samedi 19 septembre 2015

Black Mirror - S02E01 : Be Right Back

La seconde saison débute avec l'épisode le plus émotionnel et intime de la série.



À travers un discret commentaire sur notre présence en ligne et notre existence virtuelle, Be Right Back ouvre la porte au scénario le plus déchirant de la série à date. Dans un monde, toujours à peine décalé du notre, un organisme sans nom offre un service de procession du deuil malsain en créant une personnalité artificielle aux êtres chers avec lesquels il sera possible de converser. Plus le décédé était actif sur les réseaux sociaux, plus il y a du matériel avec lequel travailler pour créer un post-humain crédible.

Lorsqu’Ash (Domhnall Gleeson) quitte pour une longue conduite dans la nuit et ne donne pas de nouvelles, sa copine Martha (Hayley Atwell) s’inquiète rapidement, leur couple n’est pas à son meilleur, mais loin d’être fini. Lorsque la police cogne à sa porte, son univers s’effondre. Après un rejet initial, elle découvre qu’elle est enceinte et décide de « recontacter » Ash une dernière fois pour lui annoncer la nouvelle. Elle finit par prendre goût à ce nouveau contact et ne cesse de pousser les choses plus loin jusqu’au résultat logique d’un corps artificiel qui habite dans sa maison avec les restants de personnalité d’Ash.

Cette histoire à fendre le cœur est aussi la plus lente de la série, puisque il devient rapidement évidemment où les choses s’en vont et l’épisode prend un peu trop de temps à s’y rendre. Ces longueurs ont l’avantage d’étirer le malaise qui s’installe rapidement lorsque Martha réalise qu’une personnalité assemblée en monstre de Frankenstein est loin d’être comparable à la vraie chose. La performance centrale d’Hayley Atwell rend les longueurs facilement supportable, surtout avec le support de Gleeson qui équilibre avec subtilité l’artificiel de la personnalité avec le désir de plaire inhérent à sa « programmation ».

La simple constatation de tout ce que l’on laisse de notre personnalité sur le web est astucieuse en soi, mais ces implications sont beaucoup plus larges que ce qui en ressort initialement. Cet homme formé de bribes digitales n’est que l’écho d’une personne, mais qu’est-ce que cela dit sur notre présence en ligne? Oui elle est assez substantielle pour former un semblant d’individu qui peut passer pour un humain pensant, mais n’y-a-t’il pas un désir de projection ou de prestation qui entre en jeu? Jusqu’à quel point nos habitudes en ligne reflètent-elles qui nous sommes vraiment?

Be Right Back, comme beaucoup de science-fiction intelligente, soulève beaucoup de question avec très peu. Malgré le rythme plus calme du scénario minimaliste (nous sommes probablement dans l’univers le plus près du notre en dehors de The National Anthem), les idées mises de l’avant et les performances nuancées font de cette heure de Black Mirror un solide début de saison. 

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