Directeur : Isao Takahata
Réalisé en 2013. Avec : Aki Asakura (Princesse Kaguya)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=tM6hcHp0_kU
Réalisé en 2013. Avec : Aki Asakura (Princesse Kaguya)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=tM6hcHp0_kU
Comme la majorité des
films de Ghibli, Princess Kaguya est
la simple histoire d’arrivée à la maturité, l’inévitabilité de vieillir et de
devenir un adulte responsable qui doit prendre des décisions et accepter les
conséquences de ses actions. C’est aussi l’histoire d’une princesse magique issue
du bambou qui grandit à des vitesses aussi extraordinaires qu’aléatoire.
Évoquant l’incroyable beauté et le lyrisme de la vie autant à travers ses
dessins que dans la fable de la jeune princesse, ce film est un ajout digne de
ce nom à la filmographie d’un studio qui ne cesse de surprendre et de faire
rêver.
La vie de princesse
débute d’abord dans les régions du Japon, où le rythme de vie tranquille et
lent contraste avec l’enthousiasme et le jeu de la gamine excitée par l’exploration
constante que permet un groupe d’amis joueurs et des kilomètres de forêts sans
dangers aux alentours. C’est durant cette partie de l’histoire (la période « Lil’
Bamboo » de la princesse, surnom qu’on lui donne lorsqu’on remarque la
vitesse de croissance du bébé) que l’on tombe amoureux de la jeune fille. Sa
curiosité, son enthousiasme, sa féroce détermination et sa bonté ne peuvent s’empêcher
de charmer tout ceux qu’elle rencontre et il devient évident à quel point cette
pousse de bambou, grâce à un environnement stimulant, grandit en se nourrissant
de cette expérience de vie. C’est lorsque son père se met en tête qu’elle à un
destin de princesse que les choses se corsent.
La découverte d’une énorme
quantité d’or dans des pousses de bambous et une explosion de tissages et
vêtements luxueux convainquent le père de la jeune fille que son destin n’est
pas celui d’une fermière, mais d’une princesse, les messages divins sont clairs
sur ce point. Il la déracine donc de son milieu d’enfance, lui achète un palais
en ville et engage une éducatrice de l’étiquette appropriée à la noblesse. C’est
à ce moment qu’elle reçoit le titre officiel de Princess Kaguya (en l’honneur
de la lumière et de la vitalité qui irradie de sa personne). Par contre, c’est
aussi à ce moment que les contraintes d’une vie de princesse se mettent à peser
lourdement sur son entrain et son développement ralenti peu à peu pour en
arriver au rythme normal d’un humain.
Il est agréable de
constater que malgré ces circonstances fâcheuses, la princesse ne perd de sa
personnalité et encore moins de notre intérêt. La vie de la protagoniste
fascine, émerveille, touche et surtout, reste toujours vivante, même au plus
tristes moments. Lorsque l’ensemble des figures d’autorités dans son entourage
semblent déterminés à lui retirer tout semblant de pouvoir dans les décisions
déterminantes de son avenir, elle ne cesse de tirer son épingle du jeu, que ce
soit issue de frustration, de tristesse ou de malice.
Le style de dessin (une
évolution de My Neighbors the Yamada,
du même réalisateur) capture la magie de moments du quotidiens, rendant
magnifique une simple cueillette ou une baignade en forêt. Malgré un univers et
une histoire plus ancrée dans la réalité (l’adjectif ici est relatif,
considérant l’ensemble du travail de Ghibli et surtout la fable écologique des « tanukis »
métamorphes Pom Poko), cela n’empêche
pas l’esthétique du film de nous envelopper pour nous emporter ailleurs,
assister aux tribulations d’une jeune fille et ses leçons de maturité et de
prise en main dans un monde entièrement évocateur d’imaginaire.
Malgré une protagoniste
adorable qui déchire, le film offre une morale assez difficile qui ramène à la
réalité. Il s’en sort sans l’inévitable fin heureuse servant seulement à ce qu’on
sorte du cinéma en se sentant bien et dissimulant un problème d’une situation
inévitablement problématique. Toute cette lumière et vitalité que nous offre
cette princesse ne doit pas être prise pour acquis et lorsqu’on l’oublie et qu’on
laisse le sexisme institutionnalisé l’empêcher de croitre et de s’épanouir, ce
cadeau peut tout aussi bien décidé qu’il en a assez et il sera perdu à tout
jamais.
En conclusion, The Tale of Princess Kaguya est un conte
magnifique et touchant sur les difficultés d’atteinte à la maturité d’une jeune
fille aux besoins simples qui doit naviguer les exigences du monde adulte, parfois
(/souvent) injuste. Une esthétique langoureuse et une palette de couleur
subtile crée un film qui se distingue réellement de la majorité des autres
productions Ghibli tout en offrant quelque chose qui s’ajuste aux thèmes et
explorations des difficultés du monde vrai observé sous une lentille
fantastique (animation l’oblige) et parfois des dures réalités de cette vie.
MUK
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