Directeur : Jean-Marc Vallée
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=3UnSXelOJo0
Synopsis : un homme en deuil (Jake Gyllenhaal!) cherche à comprendre ses émotions à travers d'étranges décisions de vie qui impliquent de la destruction.
Un schéma du cinéma américain de Jean-Marc Vallée commence
maintenant à se dessiner ; il construit des films autour d’un personnage qui
permettent à des acteurs talentueux de vraiment mettre de l’avant leur jeu. Avec
Wild et maintenant Demolition (et même un peu avec C.R.A.Z.Y.), Vallée nous démontre son
réel talent pour nous situer dans un état d’esprit spécifique, autant avec son
travail impressionnant de direction d’acteurs que son utilisation du montage
subtil et intuitif. Demolition nous
parle de deuil d’une façon intéressante et personnelle qui est juste assez
ludique pour ne pas être lourde en drame inutile.
Après la mort de sa femme (Heather Lind), Davis (Jake
Gyllenhaal) tombe dans une période de deuil fonctionnel qui ne semble pas l’affecter
de prime abord, mais qui aliène une bonne partie des gens autour de lui. Ayant
perdu sa distinction sociale entre l’approprié et l’inapproprié, on croirait
avoir affaire à une version un peu plus attachante de son Nightcrawler. Ne sachant pas comment traiter ses sentiments
conflictuels, il développe une obsession pour la minutie du fonctionnement des
objets. Il démonte systématiquement tout appareil légèrement défectueux qui l’entoure
en essayant d’en saisir la logique, graduant tranquillement à la destruction
jouissive.
Le montage de Vallée nous permet de suivre le fil de
pensée de son personnage avec grande efficacité. Les flashs soudains à des images
qui ne nous sont pas tous expliqués ou contextualisés amènent ce côté erratique
de notre mémoire qui fait des associations immédiates à des souvenirs
spécifiques. De cette façon, les connexions claires entre les événements
présents et les souvenirs nous permettent de vivre chaque évolution
émotionnelle avec le personnage plus concrètement.
Ce processus intime est une réussite grâce, entre
autre, à la performance centrale de Gyllenhaal qui, malgré les difficultés qu’il
traverse, ne s’apitoie jamais sur son sort d’une façon non méritée et
(franchement) ennuyeuse. Il est entouré de gens talentueux sur lesquels
rebondir (Chris Cooper et Naomi Watts) qui bénéficient tous d’un rôle qui leur
laisse beaucoup de place.
Par contre, le rayon qui se démarque du lot ici est le
jeune Judah Lewis dans le rôle de Chris, un jeune à l’identité de genre
fluide qui, comme tout le monde dans le film, est au milieu d’une quête
identitaire trouble. Sa présence dans le récit mène à un moment de crise
quelque peu exagéré (et prévisible), mais puisque le film est assez ludique et
intelligent, il ne succombe pas sous le mélodrame de cette scène. Au final, c’est
sa relation avec Davis qui constitue le véritable cœur du film.
Demolition est une autre réussite d’un cinéaste qui continue d’amener
une petite fierté cinématographique à notre petit coin de pays sur la scène
internationale! Il est seulement dommage qu’ils doivent tous migrer pour pouvoir
autant prospérer, mais ne nous apitoyons pas sur la chose et célébrons plutôt
ce qu’ils arrivent à faire!
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