mercredi 26 novembre 2014

Hunger Games + Catching Fire

Directeurs : Gary Ross et Francis Lawrence
Réalisés en 2012 et 2013.
Avec : Jennifer Lawrence (Katniss), Josh Hutcherson (Mr. Carré), Woody Harrelson, Elizabeth Banks, Lenny Kravitz, Stanley Tucci, Liam Hemsworth et Donald Sutherland.


Écoutez les deux premiers Hunger Games permet de réaliser à quel point le premier est médiocre. Lors de sa sortie en salle, il apportait une traduction fidèle du roman à succès au grand écran et rendait clair cet univers qui pouvait en perdre certains. Il faisant un excellent travail d’épuration pour garder le minimum de détails pertinents à l’histoire. Par contre, comme lors de la transition des Harry Potter de Chris Columbus à Cuarón, il fallait qu’un réalisateur ait plus de libertés et de budget pour permettre de révélé ce que la franchise pouvait réellement accomplir lorsqu’adapté à l’écran. La franchise Hunger Games passe ainsi d’un film qui était contraint au roman et se contentait de mettre à l’écran les pages du livre à un film de science-fiction grandiose qui surpasse son prédécesseur à tous les niveaux.

Il est impossible de ramener cette amélioration simplement au réalisateur, puisque Gary Ross avait moins de budget et probablement moins de libertés, étant obligé de s’en tenir au texte original, histoire de plaire à la grande base de fans du livre pour aller chercher des ventes assurées. Lorsque le premier se révéla être un énorme succès, ils ont pompés plus d’argent dans la production et permis ainsi de créer un univers beaucoup plus mémorable visuellement qui va de pair avec l’amplification des enjeux lors du deuxième opus. C’est dommage puisque j’entends beaucoup de gens écouter le premier pour tester l’eau et décider que cette franchise n’est pas pour eux et je les comprends parfaitement. Je recommanderais à qui que ce soit d’écouter le deuxième d’abord, mais il y a tellement de mise en contexte, de caractérisation et d’enjeux qui sont établis dans le premier que lorsque la situation devient plus tendue, le bagage qui nous vient du premier est utile.

Mais c’est fâcheux puisque le premier film est ennuyeux, bon marché, étouffant et tente d’en accomplir tellement qu’il coupe les coins ronds sur la majorité des personnages périphériques, faisant de tous les personnages qui n’ont pas la chance d’être joués par des acteurs de fort calibre des archétypes unidimensionnels qui n’ont aucun impact sur l’histoire ou sur l’audience. Un exemple de ce problème est manifesté chez les méchants de l’arène, M. et Mme. Anichéen, des stéréotypes qui, en comparaison, donnent de la profondeur aux brutes adolescentes de Stephen King. Par contre, ils avaient évidemment des choix difficiles à faire et ont fait les bons, puisqu’ils ont portés une attention particulière aux personnages qui restaient pertinent tout au long de la franchise (le casting incroyable a aussi beaucoup aidé). Woody Harrelson*, Elizabeth Banks, Lenny Kravitz, Stanley Tucci et Donald Sutherland forment le 35% de réussite du film (puisque pour moi, Hunger Games est composé d’environ 35% d’un bon film). ** Ils sont personnifiés très rapidement et n’ont pas énormément de profondeur, mais nous en donnent juste assez (par contre, Elizabeth Banks disparait lors des jeux, ce qui est malencontreux puisque ses réactions aux diverses situations dangereuses auraient pu apporter tant de choses à son personnage). La famille de Katniss est tellement absente que c’en est ridicule, considérant que le lien entre Katniss et sa sœur est la relation qui déclenche toute cette histoire. C’est un problème que le second film s’empressera de résoudre. Le scénario est tellement pressé de mettre en contexte et de se rendre à l’arène que toute la mise en place des personnages et leurs dynamiques et raccourcis au minimum, ce qui en laisse à redemander.

De plus, il est évident que Lionsgate était hésitant à investir trop d’argent au départ, le résultat étant un Capitol et des Districts qui forment le futur dystopique le moins marquant qui me vienne en tête (After the Apocalyse avait plus de style et de distinctions que Hunger Games, et nous parlons ici d’un film en noir et blanc avec aucune parole filmé presque exclusivement dans des déchèteries et des ruines). Pour contourner le manque de budget, le film se tourne vers les gros plans et la caméra épaule, ce qui étouffe et dérobe l’histoire de la grandeur des événements qui s’y déroulent. Je ne saurais dire quel aspect de l’univers est le plus banal, la ville minière, la capitale grise et carrée ou l’arène forêt. Je tiens à rappeler que je ne serais probablement pas aussi dur envers le premier si le deuxième n’avait pas montré tout le potentiel dans ces idées, me donnant ma rétorque par défaut lorsque les gens me disent « comment aurais-tu voulu qu’ils le fassent d’abord? ».

Comme souvent, dans ces circonstances, j’aime faire l’exercice des moments marquants qui me viennent en tête rapidement. Pour le premier, j’ai la séquence du début des jeux, lorsque les jeunes s’entretuent et le seul moment où la caméra-épaule ajoutait à l’expérience plutôt que d’enlever. Sinon, je ne peux que penser à la séquence où Katniss fait un pied de nez aux sponsors en tirant sa révérence après avoir gâché leur cochon et à la révolte dans le District 11, qui donne un aperçu des véritables enjeux qui gravitent la survie de l’héroïne. Je parle ici bien évidemment des séquences qui sont marquantes pour des bonnes raisons, puisque sinon cette scène remporte la palme pour « Séquence dont j’ai le plus parlé de tous les temps ».

Il est temps de passer au deuxième, puisque la conversation autour du premier n’ira jamais plus haut que lorsqu’on en arrive à l’homme-mourant qui prend le temps de se peinturer en roche avec ses talents de décorateur patissier. De l’armure des policiers aux effets spéciaux, en passant par les enjeux, l’investissement émotionnel et les perruques d’Elizabeth Banks, chaque aspect de Catching Fire donnent à la franchise son premier opus qui la fait entrer dans le canon des grands impacts culturels positifs. Puisque Hunger Games seul n’aurait jamais laissé l’impact que la méga-franchise s’élance pour produire (et pour le mieux). Tandis que le premier film se concentrait trop sur le triangle amoureux superficiel (il n’y avait pas de triangle premièrement puisque Bro-Thor n’est pas dans le film et il n’y avait pas de vrai amour entre les deux protagonistes), le deuxième film relègue ces relations à la place de pions sur le plus large échiquier des manipulations politiques et médiatiques dans la dictature. Comme Dan Harmon se plait à le dire, « Love is like ketchup, it’s a condiment and it adds flavor, but you wouldn’t eat a whole plate of ketchup. IT’S NOT A MEAL »***. Les relations interpersonnelles sont présentes, mais servent l’histoire et ajoute aux personnages plutôt que de les définir.

La réalisation respire beaucoup plus et permet de réellement réaliser l’ampleur des actions qui se déroulent. L’arène est beaucoup plus imaginative et au lieu de donner un semblant de personnalité au plus grand nombre de tributs possibles, ils ont fait le choix judicieux de se concentrer sur les quelques membres plus pertinents et de totalement laisser tomber les autres. Comme dirait Bernard Werber : « mieux vaut consolider ses points forts que vouloir tout contrôler. » L’univers est plus riche, les personnages plus pertinents et le deuxième opus à l’avantage de vraiment mettre en branle les événements qui se dérouleront dans les deux prochains films, rendant plus percutant chaque déroulement de situation. L’ouverture de leur tour public avec un vieil homme qui se fait descendre d’une balle dans la tête devant une foule élève d’un cran le poids de chaque décision qui est prises à partir de ce moment. Donald Sutherland est établi comme une véritable menace qui ne fait pas que jardiner avec Wes Bentley**** et faire des discours génériques. Oh! Ils ont aussi sorti leurs beaux habits du dimanche en la personne de Philip Seymour Hoffman qui est tout simplement délectable dans son rôle de l’agent double ambigu, livrant chaque ligne comme s’il sortait d’un film d’espionnage hyperréaliste. De plus, l’ensemble du film bénéficie de toute la mise en contexte qui n’est plus nécessaire (puisque le travail ingrat est accompli par le premier film) et permet ainsi des petits moments dédiés entièrement à l’approfondissement des personnages et de leurs relations.

Puisque j’ai déjà gaspillé beaucoup d’encre digitale et de votre temps, je vais tout de suite passer aux moments marquants qui me viennent en tête. Pour Catching Fire, rien n’arrive à la cheville de la (fausse) révélation que Katniss est enceinte, suivi des participants aux jeux qui se tiennent la main en signe de solidarité devant l’oppression de la culture abusive de masse qui fait de leur souffrance une pièce de divertissement à être consommée de façon crasse tels des rapaces. Cette séquence évoque tellement d’émotions à la fois qu’elle marque à plusieurs niveaux. Les séquences d’actions sont à un autre niveau dans la toute nouvelle arène, donnant au monde une bagarre de groupe au corps-à-corps contre des macaques. La finale lorsque les vrais enjeux de ce qui se passait sont révélés me donne encore des frissons. Une fin qui donne à cette franchise le sérieux, le propos et la pertinence qui lui permet d’être une des rares franchises populaires avec quelque chose à dire et c’est ce qui la rend excitante plus que tout.

MUK

*Je vous préviens tout de suite, je ne vais utiliser que les noms des acteurs puisque je suis incapable de retenir un seul nom de cette franchise qui n’est pas Katniss ou Heavensbee (parce que Heavensbee!)

**Ce à quoi mon colocataire répond « Quand j’ai 35% dans un examen, j’ai pas 35% d’une réussite, j’ai coulé comme une merde solide. »

***Je paraphrase puisque la citation en tant que telle est faite lors d’une longue discussion sur son podcast qui impliquait beaucoup d’alcool.

****J’ai menti plus tôt, l’échange « Well who doesn’t like underdogs? » « I don’t » est particulièrement mémorable.




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