Directeur : David Robert Mitchell
Réalisé en 2014. Avec : Maika Monroe (Jay), Keir Gilchrist (Paul), Lili Sepe (Kelly) et Daniel Zovatto (Greg)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=96Itg4gjtts
L’arrivée à l’âge adulte
qui suit la puberté implique beaucoup de nouveauté dans la vie d’une personne :
un monde infiniment plus complexe et incompréhensible, la maturité sexuelle, des
décisions à prendre, le poids des responsabilités et, surtout, de leurs
conséquences. Lorsque Jay, à l’ouverture du film, vit l’été de ses 19 ans en
flottant paisiblement dans sa piscine (amniotique), regardant le ciel, chassant
les juvéniles voisins voyeurs avec un sourire en coin, elle ne pense pas plus
loin que son rendez-vous du soir avec un mignon garçon qu’elle a rencontrée. L’ouverture
capture cet été d’insouciance éternelle de l’âge où lorsqu’il n’y a pas d’école,
il n’y a pas de source de nervosité immédiate. Elle va apprendre rapidement que
le moment où l’on doit rendre compte de nos actes arrive généralement sans
crier gare.
Évidemment, la lecture d’une
sexualité dangereuse qui résulte en une malédiction meurtrière crie MTS, mais
le concept va tellement plus loin qu’une simple métaphore de précautions
sexuelles. La sexualité est rattachée au problème puisqu’elle est une si grande
part de la transition vers l’âge adulte (du point de vu extérieur adolescent
mis de l’avant dans de film du moins). Les personnages sont assez vieux pour ne
pas en être à leurs premières aventures sexuelles, mais semblent vivre dans
cette réalité quelque peu altérée de la nôtre, sans aucun parent ou figure d’autorité
utile d’une quelconque façon. Ainsi, comme le sentiment de toute personne qui
avance à tâtons vers l’âge adulte, personne ne peut vraiment offrir de conseils
ou de support qui va préparer ce soudain arrivage de conséquences aux actes (qu’ils
soient sexuels ou autre) qui donnent à la vie une nouvelle tournure beaucoup
plus grave et plus d’ampleur à l’existence d’un adolescent dont les principales
préoccupations se résumaient avant à quel sous-sol allaient-ils squatter pour
boire.
Il faut toujours garder
en tête que le point de vue est exclusivement celui de jeunes adultes,
amplifiant ainsi les inquiétudes de l’obligation de vieillir en scénario de
film d’horreur où il est impossible de s’enfuir de l’inévitable conséquence de
ses actes. Ils peuvent retarder le processus, mais jamais indéfiniment et il
finira toujours par revenir. Cette perspective justifie aussi certaines
décisions particulièrement stupides qu’ils prennent en tentant de détruire leur
persécuteur (un monstre? un démon? un fantôme?), que ce soit leur utilisation
de l’arme à feu que le plan final. La majorité de leurs actions sont mal
informées ou même stupides, mais dans un monde où, en dehors de quelques règles
de base, rien n’est expliqué aux personnages, il est normal qu’ils tentent
quelques idées bancales devant cette terreur absente de tout contexte.
Avec l’aide d’une
prémisse de créature originale et une trame sonore de Disasterpiece nous
ramenant très ouvertement aux classiques du cinéma d’horreur de John Carpenter,
l’ambiance d’une menace omniprésente plane constamment sur chaque scène,
résultant en une expérience d’écoute incroyablement tendu. La créature, lente,
mais déterminée et infatigable, consolide rapidement que, même si,
contrairement à la majorité des films d’horreurs, il n’y a pas d’emprisonnement
physique, il n’y a aucun échappatoire. Ils peuvent aller aussi loin qu’ils
veulent, ils ne font que retarder l’inévitable. L’ambiance que crée David
Robert Mitchell tout au long du film est sans pitié, réduisant chaque moment de
répit perçu à une illusion qui ne peut qu’inévitablement s’effondrer.
En conclusion, le passage
à l’âge adulte est terrifiant d’un point de vue qui n’y connait rien et ne peut
que redouter l’expérience. It Follows,
dans une métaphore peu subtile, mais très efficace, rend compte de cette
expérience qui laisse tous changés à jamais. Il conclut avec une résolution qui
risque d’en fâcher plus d’un, mais qui pourtant ponctue parfaitement un récit d’horreurs
inimaginables qui anticipe l’inévitable.
MUK
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