jeudi 27 novembre 2014

Mockingjay - Part 1

Directeur : Francis Lawrence
Réalisé en 2014. Avec : Jennifer Lawrence (Katniss), Julianne Moore, Philip Seymour Hoffman, Natalie Dormer, Liam Hemsworth, Jeffrey Wright, Woody Harrelson et Donald Sutherland.
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=k4e-qJdEAXo


Il devient de plus en plus clair que le titre de cette franchise est obsolète. Après avoir centré l’intrigue entière du premier film sur ces fameux jeux et les avoirs relégués au niveau d’embuche à surmonter lors du second dans un plus large contexte d’une révolte, ils sont maintenant complètement disparus du paysage narratif. Seuls leurs impacts globaux sur les personnages restent présents (la situation de Peeta, le statu mythique de Katniss, l’état émotionnel de Finnick). Ils servaient plutôt de représentation pour l’oppression subite par la population dans cet univers. Mais une série qui fut d’abord condamnée comme étant un Battle Royale fade pour adolescents s’est développée en une histoire sur une révolution populaire et la place des médias de masses en situation de crise. Mockingjay Part 1 continue la lignée des films en étant plus grand, plus vrai, plus sombre et avec d’encore plus hauts enjeux.

La révolution bat son plein et les conflits armés se multiplient dans les districts, qui doivent trouver des moyens de joindre leurs troupes et de s’allier sous une même bannière malgré la peur, le manque de communications ou de volonté. Ils ont besoins d’une figure qui les rallient et instaure en eux le courage et la détermination d’affronter l’oppresseur. Katniss, qui se remet encore des événements finaux de Catching Fire se retrouve confrontée à la réalité qu’elle est devenu malgré elle, grâce à son courage, sa dévotion et son entêtement, LA figure révolutionnaire. Elle doit donc apprendre à supporter sur ses épaules le poids d’une révolution, avec les (rares) avantages et les nombreux inconvénients de la chose. S’il y a bien une chose que l’on peut dire sur Mockingjay, c’est qu’ils n’hésitent pas à montrer l’horreur de la situation et aucune bataille n’est remportée à moindre coûts. Le film raconte l’histoire d’une révolution qui semble bien se dérouler, mais il n’a pas peur de s’attarder sur le prix en vies et en dommages émotionnels des figures au cœur du conflit (ce plan final est un chef-d’œuvre).


La situation en place rend encore plus d’actualité cet univers puisque nous savons dès le début, dès la première scène du premier film, que le gouvernement est loin d’être parfait, bien au contraire. Nous n’avons pas affaire à une utopie qui se révèle cacher quelque chose de sombre et ainsi, lorsque les héros dévoilent au grand jour les problèmes, tout le système est retourné et la situation est réglée. Le gouvernement est établi comme étant problématique pour une grande partie de la population, mais détient tellement de pouvoirs médiatiques et militaires que les problèmes de la « plèbe » peuvent être distancés des gens en sécurité dans leur capitale avec tous les conforts *tousse tousse* Ferguson *tousse tousse*. Ainsi, le revirement se fait difficilement et même lorsque le District 13 diffuse les images d’horreurs commises par les autorités, personne ne se demande pourquoi la capitale n’est pas en révolte. On voit ici une approche réaliste à un soulèvement populaire, où les choses ne sont pas réglées suite à des discours inspirants et des charges sans victimes et où on peut accumuler un grand nombre de victoires sans avoir accompli de réel progrès.

Le point de vue adopté sur cette révolution est d’autant plus intéressant qu’il prend l’approche de la propagande. Puisque pour une bonne partie du film, l’objectif principal est de construire et diffuser une image de Katniss qui est légèrement mise en scène, un retournement par rapport aux deux premiers films qui tentaient de la vendre pour ce qu’elle n’était pas. Les échecs et les réussites, mises en contrastes avec les actes des rebelles offrent une perspective meta sur notre vision des choses. Les chefs de la révolution tentent pratiquement de construire des bandes-annonces crédibles afin de motiver le peuple à se rallier à leur cause (puisque qu’est-ce que sont les bandes-annonces si pas des pièces de propagandes pour des événements cinématographiques, contrôlant et jouant avec certains faits pour leur faire faire passer un message ou une émotion spécifique).


Cette série a probablement le plus haut taux de morts à l’écran de toutes les séries « pour adolescents ». Il faudrait que je vérifie, mais je crois qu’à ce point le taux de décès des trois Hunger Games dépasse celui des huit Harry Potter. Puisqu’il n’y a pas de rasages de villes, de bombardements d’hôpitaux ou de charge glorieuse et suicidaire dans Harry Potter. Même si on ne voit pas chacun de ces événements, leur poids pèse lourd sur l’atmosphère du film et leur gravité est conviée avec l’importance qu’elle se mérite. Il y a très peu de victoires dans ce film et toutes viennent à un terrible prix, peignant un portrait réaliste du désespoir et de la détermination révolutionnaire. Même lors des célébrations finales, le film ne nous permet pas de nous complaire dans cette situation, remettant plutôt en question si les choses vont réellement s’améliorer et si Katniss peut vraiment faire confiance aux dirigeants politiques du District 13, qui la considèrent aussi comme un pion dans leur jeu.

Par contre, la portée de l’histoire implique aussi plus de personnages et par conséquent, moins de temps pour chacun d’eux. Lenny Kravitz étant mort, Stanley Tucci dans la capitale, Elizabeth Banks et Woody Harrelson ayant passé le flambeau de mentor, il reste très peu des visages familiers auxquels nous nous sommes attachés lors des deux premiers opus. Stanley n’apparait qu’à travers l’écran et, situation l’oblige, est beaucoup plus sobre et réservé, mais fait toujours sourire. Elizabeth Banks prouve qu’elle n’a pas besoin de maquillages et perruques farfelues pour marquer le peu de temps qu’elle est à l’écran, ce qui est triste puisqu’elle est le parfait personnage pour illustrer l’humanité et le poids de cette révolution sur les gens de la capitale qui, malgré leur richesse, ne sont pas des mauvaises personnes. Par contre, ils lèguent la place à Philip Seymour Hoffman, Julianne Moore et Natalie Dormer*, ce qui ne nous laisse pas en restes! Donald Sutherland devient de plus en plus machiavélique et je ne voudrais rien de différent de sa part! Son introduction dans ce film est particulièrement mémorable.


Après avoir écrit plus de 2000 mots sur cette franchise, je n’ai toujours pas parlé du noyau. Jennifer Lawrence est tellement approprié pour le rôle que c’en devient ridicule. Sa personnalité publique à grandit de concomitance avec ses films de Hunger Games, rendant le parallèle entre Katniss et sa vie encore plus évident. Woody Harrelson décortique presque textuellement la personnalité populaire de Jennifer Lawrence en soulignant à quel point la majorité de son attrait vient des moments honnêtes et non-sollicités à l’écran, des moments auquel le public a assisté. Elle peut autant se montrer forte, descendre un jet bombardier, hurler un discours rassembleur et l’instant suivant laisser tomber son armure et révéler sa fragilité. Elle a une voix qui brise dès qu’elle augmente le ton, lui donnant une certaine texture qui la distingue particulièrement.  

La coupe entre les deux moitiés de livre ne m’a aucunement dérangée, du moins pas plus que les fins du premier ou second film, qui se terminent tous sur un aperçu des choses à venir. Ils ont réussi à structure l’intrigue du film autour du développement émotionnel de Katniss pour qu’elle s’approprie réellement son rôle de Geai Moqueur (ainsi que le prix de la chose) et bouclent ce développement de façon assez satisfaisante que la scène est mise pour une résolution qui s’annonce grandiose. Il y a suffisamment de développements et d’événements que le film ne donne pas l’impression d’être une série de mises en situations pour des événements que nous ne verrons pas. De plus, étirer le livre permet d’accorder plus d’attention aux divers actes de rébellions à travers les districts et donner à tous la révolte l’ampleur qu’elle mérite. Tout ce qui est établi à l’intérieur de ce film est résolu avant la fin, ne laissant que la révolution, qui est la toile de fond de l’histoire, à conclure dans l’ultime film. Avant de conclure, j’ai une recommandation à faire aux gigantesques studios qui sont évidemment en train de me lire en ce moment : si vous êtes pour couper le dernier livre en deux, peut être pourriez-vous leurs donner des titres différents? Les gens voient déjà la chose comme quelque chose de cynique et justifié uniquement par l’argent et deux titres différents amoindrirait grandement le sentiment de payer pour un demi-film (surtout lorsque vous réussissez à construire une histoire qui se contient dans un seul film comme dans ce cas-ci).


En conclusion, je crois être prêt à dire que le 3e film est mon favori du lot jusqu’à aujourd’hui, puisqu’il laisse derrière entièrement les aspects moins intéressants des premiers (l’éponyme compétition) et se concentre uniquement sur une révolution dure, couteuse et possiblement en vain (selon les sous-entendus des gens qui ont lus les livres autour de moi, la résolution n’implique pas beaucoup de papillons et d’arc-en-ciel). La gravité de la situation ne fait qu’empirer et la conclusion de cette histoire promet énormément.

MUK

*Holy Shit regardez-moi l’ensemble de ce cast! Juste. Des. Badass.

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