Second épisode particulièrement choquant sur la justice populaire situé dans un univers post-apocalyptique.
Victoria (Lenora Crichlow) se réveille sans souvenir
quelconque, entourée de pilules devant une télévision qui ne diffuse qu’une
unique image simpliste, dans une maison décorée de portraits d’elle et d’une
jeune enfant. Lorsqu’elle se met à errer dans le voisinage, elle ne remarque
que des individus distants, dissimulés derrière leurs téléphones, qui filment
et photographient ses moindres faits et gestes sans donner signe
d’intelligence, même lorsqu’un homme se met à décharger son arme à feu vers
elle. Le peu d’informations recueillies nous parle d’un monde au signal
abrutissant qui rend 90% de la population en observateur passifs et le reste en
survivants ou en chasseurs qui profitent de ce nouvel environnement pour se
laisser aller à leurs instincts les plus primaires. Victoria rencontre Jem
(Tuppence Middleton) et les deux vont lutter pour leur survie.
L’intrigue fonctionnant d’une telle façon que
l’attrait n’est révélé que plus tard, le poids thématique de l’épisode n’arrive
que très tard et d’un seul coup si violent qu’il est presque rebutant. Chaque
autre épisode fonctionnait d’une lente progression vers une finalité que l’on
voyait arriver, nous permettant ainsi d’assimiler l’univers, l’intrigue et ses
thèmes peu à peu, pouvant apprécier l’intelligence de l’écriture. La course
folle de Victoria est palpitante, mais n’amène pas la satisfaction progressive
des heures précédentes. Cette révélation vaut toutefois l’attente et frappe
d’un grand coup courageux et choquant.
Le revirement sera traité dans ce paragraphe, alors
prière de passer au prochain si cette révélation vous est inconnue. Le parc de
« justice » est une des inventions les plus dérangeantes de la série
et ce parce qu’elle n’est que l’extension d’une des propensions
particulièrement violente de notre humanité. La justification sociale
d’appréciation de la violence est poussée ici à un tel point qu’elle devient
dérangeante, surtout lorsque les scénaristes se sont donnés tellement de temps
pour développer notre empathie envers le personnage pour ensuite nous rire au
nez. En plus de soulever le point de l’acceptation sociale d’une violence
infligée aux parias de la société, l’épisode touche à l’hypocrisie de notre
système carcéral et ses objectifs de « réhabilitation ». Cette
accusation sévère (mais juste) implique la majorité de notre population qui
préfère voir des individus souffrir à tout jamais plutôt que de leurs offrir
une seconde chance. La gravité du crime de Victoria ne fait que rendre
l’ambiguïté morale encore plus déchirante et excellente.
Cette approche jouant avec nos attentes à ce niveau
est un écart aux habitudes qui est intéressant et mérite ample discussion, mais
qui fonctionne légèrement moins bien en terme d’exécution. Il manque
d’information pour que la première partie soit réellement satisfaisante à elle
seule et que nous n’ayons pas toujours en tête l’inévitable surprise qui
viendra révéler ce qui se passe réellement. Le choc de l’horrifiante finale
hante plus que toute autre, et ce n’est pas peu dire, considérant qu’aucun
épisode de Black Mirror ne finit
« bien ».
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