Directrice : Mia Hansen-Løve
Réalisé en 2014. Avec : Felix de Givry (Paul Vallée), Paulienne Étienne (Louise) et Vincent Macaigne (Arnaud)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=2lIzEL9BoDc
Synopsis : Les tribulations d'un jeune DJ sur la scène musicale française underground des années 90.
En changeant le nom du
personnage, la cinéaste fait bien comprendre que nous ne sommes pas intéressés
par Sven Løve, DJ influent de la scène de techno underground qui a co-écrit le
scénario influencé grandement par sa vie, mais plutôt par son substitut, Paul
(Félix de Givry), et ses luttes personnelles. Ainsi, les enjeux n’impliquent
pas de génie tourmenté, de grande compétition finale à remporter, de faux-pas
médiatiques ou de caméos d’autres célébrités (en dehors d’un running-gag avec
les Daft Punks que personne ne reconnait). Paul doit plutôt affronter des
problèmes d’argent, d’amour, sa propre incapacité à se gérer, les démons de ses
amis, l’usage récréatif, mais abusé, de drogues et un syndrome d’adolescent
perpétuel!
L’ensemble des
performances est gardé à un niveau si naturel qu’ils ajoutent encore plus à
l’approche réaliste de la mise en scène. Le traitement du drame est si calme
qu’il s’approche du cinéma français d’antan qui cherche à capturer la vie comme
elle est pour ses personnages. Aussi normalisant que cette approche soit, elle
peut tendre à la longueur, comme le récent Saint
Laurent qui parfois donnait l’impression de ne pas avoir de direction
claire, reflétant l’état d’esprit de son protagoniste. Lorsqu’un carton de
texte apparait pour signaler le début de la deuxième partie, il fait l’effet
d’un rappel que nous ne sommes qu’à la moitié et l’expérience donne
l’impression soudaine d’être particulièrement longue.
Cela n’empêche pas le
film de garder une ambiance solide, surtout en optimisant bien le contexte de
son histoire. La sous-culture de raves de garages, de mash-ups et de DJs
n’intéresse peut être pas tout le monde – j’en sais quelque chose -, mais cette
culture de nuit garde éveillé et ravive même les quelques temps morts en
deuxième partie. Cet univers est si énergique que même lorsqu’il ralenti, il
garde un petit goût de caféine, comme une boisson énergisante en lendemain de
veille : cela va passablement garder éveiller en attendant le prochain
vrai repas ou un peu de sommeil. L’équilibre entre l’approche plus sereine et
le sujet plus électrique rend le produit final énergique sans être trop.
Le protagoniste est ancré
dans tellement de pathologies reconnaissables, qu’il peut autant être
identifiable que frustrant, parfois les deux en même temps. C’est un garçon
doué, mais pas particulièrement intelligent qui s’intéresse à la littérature,
mais n’arrive pas du tout à gérer ses finances. Il perce sur la scène qui
l’intéresse, mais ses talents qui lui viennent naturellement ne le préparent
pas aux vrais défis de la vie. Ce n’est pas parce que l’on fait assez d’argent
pour vivre en appartement que nous sommes équipés psychologiques pour
l’autonomie que cela implique.
Éternel adolescent, Paul
représente une figure trop identifiable dans notre culture contemporaine
d’individu qui n’est jamais appelé à grandir et autant aussi proactif que
passif par moments. Il est ainsi compréhensible qu’il soit dans de tels
embarras sans perdre un public impatient lorsque nos personnages au cinéma sont
irresponsables ou manquent de jugement. Cette représentation d’une histoire
très spécifique réussit donc à un niveau plus large qui fait du film une
réussite.
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