dimanche 2 août 2015

Some Kind of Hate

Directeur : Adam Egypt Mortimer
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=7Stqfg3rGgg
Synopsis : Dans un camp pour jeunes à problèmes, une série de suicides et mutilations cachent probablement quelque chose de beaucoup plus sombre.
Vu dans le cadre de Fantasia 2015.


Le récent We Are Still Here était si fasciné par les classiques et piliers du genre qui l’ont précédés qu’il a oublié d’ajouter au mélange, se contentant de recréer, au meilleur de ses capacités, le sentiment de ce qui est venu avant lui. Some Kind of Hate n’a pas de tel problème. Malgré une mise en situation classique qui donne l’impression de déjà vu en première partie, à mi-chemin, il retourne le concept à l’envers pour réellement plonger au cœur de son sujet et offre ainsi une approche nouvelle au genre « slasher ».

Ouvrant dans un contexte familier d’histoire adolescente, Lincoln (Ronen Rubinstein) est maltraité par ses camarades de classe et lorsqu’ils poussent les choses trop loin, il décide de se venger et poignarde son tourmenteur au visage à l’aide d’une fourchette. Il est immédiatement envoyé en camp pour jeunes à problèmes, isolé dans le désert, où un scénario similaire se reproduit, sauf que cette fois-ci les choses vont beaucoup plus loin qu’une simple fourchette et Lincoln n’est pas le coupable du crime.

Avec des stéréotypes d’intimidateurs unidimensionnels qui se laissent détester, le scénario fait bouillir la haine et lorsque cette frustration a suffisamment mijotée, il la relâche au plus grand plaisir de son public. Ce début serait satisfaisant en soi, mais le film décide d’aller plus loin et suit cette colère et y va jusqu’au bout, afin d’en observer les conséquences logiques, jusqu’à même lui donner voix et corps. C’est lorsque le film se désintéresse presque entièrement de son protagoniste (ordinaire en soi) pour s’intéresser à l’esprit vengeur, interprété par la jeune et talentueuse Sierra McCormick, qu’il prend forme et devient un véritable tour de force.

Dans la construction progressive de cette force de colère qui n’apparait pas avant une bonne demi-heure, les scénaristes, Brian Deleeuw et Adam Egypt Mortimer (aussi réalisateur), révèlent le véritable intérêt du film et, par conséquent, une grande profondeur thématique. Une créature faite de tant de douleur et de haine qu’elle s’approprie celle des autres pour la rediriger vers eux, un esprit si loin de toute notion de confort ou d’amour que la guérison semble être l’acte le plus douloureux qu’elle accompli de tout le film.

Toute cette profondeur permet de s’associer et même de développer une certaine empathie pour l’ennemi et ses motivations. Cet aspect compréhensif va même jusqu’à questionner notre instinct de vengeance primal et l’inclut dans le cycle de cette violence qui est perpétué lorsque la douleur et la haine prennent le dessus pour ne devenir que la seule chose possible. Cette rage impuissante face à l’injustice est parfaitement compréhensible, mais jusqu’à quel point?

Chaque personnage, même secondaire a droit à une certaine nuance et ainsi tous deviennent vite plus intéressant que le protagoniste, mais cela n’affecte pas tant le film puisqu’il est loin d’être la star du film. Avec une violence qui est à la fois cathartique et légèrement malfaisante, Some Kind of Hate touche à un sujet difficile avec courage et réussit à soulever un problème social tout en créant une œuvre de qualité à ajouter au genre.

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