Directeur : Christopher Nolan
Réalisé en 2014. Avec : Matthew McConaughey (Cooper), Jessica Chastain (Murphy), Anne Hathaway (Brand), Micheal Caine (papa Brand) et Bill Irwin (TARS!)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=0vxOhd4qlnA
Réalisé en 2014. Avec : Matthew McConaughey (Cooper), Jessica Chastain (Murphy), Anne Hathaway (Brand), Micheal Caine (papa Brand) et Bill Irwin (TARS!)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=0vxOhd4qlnA
Interstellar est une fascinante pièce de cinéma qui risque de
provoquer beaucoup de discussions quant à ses mérites. C’est le genre de film
qui vise haut et loin et l’étendu de sa portée devra être décidée par son
public. C’est un immense accomplissement que de prendre autant d’argent et de
faire un film qui s’inspire autant de longs-métrages qui ne se font plus depuis
plus de trois décennies. Le film atteint la majorité de ses buts, mais certains
mieux que d’autres et c’est dans son approche qu’il est le plus décevant. Par
contre, quelqu’un qui tente d’aller aussi loin et échoue mérite quarante-deux
fois plus notre attention et de discussions qu’un film qui n’essaie rien et
réussit quelque chose de doux et d’ordinaire (ces films sombrent généralement
dans l’oubli de toute façon).
L’humanité se meurt et nous avons
épuisé presque toutes les ressources qui sont à notre disposition pour nous
nourrir. Rester sur Terre fait littéralement suffoquer les humains sous des
tempêtes de poussières et ils meurent de faim puisque les seules graines
fertiles qui restent sont celles de maïs (et même celles-ci sont en déclin). La
race humaine a arrêté de regarder vers les étoiles et l’espoir de la vision
vers l’avant est mort, faisant que les institutions scolaires ont changés leurs
manuels pour enseigner à la nouvelle génération que l’atterrissage sur la lune
était un mensonge pour ruiner les Soviets. Matthew McConaughey par contre
n’apprécie pas tout ce niaisage et, suite à une série de phénomènes qui semblent
paranormaux, se retrouvent pilote d’une navette qui a comme objectif de trouver
une nouvelle planète pour y déménager 6 milliards de…
C’est ainsi que débute
l’exploration spatiale de Interstellar,
un film qui semble plus préoccupé de nous tenir la main et d’être certain que
l’on comprenne ce qui se passe plutôt que de nous laisser apprécier par
nous-même l’aventure et les merveilles de l’espace. De tous les problèmes qui
ressortent dans le film, il n’y a rien de plus agaçant que lorsqu’on nous donne
un bref aperçu de quelques secondes de ce qui mériterait une pleine minute ou
deux pour pleinement apprécier le paysage. Spécialement lorsqu’on navigue le
cosmos, on parle d’un trou noir, il nous est expliqué en détails et pose
problème, fait partie de l’intrigue, mais il n’est montré clairement que pour
quelques secondes. De plus, le format IMAX du film serait le moyen parfait pour
nous ouvrir les yeux aux merveilles de l’univers, mais on préfère nous montrer
des plans IMAX qui remplissent l’écran de champs de maïs et de paysages ruraux
terrestres. Les visites des planètes de glace et d’eau sont les deux seuls
moments où cette exploration est visuellement mise de l’avant et ce sont deux
des moments qui fonctionnent le mieux.
Le film est aussi tapissé
mur-à-mur d’explications. Aucune motivation, aucun événement, aucune
conséquence ou émotion n’est laissé au non-dit et est expliqué et analysé sous
toutes ses coutures. Ce n’était pas tant un problème puisque Christopher Nolan
sait choisir des acteurs qui sont capable de rendre intéressants des
personnages qui ne font que s’entre-livrer des explications (Micheal Caine est
devenu spécialiste de la chose, que ce soit expliquer des tours de magie, des
logiques de rêves, le voyage dans l’espace ou les limites morales et physiques
d’un géant homme chauve-souris). Par contre, certains détails étaient tout
simplement sur expliqués, donnant le sentiment au film d’être un cours où le
professeur n’a pas confiant en la clarté de son enseignement et reformule sans
arrêt les mêmes concepts relativement complexes (oui, j’ai un nom spécifique en
tête). C’est ridicule à dire, mais même l’amour (en tant que concept et
sentiment spécifique) a droit à son petit discours qui explique sa présence
dans le récit, sa pertinence et la façon dont il vient jouer avec le reste de
l’histoire.
Par contre, malgré le poids des
dialogues (et par poids je veux plutôt faire référence au volume), la durée de
3h ne parait pas. Il y a un constant sentiment d’urgence qui propulse
sans-arrêt le film. C’est une histoire qui défend les mérites de l’avancée vers
l’inconnu, l’émerveillement de la découverte et ainsi cette quête fait que il y
a toujours un questionnement sur ce qui s’en vient, ce qu’ils vont découvrir,
la prochaine étape de leur aventure, etc. L’histoire fonctionne vraiment comme
une typique quête avec un problème à résoudre, un objectif qui va le résoudre
et une solution à trouver. Même si on peut se douter de la finale du film (nous
sommes après tout dans un blockbuster d’Hollywood, Nolan ou pas), ce sont
plutôt les étapes pour s’y rendre qui sont intéressantes et ce sont elles qui
donnent au film son essence.
Il est temps de parler des
robots. Tout au long de leur voyage intergalactique, l’équipage du Endurance est en compagnie de robots qui
semblent tout droit sortis de Minecraft et qui servent autant d’homme à tous
faires technologiques que de source d’humour pour détendre l’atmosphère. Ils
sont important dans la discussion du film puisqu’ils sont, selon moi, la
parfaite représentation de l’approche de l’humour pour Christopher Nolan. Leur
niveau d’humour peut être ajusté en fonction du pourcentage voulu par les gens
qui l’entourent, ce qui donne à TARS un ton plus enjoué et léger que le reste
des membres de la mission. Je n’ai pas grand-chose à rajouter sur le sujet en
dehors du fait qu’il pourrait être interprété comme une fascinante dissection
de l’opinion de Nolan sur l’humour dans ses films. La présence de machines
humoristiques donne un niveau meta et offre un contraste intéressant avec le
reste du film, qui est beaucoup plus dramatique et sérieux, mais aussi beaucoup
plus technique et ancré dans des faits scientifiques.
Ce qui amène à la place d’Interstellar dans la filmographie de Christopher
Nolan. C’est le premier film qui humanise vraiment le réalisateur. Après son
approche beaucoup plus clinique et très méthodique de tous ses autres films, le
voyage dans l’espace semble évoquer au réalisateur plein d’émotions qui s’imprègnent
dans le film. Tout d’abord, c’est son premier film avec des séquences
ouvertement mise en scènes pour être émotives qui fonctionnent. Chaque moment
dramatique de sa filmographie n’a jamais été joué pour venir nous atteindre au cœur,
mais toujours à l’intellect. De plus, vers la fin du film, les références
visuelles à 2001 : A Space Odyssey
deviennent tellement criantes que c’en est aberrant. Tous ces clin d’œil, que
ce soit une séquence complète ou des choix subtils de direction artistique
peignent un portrait qui s’approche beaucoup plus d’un enfant excité qui veut
partager sa passion que d’un brillant réalisateur méthodique qui construit un
film. Cette comparaison est une excellente chose puisque cette touche rajoute
de l’humanité et de la chaleur dans cet environnement hostile de vide infini et
de tempêtes de sables.
En conclusion, même s’il y avait
énormément de dialogues qui servaient simplement à expliquer ce qui se passait,
ce qui allait se passer, les motivations des personnages ou leurs objectifs, le
film reste quand même intéressant. Il s’attaque à des sujets intelligents qui
font réfléchir et rien ne peut lui enlever ça. Par contre, le problème reste
que l’émerveillement qui devrait donner vie à des séquences qui auraient le
potentiel de marquer l’imaginaire collectif et briser la glace des discussions
sur le film avec des « As-tu vu Interstell…OMG LA SCÈNE DU
****** ÉTAIT INCROYABLE. » n’ont pas le temps de respirer pour être
merveilleuses et nous laisser apprécier l’infinité de la galaxie, faisant
ultimement du film une déception à ce niveau. Un monde aussi magistral qui nous
laisse l’explorer par nous-même et succomber à son émerveillement aurait rendu
ses thèmes et son propos final beaucoup plus accessible puisque le
questionnement et la quête d’explications serait venu par curiosité naturelle. Par
contre, l’aspect exploration de l’espace donne quand même au film ce sentiment
de propulsion qui garde accroché à l’histoire du début à la fin.
MUK
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