Directrice : Jennifer Kent
Réalisé en 2014. Avec : Essie Davis (Amelia) et Noah Wiseman (Sam)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=k5WQZzDRVtw
Dès l’ouverture, la
situation nous est présentée de façon si claire et concise que la tension
initiale est tout de suite mise en place. Amelia est une mère monoparentale veuve
qui doit élever un enfant de 6 ans aux nombreux troubles. Il est hyperactif,
nécessiteux, a des comportements violents et une imagination très stimulante.
Il construit des armes pour défendre sa mère des monstres, détruisant plus de
carreaux et s’attirant plus de troubles à l’école qu’autre chose. La routine
d’Amélia ne consiste qu’en une série de nuits dépourvues de sommeil, des
journées de travail à s’occuper de personnes âgées pour ensuite repasser à l’école
et gérer la nouvelle crise que son enfant à amener dans leurs vies. L’école a
de plus en plus de difficultés à savoir de quelle façon s’occuper de l’enfant
et la seule famille que semble avoir Amélia, sa sœur, la repousse de plus en
plus. Elle n’a aucune seconde de répit et ne fait que dévoué toute son énergie
et attention dans ce trou noir ingrat qu’est Sam, une parfaite métaphore pour
la monoparentalité…sauf qu’il n’y a aucune métaphore.
The
Babadook s’ouvre pour une vingtaine de minutes dans la vie des
personnages sans même une mention de l’éponyme créature (un personnage de livre
pour enfant louche). Il est mentionné lorsque Sam trouve le livre sur son étagère
pour ensuite être rangé pour 20 minutes de plus. Par contre l’angoisse est
instaurée et cette présence malveillante qui guette la maisonnée devient une
partie intégrante de l’histoire, même si elle n’apparait que lors de quelques
éclairs. Elle est loin d’être nécessaire pour que l’angoisse ait pris racine
dans l’esprit du spectateur. La tension entre le fils monstrueux (malgré lui)
et sa mère qui semble de plus en plus à bout suffit à nous mettre rapidement
sur les nerfs. Lorsque le Babadook fait son entrée, la scène est mise en place,
le décor est prêt, le rideau est levé, les projecteurs sont braqués sur lui et
il n’a qu’à faire ce qu’il a à faire, puisque la dynamique familiale est plus
que propice à sa venue. Ils sont au bord du précipice et une simple poussée du
bout du doigt est nécessaire pour que tout bascule et cette tension qui monte
sans arrêt dès l’ouverture nous met à fleur de peau, faisant de leur foyer
l’endroit le plus tendu que l’on puisse imaginer.
Le Babadook qui traque et
guette sans relâche la famille prend la place symbolique de la dépression conséquente
d’un deuil mal géré et ils poussent cette idée à sa conclusion logique, un
atout majeure dans la majorité des cas pour moi. Par contre, vers la fin du
film il y a un revirement inévitable, résultat de toute la tension construite
dans chaque scène et cela entraina une perte de puissance malheureuse dans
l’horreur acquise jusqu’à ce point. En évitant le plus possible de citer
explicitement ce qui se passe, comme dans beaucoup de films d’horreurs, la
force antagoniste perd l’aura angoissant qui l’entoure lorsqu’elle prend une forme
que l’on peut voir, toucher et définir. Même si le Babadook ne prend jamais
forme en soi, puisque ce n’est tout simplement pas sa façon d’agir, une force
maléfique se révèle, résultante des manipulations machiavéliques de la créature
et le film est beaucoup moins tendu à partir de ce point. Ce n’est pas pour
dire qu’il est moins bon, puisque les enjeux changent et l’idée de ce qui est à
l’écran est horrible à un tout autre niveau, mais une force tangible et
cernable est une force limitée et faillible, beaucoup plus humaine que
surnaturelle ou psychologique. Un film moindre perdrait beaucoup d’intérêt à ce
point, mais les personnages ont été si bien construits que leur sort devient
important à nos yeux, peu importe le niveau d’horreur qui les entoures.
En conclusion, The Babadook est un film d’horreur qui
offre un deux-tiers de films en maitrise parfaite de sa forme, mais qui s’égare
quelque peu dans la dernière ligne droite. À ce point, vous êtes soit embarqués ou non et
les chanceux qui ont été agrippés par ce manège diabolique devraient être
capable de fermer les yeux sur cette décision plus thématique que dramatique. Autrement
dit, une perte (moindre) de la tension est malencontreuse, mais loin de gâcher
un film qui réussit avec autant d’impact sur autant de niveaux (sans aucun
« jump-scare »!) Une leçon d’ambiance et de ton merveilleuse (quand
je dis merveilleux, je veux dire horrifiant).
MUK
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