Directeur : Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=qdWzTqyMtSU
Synopsis : Documentaire sur un trio de grimpeurs qui entreprennent l'ascension du Meru, un sommet jusqu'à ce jour indompté.
La très littérale
ascension d’une montagne vers un son sommet offre automatiquement à une telle
histoire un schéma narratif clair et simple. Partir d’un point A vers le point
B en grimpant permet de concrètement visualiser le défi et la progression vers
la résolution du « conflit ». Meru
optimise cette tension inhérente à son sujet et va encore plus loin en faisant ressortir
qui sont réellement ses sujets dans cette sous-culture d’un sport extrême
fascinant en soi. La grande utilisation de matériel tourné directement sur la
montagne donne vie à toute l’aventure et nous place au cœur des défis et du
danger qui en découle.
Conrad Anker, Jimmy Chin
et Renan Ozturk sont des avides (le terme est faible) de sensations fortes et entreprennent
dès le début du documentaire l’ascension du Meru. Leur grimpe est entrecoupée
de segments qui contextualisent les individus et tout au long du matériel, nous
apprenons à connaitre chacun des grimpeurs, leurs perspectives et les enjeux
personnels.
Il n’y a évidemment pas d’enjeux
concrets qui impliquent une somme d’argent, un proche malade qui dépend de la
réussite ou d’une fleur magique qui ne pousse qu’au sommet de ce mont qui n’a
jamais été vaincu, mais plutôt des enjeux personnels qui approfondissent et
humanisent énormément les explorateurs (ils ne se considèrent évidemment pas
comme tel, mais ambitionnent d’aller où aucun homme n’est jamais allé).
Ce n’est pas trop en dire
que révéler qu’ils ne réussissent pas la première fois, puisque la véritable
tension et les enjeux deviennent clairs lorsqu’ils retentent l’expérience et à
ce point, la réussite ou l’échec de cette ascension n’est plus vraiment
importante, tel Rocky qui entre dans le ring pour affronter Apollo. Meru est autant à propos de la repousse
de ses limites personnelles que de l’implication des enjeux dans la vie de ces
hommes qui ne peuvent vivre d’une autre façon et c’est cette touche de plus qui
permet de faire transcender le film du statut de « documentaire sportif ».
La notion de l’addiction
à l’adrénaline et au danger est soulevée, mais ce n’est pas vraiment ce qui
intéresse le film, malgré son omniprésence dans un grand nombre des décisions
auxquelles nous assistons. La présence du matériel tourné à l’aide de caméras
de poches lors des différentes excursions rend très réel et stressant ce
danger. Même si nous savons qu’aucun des sujets ne meurt, puisque leurs
témoignages des événements qui narrent le film viennent après les faits, le
danger guette constamment l’expédition et le poids de chacune des actions est
ressenti. Il arrive un point où mettre un pied devant l’autre devient une tâche
qui semble immense et la détermination des hommes se transforme progressivement
en zèle masochiste.
Meru
est une histoire de courage et de détermination, mais est aussi une histoire de
camaraderie et d’individus accros qui ne peuvent percevoir un autre mode de
vie. Sans soulever directement le point, il est clair que la seule différence
entre la célébration de leur détermination et le pronostic d’« autodestructeur »
ne tient qu’à la survie après chacune des expéditions. Puis, même si tout cela
ne vous intéresse pas, les séquences en montagnes sont remplies d’une telle
tension frissonnante qu’elles valent la peine à elles seules.
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