La seconde saison débute avec l'épisode le plus émotionnel et intime de la série.
À travers un discret commentaire sur notre présence en
ligne et notre existence virtuelle, Be
Right Back ouvre la porte au scénario le plus déchirant de la série à date.
Dans un monde, toujours à peine décalé du notre, un organisme sans nom offre un
service de procession du deuil malsain en créant une personnalité artificielle
aux êtres chers avec lesquels il sera possible de converser. Plus le décédé
était actif sur les réseaux sociaux, plus il y a du matériel avec lequel
travailler pour créer un post-humain crédible.
Lorsqu’Ash (Domhnall Gleeson) quitte pour une longue
conduite dans la nuit et ne donne pas de nouvelles, sa copine Martha (Hayley
Atwell) s’inquiète rapidement, leur couple n’est pas à son meilleur, mais loin
d’être fini. Lorsque la police cogne à sa porte, son univers s’effondre. Après
un rejet initial, elle découvre qu’elle est enceinte et décide de
« recontacter » Ash une dernière fois pour lui annoncer la nouvelle.
Elle finit par prendre goût à ce nouveau contact et ne cesse de pousser les
choses plus loin jusqu’au résultat logique d’un corps artificiel qui habite
dans sa maison avec les restants de personnalité d’Ash.
Cette histoire à fendre le cœur est aussi la plus
lente de la série, puisque il devient rapidement évidemment où les choses s’en
vont et l’épisode prend un peu trop de temps à s’y rendre. Ces longueurs ont
l’avantage d’étirer le malaise qui s’installe rapidement lorsque Martha réalise
qu’une personnalité assemblée en monstre de Frankenstein est loin d’être
comparable à la vraie chose. La performance centrale d’Hayley Atwell rend les
longueurs facilement supportable, surtout avec le support de Gleeson qui
équilibre avec subtilité l’artificiel de la personnalité avec le désir de
plaire inhérent à sa « programmation ».
La simple constatation de tout ce que l’on laisse de
notre personnalité sur le web est astucieuse en soi, mais ces implications sont
beaucoup plus larges que ce qui en ressort initialement. Cet homme formé de
bribes digitales n’est que l’écho d’une personne, mais qu’est-ce que cela dit
sur notre présence en ligne? Oui elle est assez substantielle pour former un
semblant d’individu qui peut passer pour un humain pensant, mais n’y-a-t’il pas
un désir de projection ou de prestation qui entre en jeu? Jusqu’à quel point
nos habitudes en ligne reflètent-elles qui nous sommes vraiment?
Be Right Back, comme beaucoup de science-fiction intelligente,
soulève beaucoup de question avec très peu. Malgré le rythme plus calme du
scénario minimaliste (nous sommes probablement dans l’univers le plus près du
notre en dehors de The National Anthem),
les idées mises de l’avant et les performances nuancées font de cette heure de Black Mirror un solide début de saison.
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