mercredi 9 septembre 2015

Black Mirror - S01E01 : The National Anthem

Après avoir découvert l'excellente série d'anthologie Black Mirror, créée par Charlie Brooker, j'ai décidé d'écrire quelque peu sur chaque épisode, dans un espoir de rejoindre le plus de gens possible et convaincre via harcèlement d'y jeter un coup d'oeil.



Une situation de crise, une princesse en danger (techniquement duchesse), un kidnappeur inébranlable, aucune négociation possible, un danger de mort et une seule façon de sauver la situation : le premier ministre britannique doit avec des relations sexuelles avec une truie en direct à la télévision nationale. En moins de deux minutes, les enjeux sont établis et à partir de cette prémisse comique, mais ô combien sombre, la tension ne fait que monter. Black Mirror, une série d’anthologie sur notre relation aux nouvelles technologies, les sombres miroirs que sont les incessants écrans qui reflètent notre société, s’adresse ici avec beaucoup de venin à notre relation aux médias sociaux et la rapidité avec laquelle les choses peuvent exploser dans notre ère moderne.

L’attention de l’histoire ne déroge jamais de son point central et les seules coupes à des individus qui ne sont pas des membres du gouvernement sont les médias qui rapportent l’événement et les civils qui en suivent le déroulement sur divers écrans. L’épisode n’est qu’une progression lente et tendu vers une résolution qui semble inévitable pendant que chaque tentative de contourner le problème se révèle en vain. Comme le public agrippé à leurs écrans, nous ne pouvons-nous empêcher de détourner le regard en se demandant si nous allons assister à cette image gravée dans nos images depuis que la simple suggestion fut lancée. Le kidnappeur tient l’homme le plus important du pays en otage avec une figure aimée de tous et une série de mots choquants qui font instantanément exploser l’imaginaire.

La population, frappée d’une épidémie de Curiositus Morbidus*, s’occupe du reste et l’aspect viral de la situation enflamme les réseaux sociaux. Sans nécessairement les condamner, l’épisode souligne surtout l’instantanéité de la situation, avec quelques heures qui se déroulent entre l’ouverture et la conclusion de cette histoire et une nation au complet qui s’y est attachée. Les réseaux sociaux et la technologie mobile n’a pas réveillé en nous cette fascination malsaine, elle ne l’a rendu que plus accessible et facile à partager.

Le sujet est traité avec l’humour noir qui ressort inévitablement d’une mise en situation aussi absurde, mais n’a pas peur d’aller au cœur du drame sombre et réel qui frappe certains personnages (la femme du Premier Ministre, coincée au cœur du conflit beaucoup plus grand qu’elle est une des victimes les plus tragiques). Toutes les strates de la société sont considérées avec attention, du bureau ministériel et ses divers joueurs jusqu’aux médias qui se demandent comment couvrir quelque chose d’aussi nouveau, tentant de se garder à l’avant de la course de toutes les façons possible.

Évidemment, la série en profite pour nous pointer du doigt du même coup, nous plaçant dans la situation de spectateur accroc devenu complice, même si retiré d’une étape de plus puisque contrairement au peuple anglais, nous sommes témoins d’une fiction. Toute l’intelligence dans cette construction méticuleuse fait de ce premier épisode une franche réussite, équilibrant parfaitement l’humour et le noir de cet univers pas si loin du notre.


*Pas une vraie maladie

Aucun commentaire:

Publier un commentaire