vendredi 4 septembre 2015

Meru

Directeur : Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=qdWzTqyMtSU
Synopsis : Documentaire sur un trio de grimpeurs qui entreprennent l'ascension du Meru, un sommet jusqu'à ce jour indompté. 

La très littérale ascension d’une montagne vers un son sommet offre automatiquement à une telle histoire un schéma narratif clair et simple. Partir d’un point A vers le point B en grimpant permet de concrètement visualiser le défi et la progression vers la résolution du « conflit ». Meru optimise cette tension inhérente à son sujet et va encore plus loin en faisant ressortir qui sont réellement ses sujets dans cette sous-culture d’un sport extrême fascinant en soi. La grande utilisation de matériel tourné directement sur la montagne donne vie à toute l’aventure et nous place au cœur des défis et du danger qui en découle.

Conrad Anker, Jimmy Chin et Renan Ozturk sont des avides (le terme est faible) de sensations fortes et entreprennent dès le début du documentaire l’ascension du Meru. Leur grimpe est entrecoupée de segments qui contextualisent les individus et tout au long du matériel, nous apprenons à connaitre chacun des grimpeurs, leurs perspectives et les enjeux personnels.

Il n’y a évidemment pas d’enjeux concrets qui impliquent une somme d’argent, un proche malade qui dépend de la réussite ou d’une fleur magique qui ne pousse qu’au sommet de ce mont qui n’a jamais été vaincu, mais plutôt des enjeux personnels qui approfondissent et humanisent énormément les explorateurs (ils ne se considèrent évidemment pas comme tel, mais ambitionnent d’aller où aucun homme n’est jamais allé).

Ce n’est pas trop en dire que révéler qu’ils ne réussissent pas la première fois, puisque la véritable tension et les enjeux deviennent clairs lorsqu’ils retentent l’expérience et à ce point, la réussite ou l’échec de cette ascension n’est plus vraiment importante, tel Rocky qui entre dans le ring pour affronter Apollo. Meru est autant à propos de la repousse de ses limites personnelles que de l’implication des enjeux dans la vie de ces hommes qui ne peuvent vivre d’une autre façon et c’est cette touche de plus qui permet de faire transcender le film du statut de « documentaire sportif ».

La notion de l’addiction à l’adrénaline et au danger est soulevée, mais ce n’est pas vraiment ce qui intéresse le film, malgré son omniprésence dans un grand nombre des décisions auxquelles nous assistons. La présence du matériel tourné à l’aide de caméras de poches lors des différentes excursions rend très réel et stressant ce danger. Même si nous savons qu’aucun des sujets ne meurt, puisque leurs témoignages des événements qui narrent le film viennent après les faits, le danger guette constamment l’expédition et le poids de chacune des actions est ressenti. Il arrive un point où mettre un pied devant l’autre devient une tâche qui semble immense et la détermination des hommes se transforme progressivement en zèle masochiste.

Meru est une histoire de courage et de détermination, mais est aussi une histoire de camaraderie et d’individus accros qui ne peuvent percevoir un autre mode de vie. Sans soulever directement le point, il est clair que la seule différence entre la célébration de leur détermination et le pronostic d’« autodestructeur » ne tient qu’à la survie après chacune des expéditions. Puis, même si tout cela ne vous intéresse pas, les séquences en montagnes sont remplies d’une telle tension frissonnante qu’elles valent la peine à elles seules.

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