Directeur : Noah Baumbach
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=6z8MCW16uZY
Synopsis : Le bourgeonnement d'une amitié entre deux future soeurs et leurs aventures citadines.
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=6z8MCW16uZY
Synopsis : Le bourgeonnement d'une amitié entre deux future soeurs et leurs aventures citadines.
Comme
dans l’autre excellente collaboration Gerwig-Baumbach, Frances Ha, Mistress America
s’intéresse à une protagoniste imparfaite qui reçoit beaucoup d’affection de la
part des scénaristes. C’est cet amour manifeste, cherchant autant à faire
briller qu’à montrer justement Brooke (Greta Gerwig), qui fait de cette
chaleureuse comédie une réussite.
Cette
fois ci le regard du spectateur passe d’abord par une jeune admiratrice, Tracy
(Lola Kirke), future sœur par alliance, collégienne et écrivaine amateur. Cette
perspective qui exacerbe l’immaturité omniprésente de l’adulte approfondi l’adulte,
faisant autant ressortir le bon comme le mauvais de cette perpétuelle
infantilité. Cette relation guide le film et aussi le thème intergénérationnel
qui suit adéquatement While Were Young,
le précédent film de Baumbach sur la tension tri-générationnelle que devait
affronter les adultes.
La
trame narrative est un mélange de liberté flou qui navigue dans la vie des
protagonistes et de dialogues vifs et pointus. Cette structure permet d’observer
arbitrairement des moments de leurs escapades urbaines avec légèreté en
resserrant l’attention sur les personnages, leur intelligence et leur réparti.
Le tout s’ajuste à l’attitude de Brooke, traitant chaque moment avec grande
importance, sans de plan précis à long terme. Elle ne ment jamais sur sa
dévotion à chaque projet, relation ou entreprise, mais son incapacité à rester
concentrée l’empêche de vraiment faire suivi concret.
Tant
est dû à la vedette et co-scénariste, Greta Gerwig, qui est une véritable force
de la nature, s’emparant du film dès son entrée et ne lâchant plus jamais
prise. Elle interprète le type qui respire toute l’air dans une pièce lorsqu’elle
entre et peut devenir épuisante, mais s’excuse par sa vivacité et son entrain
qui lui donne énormément de charme. La balance est délicate et c’est ici que
Gerwig se démarque.
Il
est évidemment que le film l’aime, mais comprend aussi ses nombreux défauts et
ne cherche pas à les excuser. À travers Tracy, nous apprenons progressivement à
la connaitre, enlevant peu à peu les couches, jusqu’à la séquence finale où
l’actrice démontre réellement l’étendue de son jeu, sautant du tragique à l’hilarant
en un tournemain.
Cette
apogée et pièce maitresse du film est un exemple de mise en scène et de
dialogues impeccable qui jongle avec tant de morceaux en même temps que le tout
pourrait devenir essoufflant. Heureusement, la réalisation confiante permet de
garder contrôle sur chacun des éléments et éviter de rendre déstabilisant les incessants
développements, ramenant dans un seul lieu tous les thèmes et évolutions de
personnages de façon intelligente et satisfaisante.
La
nature de son personnage l’oblige, l’actrice prend beaucoup de place, mais
l’histoire est pourtant loin d’être un one-woman-show. Lola Kirke tient son
bout dans les échanges, ne ratant aucune pique et prenant sa place même
lorsqu’on ne la lui laisse pas. Le naturalisme comique de Tony (Matthew Shear)
ramène un peu sur terre les moments surréels auxquels il a affaire, surtout aux
côtés de sa copine, Nicolette (Jasmine Cephas Jones), qui a un rôle ingrat,
mais aussi certaines des lignes les plus mémorables du film.
Le
point de vue de Tracy (la nouvelle génération) fait d’un résultat final
beaucoup plus conciliant que celui de Ben Stiller vis-à-vis Adam Driver dans While Were Young. Ce détail rend cette
comédie aussi distrayante qu’amicale, faisant ressortir le côté « trainer
entre amis » si difficile à capturer sans avoir l’air préfabriqué. Mistress America est une réussite
intelligente qui passe comme un rien sans effort apparent.
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