mercredi 12 août 2015

Tangerine

Directeur : Sean Baker
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=ALSwWTb88ZU
Synopsis : à sa sortie de prison, une prostituée transgenre entreprend de retrouver son copain/proxénète qui a profiter de son absence pour s'offrir quelques aventures.


Tangerine contient deux angles d’approches intéressants, tous deux peu conventionnels : son sujet et sa méthode de tournage. En plus de toucher au milieu de la prostitution, un environnement rarement représenté au cinéma sans être condamné ou jugé d’une quelconque façon, il va plus loin et s’investi dans la sous-culture de la prostitution transgenre. L’ensemble tourné avec seulement trois iPhones rajoute à l’intérêt de l’expérience et construit un tout réussit et différent qui ne laisse jamais paraitre son budget dérisoire.

Après avoir passé quelques semaines en prison, Sin-Dee (Katina Kiki Rodriguez) apprend que son copain (et proxénète) a eu quelques aventures durant son absence. Déterminée et très en colère, elle prend d’attaque les rues de Los Angeles afin de trouver le salaud et cette « fish » (terme péjoratif pour désigner une femme cisgenre). Sans se concentrer exclusivement sur l’aventure de Sin-Dee, le scénario prend parfois certain détours pour raconter d’autres histoires tangentielles dans cette petite communauté rarement représentée.

C’est dans ce regard franc de ce monde que le film réussit le mieux. Avec une mise en scène très tactile et un regard qui n’hésite jamais à se tourner aussi vers le moins beau, l’immersion est totale et poignante. Le jeu de l’actrice principale est féroce et honnête, étant autant capable d’être charmante que violente et détestable, faisant progressivement transition de l’un à l’autre tout au long du film. Les personnages mettent de l’avant des émotions grandioses et explosives, mais si crus et nus qu’elles ne font jamais mélodramatiques ou poussées à l’excès.

L’utilisation des iPhones permet de donner au film ce que la caméra épaule des films d’horreurs à la première personne (Blair Witch Project, Cloverfield) veut accomplir, sans le côté dérangeant du brassage qui souligne à gros traits la présence d’une caméra. Ces petits téléphones utilisant de simples « steady-cam » amènent toute la proximité, l’immédiateté et le réalisme, sans être trop dérangeantes dans leurs mouvements superflu d’amateurs qui ne savent pas comment tenir une caméra. De plus, le filtre de lumière rehausse les textures et les contrastes d’une telle façon que tout semble particulièrement coloré, parfait pour Los Angeles. Tout est plus chaud et sale, mais coloré et vivant.

Ainsi, racontant une modeste histoire de frustration, d’amour et d’amitié qui se déroule en un seul après-midi, Tangerine se démarque en mettant de l’avant un milieu nouveau et rafraichissant. La technique de tournage très moderne met vraiment de l’avant ce qu’il est possible de faire de nos jours, avec l’avancé d’une technologie qui permet de présenter un produit professionnel et qui arrive à y ajouter de la substance. 

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