Après avoir découvert l'excellente série d'anthologie Black Mirror, créée par Charlie Brooker, j'ai décidé d'écrire quelque peu sur chaque épisode, dans un espoir de rejoindre le plus de gens possible et convaincre via harcèlement d'y jeter un coup d'oeil.
Une situation de crise, une princesse en danger
(techniquement duchesse), un kidnappeur inébranlable, aucune négociation
possible, un danger de mort et une seule façon de sauver la situation : le
premier ministre britannique doit avec des relations sexuelles avec une truie
en direct à la télévision nationale. En moins de deux minutes, les enjeux sont
établis et à partir de cette prémisse comique, mais ô combien sombre, la
tension ne fait que monter. Black Mirror,
une série d’anthologie sur notre relation aux nouvelles technologies, les
sombres miroirs que sont les incessants écrans qui reflètent notre société, s’adresse
ici avec beaucoup de venin à notre relation aux médias sociaux et la rapidité
avec laquelle les choses peuvent exploser dans notre ère moderne.
L’attention de l’histoire ne déroge jamais de son
point central et les seules coupes à des individus qui ne sont pas des membres
du gouvernement sont les médias qui rapportent l’événement et les civils qui en
suivent le déroulement sur divers écrans. L’épisode n’est qu’une progression
lente et tendu vers une résolution qui semble inévitable pendant que chaque
tentative de contourner le problème se révèle en vain. Comme le public agrippé
à leurs écrans, nous ne pouvons-nous empêcher de détourner le regard en se
demandant si nous allons assister à cette image gravée dans nos images depuis
que la simple suggestion fut lancée. Le kidnappeur tient l’homme le plus
important du pays en otage avec une figure aimée de tous et une série de mots
choquants qui font instantanément exploser l’imaginaire.
La population, frappée d’une épidémie de Curiositus Morbidus*,
s’occupe du reste et l’aspect viral de la situation enflamme les réseaux
sociaux. Sans nécessairement les condamner, l’épisode souligne surtout l’instantanéité
de la situation, avec quelques heures qui se déroulent entre l’ouverture et la
conclusion de cette histoire et une nation au complet qui s’y est attachée. Les
réseaux sociaux et la technologie mobile n’a pas réveillé en nous cette
fascination malsaine, elle ne l’a rendu que plus accessible et facile à
partager.
Le sujet est traité avec l’humour noir qui ressort
inévitablement d’une mise en situation aussi absurde, mais n’a pas peur d’aller
au cœur du drame sombre et réel qui frappe certains personnages (la femme du
Premier Ministre, coincée au cœur du conflit beaucoup plus grand qu’elle est
une des victimes les plus tragiques). Toutes les strates de la société sont
considérées avec attention, du bureau ministériel et ses divers joueurs jusqu’aux
médias qui se demandent comment couvrir quelque chose d’aussi nouveau, tentant
de se garder à l’avant de la course de toutes les façons possible.
Évidemment, la série en profite pour nous pointer du
doigt du même coup, nous plaçant dans la situation de spectateur accroc devenu
complice, même si retiré d’une étape de plus puisque contrairement au peuple
anglais, nous sommes témoins d’une fiction. Toute l’intelligence dans cette
construction méticuleuse fait de ce premier épisode une franche réussite,
équilibrant parfaitement l’humour et le noir de cet univers pas si loin du
notre.
*Pas une vraie maladie
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