Directeur : Gilles Pacquet-Brenner
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=SpG5dWV7piw
Synopsis : 30 ans après le meurtre de sa famille, Libby Day revisite les événements de cette nuit pour découvrir la vérité.
Vu dans le cadre de Fantasia 2015.
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=SpG5dWV7piw
Synopsis : 30 ans après le meurtre de sa famille, Libby Day revisite les événements de cette nuit pour découvrir la vérité.
Vu dans le cadre de Fantasia 2015.
Tandis que le Gone Girl de Fincher (aussi adapté d’un
roman de Gillian Flynn, par Flynn elle-même) s’intéressait à l’image du couple
parfait et du mariage romantique et à ce mensonge culturel propagé par les
médias, Dark Places approche le
mensonge comme une réorientation de la réalité à son propre avantage.
Les médias font encore
parti de la donne, mais ne sont que dans les marges thématiques de l’histoire
de Libby Day (Charlize Theron) et du traumatisme vécu lors du meurtre de sa
famille en 1985. Sans marquer l’esprit autant que la précédente adaptation de
Flynn, cause d’une réalisation moins marquée, ce récent effort explore quand
même avec grande réussite un sujet intéressant enrobé dans une histoire de
meurtre et mystère malheureusement prévisible.
L’intrigue couvre en
tandem deux époques. En 1985, nous avons droit aux quelques jours qui ont menés
à la mort de Patty (la matriarche, Christina Hendricks) et ses deux filles,
laissant comme survivant Libby et son frère Ben (Tye Sheridan). Ben est le plus
évident coupable du crime, puisque présent sur les lieux et reconnu par la
populace comme étant un reclus et un sataniste.
En 2015, Ben (Corey
Stroll) est en prison depuis 30 ans et les preuves qui l’ont condamné à vie ne
tiennent pas la route. Suite aux insistances d’un groupe de détectives amateurs
qui s’intéressent aux célèbres crimes non-résolus – et d’un sérieux manque
d’argent – Libby replonge dans les événements entourant la nuit qui a défini
son existence. Elle va évidemment découvrir que les choses ne sont pas comme
elles le semblent, etc. etc.
C’est en faisant de ces
inévitables retournements, surprises et dévoilements intrinsèques aux genres
son tissu thématique que le film réussit à construire une histoire qui a
véritablement quelque chose à dire. Les mensonges exposés au grand jour servent
à révéler une part de l’humanité de chacun des personnages et met de l’avant ce
côté de nous qui trouve parfois plus facile de réarranger la réalité à notre
avantage devant les autres, que ce soit une question d’apparence, de protection
de soi ou d’un autre, de vivre avec un traumatisme ou tout simplement avec
soi-même.
Malgré le fait que la clé
de l’énigme est assez prévisible et offerte très rapidement, la suite d’actions
qui ont menés au crime reste intrigante. Puisque tellement de pions sont en
jeu, même si on connait une partie de la réponse, tout n’est pas gâché. De
plus, chaque période est peuplée de suffisamment d’acteurs de talents pour
garder un certain calibre. L’ensemble manque simplement d’une réalisation plus
distincte qui aurait pu élever le tout à un niveau tel que Fincher l’avait
fait.
Suite aux fascinants et
surtout très différents personnages féminins de Gone Girl, il devient évident que Gillian Flynn s’intéresse à divers
types de femmes qui ne sont ni des archétypes, ni une série de légères
variations. Elle prouve avec aisance que sans être un modèle à suivre, les
femmes peuvent être des personnages complexes à part entière. Ce n’était pas
quelque chose de nécessaire à « prouver », puisqu’une évidence, mais
lorsqu’on jette un coup d’œil au paysage culturel américain, on peut se poser
des questions.
Charlize Theron, dans son
second rôle de protagoniste complexe et réservée de l’été, créé une véritable intrigue,
en la personne de Libby Day. Lorsqu’elle est introduite, elle est loin d’être
un modèle de réussite. Paresseuse, kleptomane, renfrognée et isolée, elle vit
depuis une trentaine d’années sur l’argent offerte en cadeau par des
bienfaiteurs qui ont eu vent de son expérience. Ce qui s’est passé fait tant
parti d’elle, qu’elle en est littéralement dépendante. Tout au long du film,
nous apprenons (à peine) à découvrir cette femme autonome et forte qui ne
semble pas nécessairement avoir utilisé ses qualités à bon escient. Le saut de
30 ans n’est intelligemment jamais couvert, laissant notre imagination et
quelques indices compléter le passé de Libby.
La mère de Libby,
Christina Hendricks, est le second tour de force du film, offrant un portrait
nuancé et difficile d’une mère en lutte constante. Sans être impeccable, elle
amène beaucoup de dignité et de ténacité à cette femme dont l’ingratitude de la
vie ne fait que la remettre par terre chaque fois qu’elle tente de se relever. Étant
grand adepte des histoires concernant des mères et leur quotidien difficile,
cette section de l’histoire qui prend de plus en plus de place fut
particulièrement satisfaisante et complète.
En créant un tissu de
personnages intéressants avec juste assez de profondeur, Dark Places fait honneur au matériel original. Un solide scénario
et de fortes performances souffrent quelque peu d’une réalisation anonyme, mais
permettent quand même de créer une intrigue bien ficelée qui explore les
fictions (i.e. : mensonges) que l’on raconte, à soi comme aux autres.
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