mercredi 20 avril 2016

Demolition

Directeur : Jean-Marc Vallée
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=3UnSXelOJo0
Synopsis : un homme en deuil (Jake Gyllenhaal!) cherche à comprendre ses émotions à travers d'étranges décisions de vie qui impliquent de la destruction.


Un schéma du cinéma américain de Jean-Marc Vallée commence maintenant à se dessiner ; il construit des films autour d’un personnage qui permettent à des acteurs talentueux de vraiment mettre de l’avant leur jeu. Avec Wild et maintenant Demolition (et même un peu avec C.R.A.Z.Y.), Vallée nous démontre son réel talent pour nous situer dans un état d’esprit spécifique, autant avec son travail impressionnant de direction d’acteurs que son utilisation du montage subtil et intuitif. Demolition nous parle de deuil d’une façon intéressante et personnelle qui est juste assez ludique pour ne pas être lourde en drame inutile.

Après la mort de sa femme (Heather Lind), Davis (Jake Gyllenhaal) tombe dans une période de deuil fonctionnel qui ne semble pas l’affecter de prime abord, mais qui aliène une bonne partie des gens autour de lui. Ayant perdu sa distinction sociale entre l’approprié et l’inapproprié, on croirait avoir affaire à une version un peu plus attachante de son Nightcrawler. Ne sachant pas comment traiter ses sentiments conflictuels, il développe une obsession pour la minutie du fonctionnement des objets. Il démonte systématiquement tout appareil légèrement défectueux qui l’entoure en essayant d’en saisir la logique, graduant tranquillement à la destruction jouissive.

Le montage de Vallée nous permet de suivre le fil de pensée de son personnage avec grande efficacité. Les flashs soudains à des images qui ne nous sont pas tous expliqués ou contextualisés amènent ce côté erratique de notre mémoire qui fait des associations immédiates à des souvenirs spécifiques. De cette façon, les connexions claires entre les événements présents et les souvenirs nous permettent de vivre chaque évolution émotionnelle avec le personnage plus concrètement.

Ce processus intime est une réussite grâce, entre autre, à la performance centrale de Gyllenhaal qui, malgré les difficultés qu’il traverse, ne s’apitoie jamais sur son sort d’une façon non méritée et (franchement) ennuyeuse. Il est entouré de gens talentueux sur lesquels rebondir (Chris Cooper et Naomi Watts) qui bénéficient tous d’un rôle qui leur laisse beaucoup de place.

Par contre, le rayon qui se démarque du lot ici est le jeune Judah Lewis dans le rôle de Chris, un jeune à l’identité de genre fluide qui, comme tout le monde dans le film, est au milieu d’une quête identitaire trouble. Sa présence dans le récit mène à un moment de crise quelque peu exagéré (et prévisible), mais puisque le film est assez ludique et intelligent, il ne succombe pas sous le mélodrame de cette scène. Au final, c’est sa relation avec Davis qui constitue le véritable cœur du film.

Demolition est une autre réussite d’un cinéaste qui continue d’amener une petite fierté cinématographique à notre petit coin de pays sur la scène internationale! Il est seulement dommage qu’ils doivent tous migrer pour pouvoir autant prospérer, mais ne nous apitoyons pas sur la chose et célébrons plutôt ce qu’ils arrivent à faire!

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