dimanche 20 septembre 2015

Black Mirror - S02E02 : White Bear

Second épisode particulièrement choquant sur la justice populaire situé dans un univers post-apocalyptique.

White Bear prend une approche très différente à l’ensemble des épisodes, puisqu’au lieu d’explorer une idée ou un concept spécifique, elle crée un environnement tendu et mystérieux dans lequel elle situe une intrigue plus conventionnelle de monde post-apocalyptique qui fonctionne plus comme film d’horreur qu’exploration de science-fiction. C’est dans le revirement qu’il est difficile d’ignorer que l’essence de l’épisode se trouve et même lorsqu’on y arrive, nous sommes surtout en territoire de jeu d’empathie et de questionnements moraux qui font de cet épisode le plus dur et exigeant de la série à ce point.

Victoria (Lenora Crichlow) se réveille sans souvenir quelconque, entourée de pilules devant une télévision qui ne diffuse qu’une unique image simpliste, dans une maison décorée de portraits d’elle et d’une jeune enfant. Lorsqu’elle se met à errer dans le voisinage, elle ne remarque que des individus distants, dissimulés derrière leurs téléphones, qui filment et photographient ses moindres faits et gestes sans donner signe d’intelligence, même lorsqu’un homme se met à décharger son arme à feu vers elle. Le peu d’informations recueillies nous parle d’un monde au signal abrutissant qui rend 90% de la population en observateur passifs et le reste en survivants ou en chasseurs qui profitent de ce nouvel environnement pour se laisser aller à leurs instincts les plus primaires. Victoria rencontre Jem (Tuppence Middleton) et les deux vont lutter pour leur survie.

L’intrigue fonctionnant d’une telle façon que l’attrait n’est révélé que plus tard, le poids thématique de l’épisode n’arrive que très tard et d’un seul coup si violent qu’il est presque rebutant. Chaque autre épisode fonctionnait d’une lente progression vers une finalité que l’on voyait arriver, nous permettant ainsi d’assimiler l’univers, l’intrigue et ses thèmes peu à peu, pouvant apprécier l’intelligence de l’écriture. La course folle de Victoria est palpitante, mais n’amène pas la satisfaction progressive des heures précédentes. Cette révélation vaut toutefois l’attente et frappe d’un grand coup courageux et choquant.

Le revirement sera traité dans ce paragraphe, alors prière de passer au prochain si cette révélation vous est inconnue. Le parc de « justice » est une des inventions les plus dérangeantes de la série et ce parce qu’elle n’est que l’extension d’une des propensions particulièrement violente de notre humanité. La justification sociale d’appréciation de la violence est poussée ici à un tel point qu’elle devient dérangeante, surtout lorsque les scénaristes se sont donnés tellement de temps pour développer notre empathie envers le personnage pour ensuite nous rire au nez. En plus de soulever le point de l’acceptation sociale d’une violence infligée aux parias de la société, l’épisode touche à l’hypocrisie de notre système carcéral et ses objectifs de « réhabilitation ». Cette accusation sévère (mais juste) implique la majorité de notre population qui préfère voir des individus souffrir à tout jamais plutôt que de leurs offrir une seconde chance. La gravité du crime de Victoria ne fait que rendre l’ambiguïté morale encore plus déchirante et excellente.

Cette approche jouant avec nos attentes à ce niveau est un écart aux habitudes qui est intéressant et mérite ample discussion, mais qui fonctionne légèrement moins bien en terme d’exécution. Il manque d’information pour que la première partie soit réellement satisfaisante à elle seule et que nous n’ayons pas toujours en tête l’inévitable surprise qui viendra révéler ce qui se passe réellement. Le choc de l’horrifiante finale hante plus que toute autre, et ce n’est pas peu dire, considérant qu’aucun épisode de Black Mirror ne finit « bien ». 

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