Directeurs : Gary Ross et Francis Lawrence
Réalisés en 2012 et 2013.
Avec : Jennifer Lawrence (Katniss), Josh Hutcherson (Mr. Carré), Woody Harrelson, Elizabeth Banks, Lenny Kravitz, Stanley Tucci, Liam Hemsworth et Donald Sutherland.
Écoutez les deux premiers
Hunger Games permet de réaliser à
quel point le premier est médiocre. Lors de sa sortie en salle, il apportait
une traduction fidèle du roman à succès au grand écran et rendait clair cet
univers qui pouvait en perdre certains. Il faisant un excellent travail d’épuration
pour garder le minimum de détails pertinents à l’histoire. Par contre, comme lors
de la transition des Harry Potter de
Chris Columbus à Cuarón, il fallait qu’un
réalisateur ait plus de libertés et de budget pour permettre de révélé ce que
la franchise pouvait réellement accomplir lorsqu’adapté à l’écran. La franchise
Hunger Games passe ainsi d’un film qui était contraint au roman et se
contentait de mettre à l’écran les pages du livre à un film de science-fiction
grandiose qui surpasse son prédécesseur à tous les niveaux.
Il est impossible de
ramener cette amélioration simplement au réalisateur, puisque Gary Ross avait
moins de budget et probablement moins de libertés, étant obligé de s’en tenir
au texte original, histoire de plaire à la grande base de fans du livre pour
aller chercher des ventes assurées. Lorsque le premier se révéla être un énorme
succès, ils ont pompés plus d’argent dans la production et permis ainsi de
créer un univers beaucoup plus mémorable visuellement qui va de pair avec l’amplification
des enjeux lors du deuxième opus. C’est dommage puisque j’entends beaucoup de
gens écouter le premier pour tester l’eau et décider que cette franchise n’est
pas pour eux et je les comprends parfaitement. Je recommanderais à qui que ce
soit d’écouter le deuxième d’abord, mais il y a tellement de mise en contexte,
de caractérisation et d’enjeux qui sont établis dans le premier que lorsque la situation
devient plus tendue, le bagage qui nous vient du premier est utile.
Mais c’est fâcheux
puisque le premier film est ennuyeux, bon marché, étouffant et tente d’en
accomplir tellement qu’il coupe les coins ronds sur la majorité des personnages
périphériques, faisant de tous les personnages qui n’ont pas la chance d’être
joués par des acteurs de fort calibre des archétypes unidimensionnels qui n’ont
aucun impact sur l’histoire ou sur l’audience. Un exemple de ce problème est
manifesté chez les méchants de l’arène, M. et Mme. Anichéen, des stéréotypes
qui, en comparaison, donnent de la profondeur aux brutes adolescentes de
Stephen King. Par contre, ils avaient évidemment des choix difficiles à faire
et ont fait les bons, puisqu’ils ont portés une attention particulière aux
personnages qui restaient pertinent tout au long de la franchise (le casting
incroyable a aussi beaucoup aidé). Woody Harrelson*, Elizabeth Banks, Lenny
Kravitz, Stanley Tucci et Donald Sutherland forment le 35% de réussite du film
(puisque pour moi, Hunger Games est composé
d’environ 35% d’un bon film). ** Ils sont personnifiés très rapidement et n’ont
pas énormément de profondeur, mais nous en donnent juste assez (par contre,
Elizabeth Banks disparait lors des jeux, ce qui est malencontreux puisque ses
réactions aux diverses situations dangereuses auraient pu apporter tant de
choses à son personnage). La famille de Katniss est tellement absente que c’en
est ridicule, considérant que le lien entre Katniss et sa sœur est la relation
qui déclenche toute cette histoire. C’est un problème que le second film s’empressera
de résoudre. Le scénario est tellement pressé de mettre en contexte et de se
rendre à l’arène que toute la mise en place des personnages et leurs dynamiques
et raccourcis au minimum, ce qui en laisse à redemander.
De plus, il est évident
que Lionsgate était hésitant à investir trop d’argent au départ, le résultat
étant un Capitol et des Districts qui forment le futur dystopique le moins marquant
qui me vienne en tête (After the
Apocalyse avait plus de style et de distinctions que Hunger Games, et nous parlons ici d’un film en noir et blanc avec
aucune parole filmé presque exclusivement dans des déchèteries et des ruines). Pour
contourner le manque de budget, le film se tourne vers les gros plans et la
caméra épaule, ce qui étouffe et dérobe l’histoire de la grandeur des
événements qui s’y déroulent. Je ne saurais dire quel aspect de l’univers est
le plus banal, la ville minière, la capitale grise et carrée ou l’arène forêt. Je
tiens à rappeler que je ne serais probablement pas aussi dur envers le premier
si le deuxième n’avait pas montré tout le potentiel dans ces idées, me donnant ma
rétorque par défaut lorsque les gens me disent « comment aurais-tu voulu
qu’ils le fassent d’abord? ».
Comme souvent, dans ces
circonstances, j’aime faire l’exercice des moments marquants qui me viennent en
tête rapidement. Pour le premier, j’ai la séquence du début des jeux, lorsque
les jeunes s’entretuent et le seul moment où la caméra-épaule ajoutait à l’expérience
plutôt que d’enlever. Sinon, je ne peux que penser à la séquence où Katniss
fait un pied de nez aux sponsors en tirant sa révérence après avoir gâché leur
cochon et à la révolte dans le District 11, qui donne un aperçu des véritables
enjeux qui gravitent la survie de l’héroïne. Je parle ici bien évidemment des
séquences qui sont marquantes pour des bonnes raisons, puisque sinon cette scène remporte la palme pour « Séquence dont j’ai le plus parlé de tous
les temps ».
Il est temps de passer au
deuxième, puisque la conversation autour du premier n’ira jamais plus haut que
lorsqu’on en arrive à l’homme-mourant qui prend le temps de se peinturer en
roche avec ses talents de décorateur patissier. De l’armure des policiers aux
effets spéciaux, en passant par les enjeux, l’investissement émotionnel et les
perruques d’Elizabeth Banks, chaque aspect de Catching Fire donnent à la franchise son premier opus qui la fait
entrer dans le canon des grands impacts culturels positifs. Puisque Hunger Games seul n’aurait jamais laissé
l’impact que la méga-franchise s’élance pour produire (et pour le mieux). Tandis
que le premier film se concentrait trop sur le triangle amoureux superficiel
(il n’y avait pas de triangle premièrement puisque Bro-Thor n’est pas dans le
film et il n’y avait pas de vrai amour entre les deux protagonistes), le
deuxième film relègue ces relations à la place de pions sur le plus large
échiquier des manipulations politiques et médiatiques dans la dictature. Comme Dan Harmon se plait à le dire, « Love is
like ketchup, it’s a condiment and it adds flavor, but you wouldn’t eat a whole
plate of ketchup. IT’S NOT A MEAL »***. Les relations
interpersonnelles sont présentes, mais servent l’histoire et ajoute aux
personnages plutôt que de les définir.
La réalisation respire
beaucoup plus et permet de réellement réaliser l’ampleur des actions qui se
déroulent. L’arène est beaucoup plus imaginative et au lieu de donner un
semblant de personnalité au plus grand nombre de tributs possibles, ils ont
fait le choix judicieux de se concentrer sur les quelques membres plus
pertinents et de totalement laisser tomber les autres. Comme dirait Bernard
Werber : « mieux vaut consolider ses points forts que vouloir tout contrôler. » L’univers
est plus riche, les personnages plus pertinents et le deuxième opus à l’avantage
de vraiment mettre en branle les événements qui se dérouleront dans les deux
prochains films, rendant plus percutant chaque déroulement de situation. L’ouverture
de leur tour public avec un vieil homme qui se fait descendre d’une balle dans
la tête devant une foule élève d’un cran le poids de chaque décision qui est
prises à partir de ce moment. Donald Sutherland est établi comme une véritable
menace qui ne fait pas que jardiner avec Wes Bentley**** et faire des discours
génériques. Oh! Ils ont aussi sorti leurs beaux habits du dimanche en la
personne de Philip Seymour Hoffman qui est tout simplement délectable dans son
rôle de l’agent double ambigu, livrant chaque ligne comme s’il sortait d’un
film d’espionnage hyperréaliste. De plus, l’ensemble du film bénéficie de toute
la mise en contexte qui n’est plus nécessaire (puisque le travail ingrat est
accompli par le premier film) et permet ainsi des petits moments dédiés
entièrement à l’approfondissement des personnages et de leurs relations.
Puisque j’ai déjà
gaspillé beaucoup d’encre digitale et de votre temps, je vais tout de suite
passer aux moments marquants qui me viennent en tête. Pour Catching Fire, rien n’arrive à la cheville de la (fausse)
révélation que Katniss est enceinte, suivi des participants aux jeux qui se
tiennent la main en signe de solidarité devant l’oppression de la culture
abusive de masse qui fait de leur souffrance une pièce de divertissement à être
consommée de façon crasse tels des rapaces. Cette séquence évoque tellement d’émotions
à la fois qu’elle marque à plusieurs niveaux. Les séquences d’actions sont à un
autre niveau dans la toute nouvelle arène, donnant au monde une bagarre de
groupe au corps-à-corps contre des macaques. La finale lorsque les vrais enjeux
de ce qui se passait sont révélés me donne encore des frissons. Une fin qui
donne à cette franchise le sérieux, le propos et la pertinence qui lui permet d’être
une des rares franchises populaires avec quelque chose à dire et c’est ce qui
la rend excitante plus que tout.
MUK
*Je
vous préviens tout de suite, je ne vais utiliser que les noms des acteurs
puisque je suis incapable de retenir un seul nom de cette franchise qui n’est
pas Katniss ou Heavensbee (parce que Heavensbee!)
**Ce
à quoi mon colocataire répond « Quand j’ai 35% dans un examen, j’ai pas
35% d’une réussite, j’ai coulé comme une merde solide. »
***Je
paraphrase puisque la citation en tant que telle est faite lors d’une longue
discussion sur son podcast qui impliquait beaucoup d’alcool.
****J’ai menti plus tôt, l’échange
« Well who doesn’t like underdogs? » « I
don’t » est particulièrement mémorable.
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