dimanche 6 septembre 2015

The Diary of a Teenage Girl

Directrice : Marielle Heller
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=M9LNsSjnqBM
Synopsis : l'avènement sexuel d'une adolescente à travers son aventure avec le copain de sa mère.



La sexualité féminine est un sujet si peu souvent touché dans notre culture qu’on pourrait croire qu’elle est inexistante. Les incessantes images de corps féminins portent à croire le contraire, mais non! La disproportion vient du fait qu’elle est toujours observée d’une perspective masculine et ainsi le pouvoir est plus souvent qu’autrement au mauvais endroit. The Diary of a Teenage Girl appartient entièrement à la fille (et non femme, du moins pas encore) en son centre, Minnie Goetze (Bel Powley) qui explore sa sexualité naissante dans cette comédie d’atteinte à la maturité sensible qui sait faire l’équilibre entre le drame et l’humour de certaines situations délicates.

« I had sex today. Holy shit! » déclare Minnie, ouvrant le film avec enthousiasme et submergement par cette nouvelle situation de non-vierge, ou « d’adulte » comme elle se déclare officiellement. Cette escapade charnelle s’est faite en compagnie du copain dans la trentaine (Alexander Skarsgård) de sa mère monoparentale (Kristen Wiig). Sans être malsaine ou abusive, cette affaire donne comme prétexte au scénario de s’intéresser aux aventures sexuelles de la jeune Minnie, qui se forge progressivement opinions et réflexions confuses sur le sujet.

Sans jamais condamner ou juger cette exploration, le film agit plutôt comme une célébration de cette liberté bourgeonnante. Le ton comique et la perspective féminine (personnage féminin mis en scène par une femme dans une histoire écrite par cette femme adapté de la bande dessinée d’une autre femme!) permet de toujours garder une compassion envers le sujet et de travailler avec un large compas. Même lorsque les choses vont trop loin, en compagnie d’une amie, l’emphase est mise sur le rapprochement suite à cet écartement et non sur la gravité apparente de ce qui se passe. Par la suite, les deux amies ne font que continuer leurs vies en sachant maintenant où est leur limite et personne ne s’en porte moins bien.

Le sexe n’est pas automatiquement associé aux sentiments, mais cet aspect des relations n’est pas pour autant ignoré. Cette approche arrive à mettre de l’avant une sexualité libre qui n’implique pas automatiquement le sexe vide qui vient souvent avec une telle représentation. Une libido saine qui n’est pas irréprochable permet de retirer de la lourdeur intrinsèque au sujet – une mineure dans une liaison avec un adulte, sans plus de contexte, soulève inévitablement un drapeau rouge – et il devient rapidement évident que maturité et âge eux ne sont pas toujours liés en parfait ratio, jouant beaucoup sur la dynamique principale du film.

Malgré toute l’approche intéressante de la réalisation et le traitement du sujet, le film n’appartient au final qu’à une seule personne : Bel Powley. Avec une performance qui englobe tout le film, sa narration contrôlée et charmante nous guide avec confiance dans les hauts et bas de sa vie sexuelle et son jeu qui n’a pas peur de se mettre à nu (littéral et figuré) fait de Minnie l’un des personnages les plus identifiables et mémorables de l’année. Elle n’est qu’authenticité.

The Diary of a Teenage Girl est une hymne au pouvoir sexuel et à l’exploration de cette dernière dans l’ascension vers une vie adulte épanouie et responsable. Avec un trio créatif qui se fait écho tout en rajoutant à chaque étape du processus sa touche personnelle, le résultat final est touchant et vrai à un niveau qui mérite d’être grandement célébré.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire