Directeur : Francis Lawrence
Réalisé en 2014. Avec : Jennifer Lawrence (Katniss), Julianne Moore, Philip Seymour Hoffman, Natalie Dormer, Liam Hemsworth, Jeffrey Wright, Woody Harrelson et Donald Sutherland.
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=k4e-qJdEAXo
Réalisé en 2014. Avec : Jennifer Lawrence (Katniss), Julianne Moore, Philip Seymour Hoffman, Natalie Dormer, Liam Hemsworth, Jeffrey Wright, Woody Harrelson et Donald Sutherland.
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=k4e-qJdEAXo
Il devient de plus en plus clair
que le titre de cette franchise est obsolète. Après avoir centré l’intrigue
entière du premier film sur ces fameux jeux et les avoirs relégués au niveau d’embuche
à surmonter lors du second dans un plus large contexte d’une révolte, ils sont
maintenant complètement disparus du paysage narratif. Seuls leurs impacts
globaux sur les personnages restent présents (la situation de Peeta, le statu
mythique de Katniss, l’état émotionnel de Finnick). Ils servaient plutôt de
représentation pour l’oppression subite par la population dans cet univers.
Mais une série qui fut d’abord condamnée comme étant un Battle Royale fade pour adolescents s’est développée en une histoire
sur une révolution populaire et la place des médias de masses en situation de
crise. Mockingjay Part 1 continue la lignée des films en
étant plus grand, plus vrai, plus sombre et avec d’encore plus hauts enjeux.
La révolution bat son plein et
les conflits armés se multiplient dans les districts, qui doivent trouver des
moyens de joindre leurs troupes et de s’allier sous une même bannière malgré la
peur, le manque de communications ou de volonté. Ils ont besoins d’une figure qui
les rallient et instaure en eux le courage et la détermination d’affronter l’oppresseur.
Katniss, qui se remet encore des événements finaux de Catching Fire se retrouve confrontée à la réalité qu’elle est
devenu malgré elle, grâce à son courage, sa dévotion et son entêtement, LA
figure révolutionnaire. Elle doit donc apprendre à supporter sur ses épaules le
poids d’une révolution, avec les (rares) avantages et les nombreux
inconvénients de la chose. S’il y a bien une chose que l’on peut dire sur Mockingjay, c’est qu’ils n’hésitent pas
à montrer l’horreur de la situation et aucune bataille n’est remportée à
moindre coûts. Le film raconte l’histoire d’une révolution qui semble bien se
dérouler, mais il n’a pas peur de s’attarder sur le prix en vies et en dommages
émotionnels des figures au cœur du conflit (ce plan final est un chef-d’œuvre).
La situation en place rend encore
plus d’actualité cet univers puisque nous savons dès le début, dès la première
scène du premier film, que le gouvernement est loin d’être parfait, bien au contraire.
Nous n’avons pas affaire à une utopie qui se révèle cacher quelque chose de
sombre et ainsi, lorsque les héros dévoilent au grand jour les problèmes, tout
le système est retourné et la situation est réglée. Le gouvernement est établi
comme étant problématique pour une grande partie de la population, mais détient
tellement de pouvoirs médiatiques et militaires que les problèmes de la « plèbe »
peuvent être distancés des gens en sécurité dans leur capitale avec tous les
conforts *tousse tousse* Ferguson *tousse tousse*. Ainsi, le revirement se fait
difficilement et même lorsque le District 13 diffuse les images d’horreurs
commises par les autorités, personne ne se demande pourquoi la capitale n’est pas
en révolte. On voit ici une approche réaliste à un soulèvement populaire, où
les choses ne sont pas réglées suite à des discours inspirants et des charges
sans victimes et où on peut accumuler un grand nombre de victoires sans avoir
accompli de réel progrès.
Le point de vue adopté sur cette
révolution est d’autant plus intéressant qu’il prend l’approche de la
propagande. Puisque pour une bonne partie du film, l’objectif principal est de
construire et diffuser une image de Katniss qui est légèrement mise en scène,
un retournement par rapport aux deux premiers films qui tentaient de la vendre
pour ce qu’elle n’était pas. Les échecs et les réussites, mises en contrastes
avec les actes des rebelles offrent une perspective meta sur notre vision des
choses. Les chefs de la révolution tentent pratiquement de construire des bandes-annonces
crédibles afin de motiver le peuple à se rallier à leur cause (puisque qu’est-ce
que sont les bandes-annonces si pas des pièces de propagandes pour des
événements cinématographiques, contrôlant et jouant avec certains faits pour
leur faire faire passer un message ou une émotion spécifique).
Cette série a probablement le
plus haut taux de morts à l’écran de toutes les séries « pour adolescents ».
Il faudrait que je vérifie, mais je crois qu’à ce point le taux de décès des
trois Hunger Games dépasse celui des
huit Harry Potter. Puisqu’il n’y a
pas de rasages de villes, de bombardements d’hôpitaux ou de charge glorieuse et
suicidaire dans Harry Potter. Même si
on ne voit pas chacun de ces événements, leur poids pèse lourd sur l’atmosphère
du film et leur gravité est conviée avec l’importance qu’elle se mérite. Il y a
très peu de victoires dans ce film et toutes viennent à un terrible prix,
peignant un portrait réaliste du désespoir et de la détermination révolutionnaire.
Même lors des célébrations finales, le film ne nous permet pas de nous
complaire dans cette situation, remettant plutôt en question si les choses vont
réellement s’améliorer et si Katniss peut vraiment faire confiance aux
dirigeants politiques du District 13, qui la considèrent aussi comme un pion
dans leur jeu.
Par contre, la portée de l’histoire
implique aussi plus de personnages et par conséquent, moins de temps pour
chacun d’eux. Lenny Kravitz étant mort, Stanley Tucci dans la capitale, Elizabeth
Banks et Woody Harrelson ayant passé le flambeau de mentor, il reste très peu
des visages familiers auxquels nous nous sommes attachés lors des deux premiers
opus. Stanley n’apparait qu’à travers l’écran et, situation l’oblige, est
beaucoup plus sobre et réservé, mais fait toujours sourire. Elizabeth Banks
prouve qu’elle n’a pas besoin de maquillages et perruques farfelues pour
marquer le peu de temps qu’elle est à l’écran, ce qui est triste puisqu’elle
est le parfait personnage pour illustrer l’humanité et le poids de cette
révolution sur les gens de la capitale qui, malgré leur richesse, ne sont pas
des mauvaises personnes. Par contre, ils lèguent la place à Philip Seymour
Hoffman, Julianne Moore et Natalie Dormer*, ce qui ne nous laisse pas en
restes! Donald Sutherland devient de plus en plus machiavélique et je ne
voudrais rien de différent de sa part! Son introduction dans ce film est
particulièrement mémorable.
Après avoir écrit plus de 2000
mots sur cette franchise, je n’ai toujours pas parlé du noyau. Jennifer
Lawrence est tellement approprié pour le rôle que c’en devient ridicule. Sa personnalité
publique à grandit de concomitance avec ses films de Hunger Games, rendant le parallèle entre Katniss et sa vie encore
plus évident. Woody Harrelson décortique presque textuellement la personnalité
populaire de Jennifer Lawrence en soulignant à quel point la majorité de son
attrait vient des moments honnêtes et non-sollicités à l’écran, des moments
auquel le public a assisté. Elle peut autant se montrer forte, descendre un jet
bombardier, hurler un discours rassembleur et l’instant suivant laisser tomber
son armure et révéler sa fragilité. Elle a une voix qui brise dès qu’elle augmente
le ton, lui donnant une certaine texture qui la distingue particulièrement.
La coupe entre les deux moitiés
de livre ne m’a aucunement dérangée, du moins pas plus que les fins du premier
ou second film, qui se terminent tous sur un aperçu des choses à venir. Ils ont
réussi à structure l’intrigue du film autour du développement émotionnel de
Katniss pour qu’elle s’approprie réellement son rôle de Geai Moqueur (ainsi que
le prix de la chose) et bouclent ce développement de façon assez satisfaisante
que la scène est mise pour une résolution qui s’annonce grandiose. Il y a suffisamment
de développements et d’événements que le film ne donne pas l’impression d’être
une série de mises en situations pour des événements que nous ne verrons pas.
De plus, étirer le livre permet d’accorder plus d’attention aux divers actes de
rébellions à travers les districts et donner à tous la révolte l’ampleur qu’elle
mérite. Tout ce qui est établi à l’intérieur de ce film est résolu avant la
fin, ne laissant que la révolution, qui est la toile de fond de l’histoire, à
conclure dans l’ultime film. Avant de conclure, j’ai une recommandation à faire
aux gigantesques studios qui sont évidemment en train de me lire en ce moment :
si vous êtes pour couper le dernier livre en deux, peut être pourriez-vous
leurs donner des titres différents? Les gens voient déjà la chose comme quelque
chose de cynique et justifié uniquement par l’argent et deux titres différents
amoindrirait grandement le sentiment de payer pour un demi-film (surtout
lorsque vous réussissez à construire une histoire qui se contient dans un seul
film comme dans ce cas-ci).
En conclusion, je crois être prêt
à dire que le 3e film est mon favori du lot jusqu’à aujourd’hui,
puisqu’il laisse derrière entièrement les aspects moins intéressants des
premiers (l’éponyme compétition) et se concentre uniquement sur une révolution
dure, couteuse et possiblement en vain (selon les sous-entendus des gens qui
ont lus les livres autour de moi, la résolution n’implique pas beaucoup de
papillons et d’arc-en-ciel). La gravité de la situation ne fait qu’empirer et
la conclusion de cette histoire promet énormément.
MUK
*Holy Shit regardez-moi l’ensemble
de ce cast! Juste. Des. Badass.
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