Directeur : Jemaine Clement et Taika Waititi
Réalisé en 2014. Avec : Taika Waititi (Viago), Jemaine Clement (Vladislav the Poker), Jonathan Brugh (Deacon), Stuart Rutherford (Stu, la vrai star du film) et Cori Gonzalez-Macuer (Nick, hes such a dick).
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=Cv568AzZ-i8
Les comédies sont
semi-pertinentes à critiquer puisque l’humour est si subjectif qu’elles vont
inévitablement plaire beaucoup plus à certains qu’à d’autres. Il est par contre
possible d’observer d’un angle plus général qui détermine ce qui permet d’aider
l’ensemble de l’œuvre à mieux ou moins bien fonctionner. What We Do in the Shadows, un faux-documentaire sur un trio de
vampires vivants en Nouvelle-Zélande contemporaine, mine sa prémisse de toute
blague possible sans aller trop profondément dans son histoire. Le produit fini
est très agréable et drôle, mais ne réussit pas à marquer à un niveau plus
profond.
Les trois colocataires
sont des archétypes comiques, mais ils sont suffisamment développés pour qu’ils
soient plus qu’une simple étiquette ou une caractéristique. Leur quotidien
moderne n’échappe pas aux tensions que nous connaissons tous, que ce soit le
manque de respect lorsqu’ils mangent quelqu’un sur le canapé de l’autre sans
mettre de serviettes ou la vaisselle qui n’a pas été faite depuis 5 ans. L’humour
venant de « choses quotidiennes sous une perspective de vampires sortis de
sketchs » ne se fatigue étonnamment jamais et chaque aspect de leurs vies
est touché. N’ayant jamais peur d’aller vers de nouvelles dimensions de leurs
habitudes, c’est cette propulsion qui garde le film frais et amusant jusqu’à la
fin. Par contre, c’est le manque de cœur thématique ou de vrai propos qui
empêche réellement ce film de
transcender le statut d’une série de sketchs qui ont d’abord été diffusés sur
internet avant d’être mis ensemble sous forme de long-métrage. Il faut par
contre garder en tête que ce sont des sketchs hilarants.
Faute d’un thème (et pour
être juste, le film n’essaie pas du tout quoi que ce soit dans le département),
le film offre un groupe de personnages qui sont agréables et attachants,
donnant un sentiment de « traîner avec des amis » à l’expérience. Ainsi,
lorsqu’ils découvrent les magies des technologies modernes ou s’éprennent de
Stu, nous sommes là avec eux en train de vivre leur enthousiasme ou inquiétudes
(un moment particulièrement drôle qui vend bien leur camaraderie : n’ayant
pas de reflets, ils ne peuvent voir ce dont ils ont l’air lorsqu’ils se
préparent à sortir et doivent ainsi dépendre de leurs amis qui dessinent des
sketchs grossiers de ce dont ils ont l’air).
Les acteurs sont tous
excellents et jouent avec de forts accents qui rendent tout encore plus drôle
sans empiéter sur la compréhension de leurs lignes, ce qui n’a pas dû être une
mince affaire à maitriser. Les quelques effets spéciaux (principalement les envols)
étaient intégrés d’une façon fluide et naturelle qui ne décrochait jamais du
documentaire. Le film est assez effronté et imbu de lui-même (tout en faisant
un clin d’œil au public) qu’il va même jusqu’à reproduire le combat dans le
corridor pivotant de Inception, avec
un résultat quand même surprenant, considérant le calibre et le budget du film.
En conclusion, What We Do in the Shadows est un film
parfait à écouter en groupe d’amis avec des bières puisqu’il distrait et amuse
et l’effet de groupe ne fait qu’amplifier exponentiellement ces
caractéristiques. Avec des personnages auxquels on arrive à s’attacher (avec
surprise), il explore tous les aspects de la vie de cette culture méconnue de
la Nouvelle-Zélande nocturne et offre une solide heure et demi de gags
constants.
MUK
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