aimant qui ne l’écoute plus vraiment et se frappant le nez contre son
oncle qui, contrairement au reste du Conseil, n’est pas là pour agir en tant qu’extension
des pouvoirs de Cersei. Kevan a laissé une très forte impression en peu de
temps et j’espère qu’il ne fera pas suite à ses menaces pour prendre le rôle de
Main du Roi qui lui est attribué dans les romans. À ce point ci, en dehors des
très grandes lignes, il est difficile de pouvoir se fier aux livres pour quoi
que ce soit, surtout au niveau des personnages secondaires. Ellaria Sand est un
bon exemple de ce point, puisqu'elle semble prendre la place d’Arianne Martell
(la fille de Doran et nièce d’Oberyn) qui, dans les romans, est la jeune féroce
et tenace qui veut inciter le prince à s’activer suite au décès de la Vipère Rouge.
La décision de donner un nouveau rôle à un personnage déjà existant fonctionne
très bien dans ce cas-ci, puisque la veuve a toutes les raisons d’être en
colère et l’actrice est un visage familier et fait figure d’une force
indomptable digne de son ancien amour.
L’histoire de Daenerys
est très claire et nette, montrant plus que tout à quel point il arrive que
même la meilleure décision idéologique ne semble pas être la bonne à court
terme. Par contre, elle se termine sur une note si émouvante qu’elle revigore l’espoir
en la cause de la mère des dragons. Cette scène qui mélange puissance brute et
tendresse illustre parfaitement les fondations de l’importance et de la puissance
de Daenerys. L’apparition de Drogon au moment où elle avait le plus besoin de
cette connexion émotionnelle illustre un certain lien entre la mère et son fils
le plus redoutable, qui semble venir faire un rappel de sa présence en
survolant la ville comme une faveur à sa mère qui avait besoin de cette
démonstration de pouvoir. Par contre, avec deux épisodes qui finissent sur des
notes positives et pleines d’espoirs en l’avenir, je ne peux que redouter les
épisodes à venir puisque je ne suis pas habitué à une série qui ne s’amuse pas
à me punir de temps à autre juste pour le plaisir.
En conclusion, un second
épisode solide et une grande amélioration sur le premier, gagnant déjà plus de
momentum en donnant un sens concret que les choses avancent et vont quelque
part (illustré pour moi par un objectif concret donné à Brienne, chose dont
elle manque cruellement dans les livres). Après ce deuxième épisode, je suis
réellement confiant que HBO maîtrise parfaitement la situation avec les deux
livres problématiques (i.e. : ennuyeux)
MUK
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Coin de détente!
- Qyburn qui collectionne les têtes de nains était particulièrement excellent.
- Le retour de Bronn et de Jaqen (deux personnages disparus dans le décor au niveau des livres) offrent aux fans ce qu’ils veulent et je suis hautement suspect face à autant de générosité de la part de Game of Thrones.
- Tyrion continue à passer son temps dans une boite et se fâche dans une conversation qui n’était rien d’autres qu’une belle énonciation de thèmes en laissant au vestiaire la subtilité.
- Daenerys ne cesse de montrer des petites évolutions subtiles dans ses approches. Cette semaine : Barristan qui lui dévoile la vérité sur son père et elle qui retient la leçon. Le jeu d’Emilia Clarke lorsqu’elle devait confronter le meurtrier était parfait, faisant passer toute la déception et tristesse derrière sa façade de reine qui se doit de maintenir sa justice.
- Lorsque c’est devenu clair que Sansa et Brienne dans le même lieu n’était pas qu’une simple petite farce et qu’ils allaient se rencontrer, je sautais littéralement de joie à l’idée d’une histoire qui va dans une direction absolument inconnue, surtout pour Brienne. Je ne peux pas exagérer l’ampleur avec laquelle je déteste les déambulages inutiles et en vain de Pod et Brienne (dans les livres) et tout ce qu’ils modifient à ce festival des ronflements est triplement excitant.
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