Directeur : Kim Nguyen
Réalisé en 2014. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=_o_cxwZq-YI
L’expérience olfactive est si personnelle que même deux professionnels du milieu peuvent sentir le même item et en ressortir des diagnostics très différents, sans jamais être dans le tort. Quand François Chartier, auteur du livre à la source de ce film, et une maitresse de cérémonie de thé, la descendante directe du premier disciple de Confucius, commentent simultanément les mêmes échantillons pour en ressortir avec des commentaires sensiblement différents, le documentaire ne tente pas de souligner la divergence de leurs avis comme si un avait tort ou s’ils ne savaient pas de quoi ils parlaient, mais cherche plutôt à faire ressortir que même au plus hauts niveaux d’expertise de l’odorat, l’expérience est ultimement unique.
Réalisé en 2014. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=_o_cxwZq-YI
Le cinéma est un médium
audio-visuel et, par conséquent, ne peut physiquement stimuler l’odorat. C’est
cette réalité du format qui crée la tension première dans Le nez, le documentaire de Kim Nguyen sur notre relation avec ce
sens particulier. Ouvrant avec le conte d’une femme qui a perdu son odorat, il établit
très rapidement que ce n’est pas parce qu’on ne peut sentir qu’il est
impossible de ressentir. L’expérience sensorielle du nez est connectée si
fortement à notre mémoire, à nos souvenirs et nos émotions qu’elle évite
complètement le processus d’intellectualisation que l’on traverse généralement
avec l’image ou le son. Le nez ne
tente pas d’approcher cette relation si particulière par l’intellect, puisqu’il
argument l’impertinence de la chose, mais tente plutôt de nous faire comprendre
l’importance et la puissance de ce sens si mystérieux.
Évitant entièrement de
parler de processus chimiques, d’analyses de réactions de cerveaux ou de
mélanges moléculaires, le documentaire choisi d’approcher son sujet au niveau
purement humain. Un choix judicieux qui rejoint le public et l’investit avec
des choix de spécialistes charismatiques qui permettent de de comprendre
pleinement l’importance de leurs propos. Le documentaire accumule des extraits
de vies, des anecdotes et des partages de professionnels qui rendent ce documentaire
facile à recommander. Il contient beaucoup de petites capsules intéressantes, des
moments que l’on aurait tendance à citer à nos amis qui marquent l’esprit. L’ensemble
des témoignages peignent un portrait complet du sujet, rendant le propos du film
clair par les choix. Les odeurs sont quelque chose d’invisible, d’insaisissable
et d’instinctif que le film essaie de capturer afin de nous révéler son
importance, presque comme dans une confession intime.
L’odorat ne provoque
jamais de réflexions, mais est si directement lié à une panoplie d’autres sens
qu’il semble aberrant de ne pas reconnaitre cette importance. Les parfums se
connectent directement à notre goût, notre sexualité, notre mémoire, notre
affection, nos attirances et dégouts qu’il est presque pris pour acquis,
faisant parti des meubles dans un monde où tous nos autres sens sont
sur-stimulés. L’odorat, par contre, lui, requiert une intimité. Il est possible
de voir ou d’entendre quelque chose à des milles à la ronde, mais il faut avoir
le visage dans quelque chose pour pleinement le vivre, s’y connecter et Le nez se glisse dans cette proximité,
pas pour tenter de la substituer, mais plutôt pour faire prendre connaissance
de sa valeur.
En conclusion, pour une
personne, l’odeur du safran est un symbole de renouveau et d’espoir et pour une
autre la crème à raser déclenche un flot de souvenirs émotionnels et Le nez communique avec grande efficacité
la pertinence de son sujet sans pour autant servir de manifeste à soi-même. Une
série de choix de sujets rend très clair un propos qui se veut évocateur en
allant chercher l’expérience humaine en chacun de nous. Oh et gardez l’œil ouvert
sur les plages, les défécations de cachalots qui digèrent mal le calmar pourraient
rapporter gros.
MUK
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