Directeur : Damián Szifrón
Réalisé en 2014. Titre original : Relatos salvajes
Avec : Multiples protagonistes dans toutes les histoires
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=QUnXv6R2HI8
Réalisé en 2014. Titre original : Relatos salvajes
Avec : Multiples protagonistes dans toutes les histoires
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=QUnXv6R2HI8
Dans l’épisode du nouvel
an de la première saison d’How I Met Your
Mother, Barney Stinson introduit à son groupe d’amis son « Get Psyched
Mix », un rassemblement de chansons qui sont classées dans un ordre précis
pour stimuler l’enthousiasme, en déclarant qu’un bon mix ne devrait pas monter
et ensuite descendre, mais plutôt débuter très fort et rester à ce niveau. Wild Tales, un rassemblement de six
courtes histoires liées par le thème de la vengeance, semble adopter cette
approche du « ouvrir en force » et ensuite garder le rythme. Pour un
film qui présente le meurtre méticuleusement orchestré de plus d’une centaine
de personnes avant même que le générique débute, il est assez étonnant qu’il
réussisse son pari en maintenant une tension incroyable du début jusqu’à l’ultime
résolution.
Je ne vais pas aller dans
les détails de chaque histoire, puisqu’un des plaisirs du film est de faire
face à un nouveau conte à plusieurs reprises, surtout lorsqu’on réalise que le
film n’a aucun intérêt de faire dans le conventionel ou de s’assurer que tous
se sentent bien et confortable en sortant du cinéma. Il est rare de voir un
film aussi enragé et engagé que Wild
Tales, un manifeste enflammé contre la stupidité, l’absurdité et l’égocentrisme
qui s’immisce dans les relations de société, autant au niveau des individus que
des classes. Une forme pure de « pornographie de vengeance » qui ne
se fait aucune prétention d’être autre chose qu’une quête de catharsis dans un
monde qui offre si rarement quelque chose d’aussi viscéral. Si Astérix avait
dynamité la Maison des Fous plutôt que d’user de jeux de l’esprit pour la
vaincre, il aurait parfaitement été à sa place dans ce rassemblement disjoncté de
frustrations sociales.
Je ne suis aucunement au
courant de la situation en Argentine, mais selon ce qu’on me dit, les choses ne
sont pas à leur meilleur et c’est entre autre ce que le film explore. Par
contre, il ne requiert pas de connaissances spécifiques sur ce cas pour être
apprécié, puisque les tensions de classes, la cupidité, l’impénétrable bureaucratie
gouvernementale, la tromperie et la vengeance sont des thèmes qui ont la
capacité de rejoindre plus d’une nationalité. Personne n’est épargné dans ce
monde qui se veut tout sauf réel, mené par une distillation de nos instincts
viscéraux et passionnés.
Cette passion vient à un
prix et le film n’est pas hypocrite avec ses émotions, ne prétendant pas offrir
la solution à tous les problèmes présentés. Puisque ces frustrations font
souvent dans la démesure, cette perte de raison n’est jamais récompensée, bien
au contraire. Mais on se pose quand même la question de la valeur du prix par
rapport aux bénéfices et cette vision du héros qui se sacrifie pour le bien
commun (le meurtre d’un politicien corrompu pour quelques années de prisons par
exemple). Il va sans dire que le portrait peint de l’humanité et son « Ça »freudien
est peu glorieux et pourtant, il est capable de voir les bons côtés de cette
passion incontrôlable. Elle peut mener à notre autodestruction, mais se tient aussi
étrangement près de notre libido, qui guide nos pulsions sexuelles et qui
rapproche les individus plus que quoi que ce soit (pour le meilleur et pour le
pire, à la vie à la mort).
Grâce à sa structure de
courtes histoires condensées, l’ensemble réussit à garder le momentum du début
à la fin. Chaque histoire est concise et ne perd pas de temps à introduire le
conflit initial pour ensuite construire sans arrêt sur cette tension, menant à
la finale explosive qui nous laisse sur un « high » lorsqu’on
retourne à la mise en situation de l’histoire suivante, pour ensuite répéter le
processus, telle une montagne russe d’émotions. L’univers n’est pas
particulièrement intéressé à approcher chaque situation avec réalisme, même s’il
touche à des sujets très humains. Les émotions sont extrêmes, les situations
sont extrêmes et les réactions le sont tout autant, laissant peu de moments au
public pour relâcher son souffle. L’utilisation intelligente des codes
cinématographiques rend la narration efficace et chaque petit détail semble avoir
été réfléchi pour offrir tous les éléments nécessaires pour rester le plus
possible dans l’histoire.
En conclusion, Wild Tales est un des films les plus
enragé et survolté qu’il m’ait été donné de voir depuis The Wolf of Wall Street. Une célébration intelligente et cathartique
des pulsions qui mènent nos pensées, sans nécessairement guider nos actions. Cette
énergie suinte du film du début à la fin et pourra très difficilement laisser
qui que ce soit de marbre (en dehors d’une anthropomorphique colonne de marbre
d’église gothique du 16e siècle). Que l’on adore ou déteste l’expérience,
la passion est au rendez-vous.
MUK
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