Directeur : Yorgos Lanthimos
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=TR_NcqD-Gfs
Synopsis : David a 45 jours pour trouver l'amour, sinon il sera transformé en homard.
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=TR_NcqD-Gfs
Synopsis : David a 45 jours pour trouver l'amour, sinon il sera transformé en homard.
L’amour est une notion absurde. Elle défie souvent
toute logique et la pression sociale qui gravite autour de l’idée est encore plus
ridicule. The Lobster s’invente un
univers sans bon sens qui met en valeur l’idée de tomber en amour tout en
soulignant la stupidité d’une société qui lui accorde autant d’importance. Il
réussit avec une maitrise tonale incroyable à nous guider dans ce monde
saugrenu qui dissimule en fait une simple histoire d’amour.
Dans cette réalité, on envoie les célibataires dans un
hôtel où ils ont 45 jours pour trouver un partenaire compatible. Si, au bout du
séjour, ils ont échoués, ils sont transformés en un animal de leur choix et relâché
dans la nature. L’hôtel est régie par une réglementation stricte (le déjeuner
est servi à des tables individuelles, toutes tournées vers le même mur) et l’une
des activités offerte (ou plutôt, imposée) est la chasse aux « Loners »,
qui offre la possibilité d’ajouter des journées pour trouver l’âme sœur. Les « loners »,
de leur côté, refusent cette idée rigoureuse d’une relation obligatoire et
vivent ainsi en communauté dans les bois avec, eux, des règles strictes interdisant
les relations. Par exemple, une des punitions pour les rapprochements est le « Red
Kiss », où deux individus se font couper les lèvres et sont forcés de s’embrasser.
David (Colin Farrell, toujours excellent dans ses plus
petites productions) est envoyé dans ce tout-inclus particulier. David est un
être solitaire qui a perdu sa femme et dont le frère, Bob le chien, a échoué le
séjour. David y rencontre un homme qui zozote (John C. Reilly) et un homme qui
boite (Ben Whishaw). S’ensuivent une sorte d’American Pie qui se déroule dans un lieu qui regroupe presque
exclusivement des gens aux malaises sociaux., sauf qu’ils ne veulent pas perdre
leur virginité, mais trouver « l’amour ». Le ton du film s’ajuste
parfaitement avec cet environnement, construisant avec minutie des scènes aux
tons hyper-contrôlés qui surfent la mince ligne entre l’humour et le malaise,
mélangeant souvent l’un avec l’autre pour effet maximal.
Le jeu des acteurs et la direction crée volontairement
une distance entre l’univers et le spectateur. À aucun moment du film essaie-t-on
de nous faire croire que nous sommes dans un endroit qui se rapproche de notre
réalité. L’atmosphère du film est comparable au cinéma de Wes Anderson, et
comme les films d’Anderson, cette froideur apparente vient souvent révélé, au
final, une humanité profonde. Le ridicule mis de l’avant dans The Lobster n’est qu’aussi ridicule s’il
se base sur des réalités de notre monde dans lequel la pression augmente d’année
en année pour les individus qui ne sont pas « casés ». Il est
évidemment absurde de feindre des saignements de nez pour forcer un point en
commun superficiel et appeler ça « l’âme sœur », mais est-il plus
absurde que tout autre mensonge que l’on se dit à soi-même (ou à l’autre) pour
faire durer une relation?
The Lobster est loin d’être une œuvre accessible à tous et il est
important d’avoir une petite idée de l’atmosphère dans lequel nous entrons,
faute de quoi l’expérience pourrait rebuter. Par contre, ce film (qui pourrait
techniquement être qualifié d’un film romantique avec de l’humour, i.e. :
une comédie romantique) se laisse très tranquillement apprivoiser et risque d’en
avoir envouté plus d’un lorsqu’il arrive à sa conclusion. Cette merveilleuse
finale est autant le point culminant de la tendresse de son histoire d’amour que
de l’inconfort soutenu depuis le début.
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