mercredi 24 juin 2015

Jurassic World

Directeur : Colin Trevorrow
Réalisé en 2015. Avec : Bryce Dallas Howard (Claire), Chris Pratt (Owen), Ty Simpkins (Gray), Nick Robinson (Zach) et Vincent D'Onofrio (Hoskins)
Synopsis : Le parc/zoo de dinosaures Jurassic World fonctionne à plein gaz lorsqu'un création génétique s'échappe et cause des dégats.


Après avoir redéfini le cinéma de masse moderne en 1993, la franchise Jurassic est de retour avec une quatrième visite d’île aux dinosaures qui, sans être à la hauteur du rêve de son instigateur initial de John Hammond, génère beaucoup de plaisir préhistorique. En jonglant avec trop d’idées à la fois, le produit fini est quelque peu décousu et les éléments de base (personnages, cohésion) manquent gravement. Toutefois, il y a un semblant d’idée et de conscience derrière le tout qui, jumelé à des gigantesques reptiles/oiseaux ancestraux, résulte en une création qui rappelle l’Indominus Rex : un mélange terrifiant aussi malsain que fascinant.

En évitant judicieusement mention des deux suites existantes, Jurassic World offre le premier vrai suivi sur les événements du parc d’il y a 22 ans. S’inspirant des intentions honnêtes du premier fondateur, Jurassic World est maintenant en activité depuis plusieurs années et ce parc d’attraction qui fait aussi bien Marine Land que Parc Safari attire chaque jour des dizaines de milliers de visiteurs d’à travers le monde. Par malheur, les intentions malsaines de militaires ambitieux et la cupidité typique des géantes corporations ne peuvent laisser cet endroit utopique en paix pour trop longtemps.

Dans cette heureuse recette d’explosion inévitable se retrouvent un chaotique mélange d’archétypes : la directrice du parc coincée (Bryce Dallas Howard), les deux enfants obligatoires (Ty Simpkins et Nick Robinson), le militaire sans scrupules (Vincent D’Onofrio), le scientifique du film originel qui s’évade en promettant un Jurassic World II (BD WONG) et Chris Pratt en mission pour prouver que rien n’est à l’épreuve de son charme. Il se retrouve ici dans le rôle de l’incroyable gentleman sans défauts qui dompte même les créatures les plus féroces de la nature avec sa volonté pure.

Avec grande surprise, le film aborde trop de thèmes. En voulant en dire autant sur le statut présent des méga-productions contemporaines, il laisse de côté une quelconque cohésion centrale qui aurait permis de mieux saisir le film. Jurassic World est un film en grave crise identitaire : un blockbuster qui essaie autant de critiquer les blockbusters que d’en être un. C’est aussi une suite à Jurassic Park qui essaie d’en être son digne successeur, mais saute devant les inévitables comparaisons, qu’il invite, en rugissant (littéralement) l’affirmation que l’original est seul maître en ces lieux et que World ne peut même espérer d’arriver à la cheville du chef-d’œuvre classique de Steven Spielberg. Il est si auto-dérisoire qu’il se moque de l’idée de simplement tenter cette vaine entreprise. Cette schizophrénie fait du film une fascinante dissection thématique confuse, même si il n’est pas aussi intéressant au niveau de l’intrigue ou des personnages.

La propulsion narrative de base n’est pourtant pas plus complexe que l’original : il y a un énorme zoo de dinosaures,  des problèmes, des dinosaures s’échappent, des gens meurent. C’est lorsque une telle constatation nous saute aux yeux qu’on réalise l’apport majeur qu’à un maestro du langage cinématographique tel que Spielberg. Avec sa maitrise, il élève un scénario très simpliste et crée des moments iconiques avec moins de 20 minutes de dinosaures à l’écran, utilisant principalement la caméra et notre imagination. De son côté, le réalisateur Colin Trevorrow (Safety Not Garanteed) tombe plus dans les combats de dinosaures de série-B que nous offrait Joe Johnston dans Jurassic Park III. Sans être exempt de valeur, cette approche  reste très plaisante, mais pas pour autant mémorable.

Malgré ses divers problèmes scénaristiques, Jurassic World fera un grand plaisir aux amateurs de dinosaures. Tandis que Godzilla (2014) et Pacific Rim nourrissaient un public affamé de scènes de monstres gigantesques luttant pour le destin de l’humanité mis en scènes par quelqu’un d’autre que Micheal Bay, World a des représentants de notre faune immémoriale à en resservir. Ils nagent, volent, courent, mordent, grimpent, luttent, tels des figurines de plastiques d’un bambin hyperactif. De plus, le rythme effréné n’ennuie jamais, dédiant le temps approprié aux véritables vedettes de cette franchise et le chaos qu’elles engendrent.

Il est triste que l’assurance et la maitrise des personnages manque encore au récent réalisateur, puisqu’en ayant poussé plus loin, les personnages ordinaires et le scénario sans inspiration auraient pu faire partie de sa plus large critique et offrir une expérience complète. Malheureusement, sans cohésion, le résultat final essaie de mélanger plusieurs composantes sans toujours savoir quoi en faire.

Les records de box-office nous assurent une suite, ce qui démontre que soit l’équipe derrière cette décision n’a pas retenu le propos du film, soit qu’elle n’essai plus réellement à ce point, assumant pleinement son rôle de Vincent D’Onofrio qui va continuer d’espérer trouver d’autres Chris Pratt bien intentionnés pour faire un travail cynique et cupide.


Aucun commentaire:

Publier un commentaire